Les maîtres de soi deviennent-ils facilement maîtres des autres ?
Extrait du document
«
INTRODUCTION — II est des hommes à qui rien, semble-t-il, ne manque pour réussir : santé et prestige physique,
science et intelligence...
Et cependant ils n'ont pas d'autorité.
Comment expliquer leur insuccès ? Ne serait-ce pas
qu'ils manquent d'autorité sur eux-mêmes ? On a dit, en effet : « Les maîtres de soi deviennent facilement les
maîtres des autres.
» Que faut-il penser de cette explication du don de commandement et de l'autorité ?
I.
— RESTRICTIONS ET MISE AD POINT.
A.
Il suffit d'un peu de réflexion pour constater que la maîtrise des autres n'est pas constamment liée à la maîtrise
de soi.
a) Certains, en effet, sont maîtres des autres qui ne sont pas maîtres de soi : un Néron, un patron ou un officier
portés à la colère ou à la boisson.
b) D'autres, maîtres de soi, ne sont pas maîtres des autres.
N'est-ce pas le cas de bien des parents qui, étant euxmêmes sans emportements et sans passions, ne parviennent pas à imposer leur volonté à leurs
enfants ?
c) Bien plus, il est des cas dans lesquels c'est la trop complète maîtrise de soi qui empêche de dominer les autres :
dans certains moments difficiles, eu effet, on ne peut guère s'imposer que par le déploiement d'une énergie qui ne se
déclenche que sous le coup d'une émotion vive : la colère, en particulier, qui enlève à l'homme la maîtrise de soi,
semble bien nécessaire parfois pour reprendre la maîtrise des autres.
B.
Mais ces faits ne semblent pas contredire l'affirmation de Payot : ils ne nous montrent pas, en effet, des gens
devenus vraiment maîtres des autres sans maîtrise d'eux-mêmes.
a) La plupart de ceux qui exercent le commandement ne sont pas devenus les maîtres des autres : ils sont nés
maîtres (tels les souverains, certains patrons); ou bien ils ont été établis par décret d'un autre (les officiers); 2° on
peut même dire qu'ils ne sont même pas, à strictement parler, maîtres des autres : ils se contentent de faire
exécuter un règlement et des ordres qui viennent de plus haut.
b) Ensuite, certains qui paraissent maîtres de sol ne peuvent pas maîtriser les autres : 1° ou bien parce qu'il leur
manque quelque autre qualité, par exemple d'intelligence ou de savoir-faire (Payot ne dit pas que les maîtres de soi
deviennent nécessairement les maîtres des autres); 2° ou bien parce qu'ils n'ont pas une vraie maîtrise de soi,
n'ayant pas ou n'ayant plus d'impulsions violentes à dominer (« un maître sans passion serait un roi sans sujets.
»
[VAUVENARGUES.])
e) Enfin, il n'y a de vraie maîtrise que celle qui est : 1° permanente; 2° générale et non restreinte à quelques
articles d'un règlement ou à quelques actes; 3° acceptée, et non subie par la force.
Ainsi que le dit Payot, cette vraie maîtrise des autres ne s'acquiert facilement que par ceux qui ont d'abord acquis
une véritable maîtrise d'eux-mêmes..
»
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