Les mots peuvent-ils agir?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.
2) Tout système de signes, tout système signifiant,
toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).
Le langage désigne aussi la totalité des langues
humaines.
Le langage est-il un élément de cohésion ou de dissension ? Y a-t-il un autre moyen qui permette aux hommes de
communiquer ? Quels types de rapports le langage instaure entre moi et autrui ?
[On ne peut pas tout à la fois parler et agir.
Les mots, immatériels, n'ont aucune prise significative sur le
réel.
Les actes, quant à eux, engagent irrémédiablement celui qui les accomplit.]
Celui qui parle n'agit pas
Ce n'est pas en dévoilant les mécanismes de la séduction que je séduis.
Ce n'est pas en disant que je veux
devenir pianiste que j'y parviens.
C'est bien plutôt en agissant, c'est-à-dire en travaillant inlassablement mon
instrument.
De la même manière, Maurice Merleau-Ponty montre, dans Éloge de la philosophie, que le penseur
de l'action, celui qui en parle, n'est pas lui-même un homme d'action.
Les mots n'ont aucun poids sur les choses
Les paroles sont faciles, les actes plus difficiles.
Il est facile, en parole, de reprocher à autrui son égoïsme, il
est bien plus difficile de ne pas l'être soi-même.
Pour Marx, la philosophie n'est d'aucune utilité si elle n'aboutit
pas à l'action.
Ce qui importe n'est pas d'interpréter le monde, mais de le transformer.
En 1845, Marx écrit les « Thèses sur Feuerbach ».
La onzième précise
que « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, ce
qui importe, c'est de le transformer ».
Contrairement à ce que prétend
une interprétation courante, il ne s'agit pas pour Marx de répudier la
philosophie et le travail de réflexion, mais de le redéfinir, et de lui
donner une nouvelle place, une nouvelle tâche.
Marx ne récuse pas la
pensée, mais sa transformation en idéologie, son éloignement de la
pratique.
La onzième thèse clôt la série de note rédigées par Marx en 1845 qui
constitueront le point de départ de la rédaction, avec la collaboration
d'Engels, de l' « Idéologie allemande » (1846).
Ces thèses, qui ne sont
pas initialement destinées à la publication, paraîtront après la mort de
Marx à l'initiative de Engels, qui les présente comme un document d'une
valeur inappréciable puisque s'y trouve « déposé le germe génial de la
nouvelle conception du mode ».
Etape décisive dans la maturation de la pensée de Marx, cet ensemble
d'aphorismes, en dépit de son apparente limpidité, ne peut être compris
indépendamment de ce qui précède et de ce qui suit le moment de sa
rédaction.
Nul texte, en ce sens, ne se prête davantage au
commentaire, alors même, paradoxalement, que cette onzième thèse
semble dénier toute légitimité à l'activité d'interpréter.
Formé à l'école de la philosophie allemande, lecteur de Hegel avant de
devenir émule de Feuerbach (qui est un « matérialiste » au sens des Lumières), Marx construit sa propre
compréhension du monde en « réglant ses comptes avec sa conception philosophique antérieure ».
Le terme de « philosophie » désigne ici la représentation théorique dominante à son époque, qui fait de la
transformation des idées la condition nécessaire et suffisante de la transformation du monde.
(Ce qui
constitue une vision « idéaliste » de l'histoire et des rapports de la théorie à la pratique.)
Brocardant ceux qui possèdent « la croyance en la domination des idées », Marx leur oppose l'affirmation que
« les représentations, la pensée, le commerce intellectuel des hommes apparaissent [...] comme l'émanation
directe de leur comportement matériel ».
Là gît le fond du désaccord avec Feuerbach : si celui-ci affirme bien la nécessité de faire commencer la
philosophie avec et dans la « non-philosophie », dans la vie réelle, il réduit celle-ci à l'existence individuelle
d'un homme pensé de manière abstraite, coupé des rapports sociaux (et par suite restreint à sa dimension
sensible).
L'opération critique effectuée ici par Marx consiste à redéfinir la réalité humaine.
Il s'agit de rejeter la thèse de.
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