Les mots sont-ils sans pouvoir contre la force ?
Extrait du document
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La force étymologiquement, caractérise une chose de "solide", "énergique" ,"vigoureux".
Dans le sens ordinaire, le
terme désigne une puissance d'action, une énergie et aussi une capacité de contraindre.
Si le mot à sa base est
neutre et n'implique pas forcément la violence, dans le langage quotidien, le plus fort est celui qui peut briser l'autre.
C'est pour cela qu'on parle de la loi du plus fort.
Que sont les mots face à cette force? Les mots sont des signes
arbitraires qui renvoient à une chose.
Ainsi, le mot "table" ne représente pas la table mais la signifie sans lien direct
de ressemblance quelconque avec l'objet et sans réalité dans le monde concret, matériel.
Il s'agit ici de savoir ce
que les mots peuvent faire, de quelle action ils sont capables.
Le terme pouvoir désigne une domination sur un
homme ou sur une chose telle qu'on peut obtenir d'eux des actes ou des comportements.
Les mots, simple signes
destinés à la communication, ne semblent pas dans un premier temps être capables d'exercer une résistance à la
force.
Nous pouvons parler sans cesse, nous n'empêcherons pas un homme de nous tuer.
Mais les mots ne sont-ils
pas aussi des signes d'action? Ne puis-je pas montrer d'une force à travers le langage? Il existe en effet des forces
autres que physiques.
Le développement des mots ne peuvent-ils pas améliorer la compréhension et donc la
solidarité entre les hommes?
Les mots ne sont que des signes abstraits, déconnectés du monde réel
Les mots, comme nous l'avons déjà indiqué, sont des signes conventionnels qui représentent certes la chose qu'ils
sont censés désignés, mais ne sont pas cette chose.
Quand je les emploie, je me situe à un autre plan que le
concret du réel; je suis dans l'abstraction.
En effet, comme l'indique Merleau-Ponty, parler, c'est toujours se refuser à
agir.
Quand j'utilise des mots, je me mets en retrait par rapport à l'action, à la
vie : "parler de l'action, même avec rigueur et profondeur, c'est déclarer qu'on
ne veut pas agir"
La force se situe elle sur le plan physique, elle peut être naturelle ou
artificielle.
Les mots ne peuvent absolument rien contre la nature.
Si on parle
de la force d'un cyclone par exemple, l'homme pourra utiliser autant de mots
qu'il veut, il ne pourra absolument jamais empêcher ce dernier de dévaster
une ville ou de tuer.
De même, si un homme, dans un état de folie, veut nous
tuer, les mots ne constituent aucune arme réelle pour se défendre.
Les mots
ne peuvent rien contre un revolver.
Ainsi, si les mots avaient réellement un
pouvoir, il n'y aurait pas besoin de fabriquer des machines de guerre
perfectionnées.
Malheureusement, l'exemple des nombreuses guerres
montrent que la parole est très souvent impuissante devant la force.
Les mots peuvent persuader, terrifier et se substituer à l'action
Cela suppose que l'on ait affaire à des êtres dotés d'une raison, tels que les
hommes.
Les mots constituent un moyen de communication entre les êtres
humains, il est d'ailleurs l'un des premiers modes de transmission.
C'est que les
mots permettent de faire comprendre notre état d'esprit, nos humeurs, nos
idées, nos intentions.
Le discours n'est-il pas lui aussi une force, notamment une force de conviction? Gorgias, dans un livre intitulé Éloge
d'Hélène, met ainsi en évidence le pouvoir du discours qui selon lui est capable de convaincre de manière très forte
tout individu, de la même manière qu'une incantation.
"Discours est un grand tyran [...] Il a la force de mettre un
terme à la peur, d'apaiser la douleur, de produire de la liesse, et d'inciter à la pitié." Il suffit d'ailleurs de penser aux
discours électoraux.
Ils ont le pouvoir par l'usage de simples mots, associés à un ton de parole de pousser les gens
aux urnes mais aussi de déclencher une véritable liesse dans l'assemblée.
De plus, il faut bien comprendre que certaines phrases ont des valeurs d'action.
Comme le montre Austin, dans
Quand dire, c'est faire, il y a des phrases qui ne sont pas descriptives, qui n'énoncent pas de vérité mais se
substituent aux actes.
"Quand je dis, à la mairie ou à l'autel, etc., "oui [je le veux]", je ne fais pas un reportage
d'un mariage : je me marie."
Austin : dire, c'est faire
Les paroles sont triplement actes
• Le linguiste et philosophe anglais J.
L.
Austin a souligné que toute parole, tout discours est triplement acte:
– Acte locutoire.
Une parole, un discours est d'abord l'exercice de la faculté du langage.
Un discours est un énoncé
ou un ensemble d'énoncés réellement produit par un locuteur (individuel ou collectif).
Il est dan par lui-même un
acte : acte de locution.
– Acte illocutoire.
Lorsque je parle (que j'accomplis un acte de locution), j'utilise le discours.
Mais je puis l'utiliser de
différentes manières, car le discours a de nombreuses fonctions.
Je puis, par exemple, informer, suggérer,
promettre, interdire, etc.
Donc en disant quelque chose, j'effectue un acte différent de l'acte locutoire qui est de
dire quelque chose.
Austin appelle « illocutoire » cet acte effectué en disant quelque chose..
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