Les lois de la pensée sont-elles invariables ?
Extrait du document
«
[La raison est universelle donc de fait présente en chacun de nous.
Les règles formelles de la pensée
sont toujours les mêmes.
La raison que chacun consulte en entrant en lui-même est une raison
universelle.
Malgré la grande diversité des cultures, il existe derrière chaque système de pensée une
structure invariable.]
Il existe une raison universelle
«Je vois, écrit Nicolas Malebranche, que 2 fois 2 font 4, et qu'il faut préférer son ami à son chien, et je suis
certain qu'il n'y a point d'homme au monde qui ne le puisse voir aussi bien que moi» (De la Recherche de la
vérité).
Voilà qui montre clairement que la vraie raison, non celle que suit l'homme passionné, est la même pour
tous et que le temps n'a pas d'emprise sur elle.
La raison est universelle et immuable pour la rationalisme
classique.
Descartes ne dit pas autre chose lorsqu'il affirme que "Le bon sens est la chose du monde la mieux
partagée."
La structure des mythes est identique
Mircea Eliade, mais également Cari Gustav Jung, ont montré qu'au-delà de l'apparente diversité, des mythes,
l'on retrouve des structures similaires.
Ainsi, tous les mythes racontent que c'est parce que les ancêtres de
l'homme ont commis une faute originelle que l'homme est devenu ce qu'il est.
De la boite de Pandore au pêché
originel des chrétiens, c'est au fond toujours la même histoire et la même idée qui sont reprises.
Une humanité
déchue, défaite, pêcheresse.
Les hommes pensent tous de la même manière
Les hommes ne parlent pas tous la même langue.
C'est un fait.
Pourtant, la linguistique a mis en évidence
certaines règles de pensée, quant à elles invariables.
C'est précisément parce que de telles règles existent qu'il
est possible de traduire du français en chinois, bien que le chinois ne possède qu'un temps: le présent.
C'est Saussure qui le premier définit rigoureusement le concept de langue dans ses « Cours de linguistique
générale ».
Après avoir indiqué que la langue est à la fois le résultat de l'aptitude au langage et « un ensemble
de conventions nécessaires, adaptées par le corps social pour permettre l'exercice de cette faculté chez les
individus », Saussure le définit comme un système de signes.
Et il définit, à son tour, le signe comme « le total
résultant de l'association d'un signifiant et d'un signifié », c'est-à-dire d'une « image acoustique » et d'un «
concept ».
Par exemple : le mot « soeur » est un signe appartenant à la langue dite le « français ».
Lorsque ce
signe est prononcé devant un sujet parlant le français, ce dernier perçoit la succession de sons « s-ô-R »,
c'est-à-dire un ensemble sonore, et à cette perception s'associe immédiatement un concept l'idée de soeur.
L'ensemble sonore ou « image acoustique » constitue le signifiant, le concept lié nécessairement à un signifiant
constitue le signifié.
Le signe unit donc non pas une chose et un nom mais un concept et une image
acoustique.
Il va de soi que le lien unissant le signifiant au signifié est « arbitraire « .
A preuve, nous dit
Saussure, « les différences entre les langues et l'existence même de langues différentes : le signifié « boeuf »
a pour signifiant « b-ô-f » d'un côté de la frontière et « o-k-s » (ochs) de l'autre ».
Mais si la langue est un système de signes exprimant des idées, « elle est, par là, comparable à l'écriture, à
l'alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux signaux militaires, etc.
»,
donc à n'importe quel autre système de signes ou de signaux.
Il revient à Martinet d'avoir introduit un critère supplémentaire permettant de distinguer la langue des autres
systèmes de signes ou signaux.
Ce critères est celui de la double articulation : la langue est un système de
signes doublement articulés en unités significatives (les « monèmes ») et en unités distinctives (les «
phonèmes »).
Ainsi, la phrase : « Pierre boit de la bière » comprend cinq monèmes que la graphie se trouve ici
parfaitement isoler par des espaces.
« Pierre » & « Bière » se différencient par les phonèmes « p » (son sourd
et « b » (son sonore).
Cette double articulation permet une économie et une faculté d'adaptation à chaque
situation.
Chaque langue dispose d'un système propre de monèmes et de phonèmes.
Par exemple, dans la langue
française, nous avons sept mots ou monèmes pour désigner les sept couleur du spectre solaire.
Le gallois n'a
qu'un seul monèmes ou mot pour toute la portion du spectre comprenant le bleu, le vert et le jaune.
Le gallois
n'a donc qu'un seul monème là où le français en a trois.
Ces diversités linguistiques sont conventionnelles et il
n'y a pas, pour chaque langue, autant de monèmes que d' « objets » distincts.
Signifiant et signifié chez SAUSSURE
Dire que la signification ne se joue nulle part ailleurs que dans le langage, qu'elle est inhérente au jeu
d'opposition des termes entre eux, c'est renoncer à expliquer le langage comme s'il était une
nomenclature, c'est-à-dire une simple correspondance entre un mot et une chose.
Le tort d'une telle
conception tient précisément au fait qu'elle ne nous dit rien sur la nature d'une telle correspondance ; en
outre, elle présuppose que l'idée puisse être donnée sans le mot, puisque le rapport du mot à la chose est
préalable au mot lui-même.
C'est pour sortir de ces difficultés que Saussure propose de substituer aux.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Henri BERGSON (1859-1941) La Pensée et le Mouvant, chap. V (commentaire)
- Corrigés des 3 sujets: Diriez-vous avec Albert EINSTEIN que : « la pensée pure est compétente pour comprendre le réel » ?
- Le langage est-il l'instrument idéal de la pensée ?
- Suffit-il pour être juste d'obéir aux lois de son pays
- Les lois sont-elles une garantie pour notre liberté