Les machines travaillent-elles ?
Extrait du document
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Termes du sujet:
TRAVAIL: Du latin populaire tripalium, «machine à trois pieux » destinée à immobiliser les chevaux pour les ferrer,
d'où « instrument de torture ».
Toute activité visant à la production d'une oeuvre utile.
Spécialement, ensemble des activités accomplies par
l'homme pour produire des biens et des services en contrepartie desquels il est rémunéré.
• Le travail est souvent associe a la peine et a la souffrance.
Dans la Bible d'ailleurs, Dieu punit le premier péché en
chassant Adam du jardin d'Eden et en l'obligeant à cultiver désormais une terre stérile : « Tu gagneras ton pain à la
sueur de ton front ».
• Pour Marx, le travail humain contribue à transformer l'homme tout autant que la nature.
En
effet, contrairement à l'animal, qui agit par pur instinct, l'homme détermine dans sa conscience le but qu'il veut
atteindre avant de le réaliser.
« Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte,
écrit Marx, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.
» • Le travail salarié
constitue, selon Nietzsche, « la meilleure des polices » : « il tient chacun en bride et s'entend à entraver
puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance ».
Machine
Du grec, mèchané, « ruse ».
Traditionnellement, la machine est considérée comme une ruse contre la nature.
Elle
sert de modèle à la science et notamment à la physique.
La nature entière peut ainsi être considérée comme une
machine dont il s'agit de percer les rouages.
Les machines sont-elles actives dans le travail ? Si elles ont bien une place dans la chaîne de production, dans la
chaîne de travail, peut-on dire pour autant qu'elles travaillent ? Qu'est-ce qui caractérise l'acte de travailler :
l'effort, le salaire.
Le travailleur fournit quelque chose.
Ce serait par contre le point de ressemblance avec la
machine.
Mais il faut aussi questionner ce terme de "machine" : la machine ne doit pas être confondue avec l'outil.
Un outil a une fonction précise pour un travail donné.
Une machine aussi, mais d'une certaine manière, elle exécute
seule une fonction totale.
Il est clair que l'outil ne travaille pas, quelle que soit sa sophistication.
La machine
suppose une certaine autonomie, elle fournit par elle-même un résultat.
Si la machine ne "travaille" pas, comment
peut-elle être substituée à des hommes qui, eux, travaillent ? Pourquoi peut-on remplacer du "travail" par du "nontravail" (machine) ? Ne serait-ce pas que d'une certaine manière les machines travaillent ? Par rapport à la notion de
plus-value : Marx a montré que l'écart entre la force de travail que l'on vend, pour laquelle on est payé, et le travail
effectif que l'on fournit, qui est un temps de travail donné — cet écart, nommé plus-value, est la création d'une
valeur nouvelle.
Les machines, n'ayant pas de force de travail, produisent-elles une plus-value ? En ce sens, ne
participent-elles pas à une redéfinition du travail ? Référence utile : Marx, Salaire, prix et profit.
Introduction
Cette question concerne moins les machines que le travail.
En effet, se demander si les machines travaillent, c'est
se demander si le sens de la notion de travail est tel qu'on puisse y englober les machines, ou si au contraire la
notion est dépositaire d'une spécificité humaine irréductible.
Si ce que font les machines mérite le nom de « travail
», c'est qu'on réduira le travail à son sens physique ; sinon, c'est qu'on orientera la notion de travail vers l'autoproduction humaine.
Alors, le travail est-il naturel ou culturel ?
I - Le travail physique des machines.
a) Le domaine physique propose sa définition de la notion de travail.
Élaborée au tournant du XIXe siècle par Navier,
Coulomb et Coriolis, cette définition en fait le « produit d'une force par le déplacement opéré dans la direction de
cette force ».
Cette expression formelle, physico-mathématique, a aussi en vue quelque chose de pratique et
d'économique : il s'agit de rendre raison - mathématiquement - du rendement des machines.
Cette optique consiste
donc implicitement à considérer que les machines travaillent, thèse qui est subordonnée à l'adoption, pour la notion
de travail, d'un sens propre physique et énergétique.
Une machine travaille, dans la mesure où elle « communique »
une certaine quantité de mouvement, et dans la mesure aussi où on définit le travail comme une quantité de
mouvement.
b) Le problème qui se posait à ces physiciens, c'est de savoir si le travail physique pouvait être érigé en modèle du
travail économique.
Si le sens propre du travail est physique, doit-on penser le travail de l'homme à partir de ce
modèle érigé en norme, en paradigme ? L'homme n'est-il qu'un moteur parmi d'autres ? Y a-t-il une commune mesure
entre la dépense énergétique humaine et celle de la machine ? C'est le pas que n'osent pas franchir les ingénieurs,
et l'expression de Navier, qui définit le travail comme une « monnaie mécanique », est dépositaire de cette
ambiguïté.
Mais même Coulomb, lancé dans un Mémoire sur la force des hommes, ne franchit pas le pas : le sens
économique doit rester premier.
c) Il n'y a donc pas de commune mesure énergétique, et il faut renoncer à faire du domaine mécanique le modèle du
travail.
On ne pourrait en effet utiliser le concept mécanique du travail comme modèle d'une « machine humaine »
que dans un cadre thermodynamique, ce qui ne saurait fonder une compréhension de la réalité socio-économique.
Parmi d'autres, Engels conclut donc nettement à l'impossibilité d'exprimer les rapports socioéconomiques en termes
physiques.
II - Les hommes et les machines..
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