Les mathématiques, modèle d'intelligibilité ?
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«
En mathématiques, la certitude est requise
Tous ceux, écrit Descartes (1596-1650), qui sont versés dans la géométrie
savent «qu'il ne s'y avance rien qui n'ait une démonstration certaine»
(Méditations métaphysiques, 1641) : aussi, les mathématiques, déclare-t-il,
l'ont-elles, d'emblée, attiré, «à cause de la certitude et de l'évidence de leurs
raisons» (Discours de la méthode, I - 1637).
La mathématique rassemble toutes les sciences où l'on étudie l'ordre et la
mesure, indifféremment de leurs objets.
La science universelle qui rassemble
toutes les autres sciences, qui n'en sont que les parties subordonnées, se
nomme mathématique universelle.
Ce doit être la science la plus utile et la
plus facile de toutes, n'ayant aucun rapport à un objet particulier.
Les difficultés qu'elle renferme se trouvent déjà dans les autres sciences,
puisqu'elle leur est commune.
Si cette mathesis universalis a été négligée par
tous, c'est en raison de son extrême facilité.
L'ordre de la recherche de la
vérité requiert pourtant de commencer par les choses les plus simples et les
plus faciles à connaître, et de ne passer à un ordre plus élevé que lorsque
toutes les difficultés auront été résolues.
Ainsi, on est sûr de ne jamais se
tromper.
Parmi les sciences connues, seules l'arithmétique et la géométrie
sont absolument certaines.
Quelle en est la raison ? Nous ne pouvons
connaître que de deux manières : soit par l'expérience, soit par la déduction.
Si l'expérience est souvent trompeuse, la déduction, qui consiste à inférer
une chose à partir d'une autre, peut être manquée si on ne la voit pas, mais
ne peut jamais être mal faite.
"Toutes les erreurs où peuvent tomber les hommes ne proviennent jamais d'une
mauvaise inférence, mais seulement de ce qu'on admet certaines expériences mal comprises, ou que l'on porte des
jugements à la légère et sans fondement."
Arithmétique et géométrie sont les seules sciences qui traitent d'un objet simple et pur et qui n'admettent rien
d'incertain : leur travail ne consiste qu'à tirer des conséquences par voie de déduction rationnelle.
Leurs erreurs ne
peuvent procéder que de l'étourderie.
Elles doivent par conséquent constituer l'idéal des sciences pour leur rigueur,
leur clarté et leur certitude.
Il n'en va pas de même en philosophie, où chacun s'estime compétent : et, comme le notait déjà Cicéron, «il n'est
rien de si étrange ni de si peu croyable qui n'ait été soutenu par quelque philosophe» (De la divination, II, 58).
Chapelles philosophiques et consensus des mathématiciens
La pluralité des doctrines philosophiques suffit amplement à prouver l'insuffisance de chacune d'entre elles : «en
tout temps, écrit Kant, une métaphysique a contredit l'autre pour ce qui est, soit des affirmations, soit de leurs
preuves et a ainsi détruit elle-même sa prétention à une durable approbation» (Prolégomènes à toute métaphysique
future qui voudra se présenter comme science, 1783).
« La métaphysique, cette science tout à fait à part qui consiste dans
des connaissances rationnelles spéculatives et qui s'élève au dessus
des instructions de l'expérience en ne s'appuyant que sur de simples
concepts (et non pas comme les mathématiques en appliquant ces
concepts à l'intuition) et où par conséquent la raison n'a d'autre
maîtresse qu'elle même, cette science n'a pas encore été assez
favorisée du sort pour entrer dans le sûr chemin de la science.
Et
pourtant elle est plus vieille que toutes les autres et elle subsisterait
toujours alors même que celles ci disparaîtraient toutes ensemble dans
le gouffre de la barbarie.
La raison s'y trouve continuellement dans
l'embarras...
Quant à mettre ses adeptes d'accord dans leurs
assertions, elle en est tellement éloignée qu'elle semble n'être qu'une
arène exclusivement destinée à exercer les forces des jouteurs et où
aucun champion n'a jamais pu se rendre maître de la plus petite
place...
» KANT.
(Introduction)
Les premières pages de la préface à la deuxième édition (1787) de la Critique
de /a raison pure rappellent les conquêtes solides de la raison humaine au
cours de l'histoire ; d'abord la logique inchangée depuis Aristote qui doit sa
rigueur et sa certitude à
ceci que « l'entendement ne s'y occupe que de lui-même et de sa forme ».
Puis les mathématiques qui travaillent.
»
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