Les mathématiques et le réel ?
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«
Les mathématiques, habit de rigueur de la pensée scientifique
L'utilisation des mathématiques dans les sciences expérimentales est désormais chose courante, et ce, non
seulement dans les sciences physiques ou biologiques, mais encore dans les sciences humaines (où l'abus des
chiffres peut même donner parfois à une simple opinion l'apparence d'un discours scientifique).
«C'est dans la jeunesse des sciences, écrit le mathématicien André Lichnerowicz, que nous voyons l'accumulation
des faits expérimentaux» ; si nous observons, au contraire, les «stades plus évolués» (de la physique, notamment),
on s'aperçoit que les mathématiques constituent la «chair» et le «sang» de toute théorie scientifique (Remarques
sur les mathématiques et la réalité, 1967).
La mathématisation d'une science, gage de son accession à l'age adulte
«L'accession d'une discipline à la maturité scientifique, écrit le sociologue R.
Boudon, est presque toujours [...]
corrélative d'une mathématisation au moins partielle.
[...] Car une discipline commence généralement à être
considérée comme scientifique quand elle est en mesure de parler un langage dépourvu d'ambiguïté» (Les
Mathématiques en sociologie, 1971) •
«SOCRATE : Tu sais, j'imagine, que ceux qui s'appliquent à la géométrie, à l'arithmétique ou aux sciences de ce
genre, supposent le pair et l'impair, les figures, trois sortes d'angles et d'autres choses de la même famille, pour
chaque recherche différente ; qu'ayant supposé ces choses comme s'ils les connaissaient, ils ne daignent en donner
raison ni à eux-mêmes ni aux autres, estimant qu'elles sont claires pour tous ; qu'enfin, partant de là, ils déduisent
ce qui s'ensuit et finissent par atteindre, de manière conséquente, l'objet que visait leur enquête.
[...] Tu sais donc qu'ils se servent de figures visibles et raisonnent sur elles en pensant, non pas à ces figures
mêmes, mais aux originaux qu'elles reproduisent ; leurs raisonnements portent sur le carré en soi et la diagonale en
soi, non sur la diagonale qu'ils tracent, et ainsi du reste ; des choses qu'ils modèlent ou dessinent, et qui ont leurs
ombres et leurs reflets dans les eaux, ils se servent comme d'autant d'images pour chercher à voir ces choses en soi
qu'on ne voit autrement que par la pensée.» PLATON.
La République, livre VI.
«S'il faut parler d'un "miracle grec" dans l'évolution de la pensée humaine, sans doute faut-il le voir dans l'éclosion
surprenante d'un mode de pensée pratiquement inexistant jusqu'aux Grecs, et porté par eux d'un seul coup à une
perfection inégalée pendant vingt siècles : le raisonnement déductif, c'est-à-dire un enchaînement de propositions
dis-posées de telle sorte que le lecteur (ou auditeur) se voit contraint de considérer comme vraie chacune d'elles,
dès lors qu'il a admis la vérité de celles qui la précèdent dans le raisonnement.
C'est cette découverte qui donne l'essor aux mathématiques en tant que science pure, puisqu'elles ne sont autres à
l'origine qu'une branche de la dialectique, caractérisée seule-ment par la nature particulière des êtres sur lesquels
porte le raisonnement : figures géométriques et nombres.» Jean DIEUDONNÉ (1909-1982).
«Les méthodes axiomatiques modernes et les fondements des mathématiques»,.
»
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