Les mathématiques sont-elles un instrument, un langage ou un modèle pour les autres sciences ?
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RAPPEL DE COURS: LE MODELE MATHEMATIQUE
À partir du xviie siècle s'impose pour toutes les branches de la
connaissance un idéal de rationalité dont le modèle est
mathématique.
Les mathématiques proposent en effet, à l'exemple de
la géométrie d'Euclide, un ordre des raisons qui passe pour applicable
quels que soient les objets de connaissance et qui est tel qu'il peut
conduire l'esprit, par déduction de proche en proche, à toutes les
vérités.
Telle est l'idée de Descartes d'une « mathématique
universelle ».
La démonstration n'est plus alors considérée
simplement comme une formalisation du raisonnement rigoureux mais
comme un moyen de découvrir des vérités nouvelles.
Mais pour être
sûr de l'efficacité de ce moyen, il ne suffit pas qu'une proposition soit
correctement démontrée à partir de propositions antérieures.
Encore
faut-il que celles-ci l'aient été d'autres plus fondamentales encore,
jusqu'à ce
qu'on remonte à des propositions premières
indémontrables.
Mais comment saura-t-on que celles-ci sont vraies ?
La réponse de Descartes est qu'elles sont connues de façon
immédiate par l'esprit.
À la base de toute démonstration, il faut, dit
Descartes, qu'existent des idées dont la vérité se voit d'elle-même et
qui n'ont pas besoin pour cette raison d'être démontrées : c'est-àdire des évidences (ce que Descartes appelle encore « intuitions »).
Mais l'évolution même des mathématiques, notamment le
développement, au xixe siècle, des géométries non euclidiennes,
aboutit à la remise en cause de la notion d'évidence.
En effet, dans
la géométrie d'Euclide, il est postulé que « par un point extérieur à
une droite on ne peut faire passer qu'une parallèle à cette droite ».
Les géométries non euclidiennes partent d'un postulat inverse : par
un point extérieur à une droite on peut faire passer une infinité de
parallèles (géométrie de Lobatchevski) ou aucune (géométrie de
Riemann).
La possibilité d'enchaîner de façon rigoureuse la
démonstration de théorèmes à partir de tels postulats montre que la
valeur d'un système déductif tient à sa seule forme, indépendamment
de l'évidence intuitive du contenu de ses propositions.
En d'autres termes, s'il est possible de construire des géométries
formellement rigoureuses sur des bases non euclidiennes, c'est que
les points de départ de ces systèmes déductifs ne sont donc pas des
vérités évidentes par elles-mêmes (en langage d'Euclide des
axiomes), mais de simples postulats, sur la vérité desquels on ne se
prononce pas et auxquels on demande seulement de permettre le
développement de conséquences non contradictoires.
Le projet
propre aux mathématiques contemporaines de construire des
axiomatiques, c'est-à-dire des systèmes déductifs entièrement
formalisés à propos desquels on ne pose pas le problème de la vérité
ni même du sens des propositions qui le constituent, confirme cette
orientation.
Le philosophe et logicien Robert Blanche suggère
d'ailleurs de remplacer le terme « axiomatique » par celui de «
postulatique ».
Définition des termes du sujet :
Définir les mathématiques, ce qu'implique ici l'emploi du verbe « être » est une tâche complexe : sont-elles
simplement une science des nombres, ou plus que cela ? En fait c'est justement cette tâche de définition des
mathématiques qui est en jeu ici, d'une manière orientée, puisque le sujet donne trois alternatives possibles : les
mathématiques, présuppose le sujet, sont ou bien un instrument, ou bien un langage, ou bien un modèle pour les
autres sciences.
Un instrument, c'est un outil, créé par l'homme, pour accomplir telle ou telle opération ; un instrument a une visée
directement utilitaire, il est supposé servir à quelque chose, transformer avec efficacité ce sur quoi il est appliqué.
Un langage, c'est un ensemble de codes partagés pas un certain groupe dans le but de pouvoir établir une
communication, exprimer les mêmes choses et renvoyer aux mêmes réalités par des mêmes signes.
Un modèle, c'est un objet (concret ou abstrait – un ensemble de lois peut être un modèle) que l'on copie, auquel on
se réfère comme à une norme, que l'on peut transposer à d'autre réalités que lui-même.
Ces trois définitions rapides des alternatives proposées pour la définition des mathématiques doivent servir de base
à l'examen.
On remarque que ces trois propositions définissent les mathématiques par leur fonction, et pas par leur être.
Quelle
est la pertinence de cette présupposition générale ? Les mathématiques ont une utilité indéniable : elles permettent
tout simplement de calculer tout ce qui doit l'être, que ce soit en physique ou dans la vie quotidienne.
Elles sont un.
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