Les lois de la cité politique ont-elles pur but la paix ou la vertu ?
Extrait du document
«
Introduction.
La Cité politique, c'est l'État, l'ensemble des institutions qui organisent l'exercice de l'autorité légitime à l'intérieur
d'une communauté nationale.
Les lois de la Cité sont les règles définies par cette autorité souveraine.
Par ailleurs, la
vertu, dans son sens large, désigne une « disposition permanente à vouloir le bien » (Lalande).
Il s'agit donc d'un
concept qui renvoie à la morale, et celle-ci a pour objet les règles de la conduite, que ces règles soient celles de
l'habitude ou celles d'une morale idéale.
Une réflexion sur les buts que visent les lois politiques ne peut donc être séparée d'une réflexion, explicite ou non,
sur ce qu'autorise ou interdit la morale.
Pour répondre à la question : « Les lois de la Cité politique ont-elles pour but
la paix ou la vertu ? », nous devrons donc nous demander quels rapports la politique entretient avec la morale.
[Dans le domaine politique, il est impossible de définir
ce qu'est la vertu.
Les lois ne doivent donc pas se préoccuper
de rendre les hommes meilleurs.
Elles doivent se borner
à leur permettre de vivre dans la paix et l'ordre.]
La vertu est une utopie
Robespierre et les révolutionnaires de 1793 avaient le culte de la vertu.
En voulant appliquer de force l'utopie
rousseauiste à la société française, ils ont instauré une tyrannie qui préfigure les régimes totalitaires du XXe
siècle.
La révolution communiste prétendait elle aussi rendre les hommes meilleurs.
En voulant décréter la
vertu, on élimine tous ceux qui ne correspondent pas à cet idéal.
Les lois doivent garantir la liberté
Le but d'un État, à travers les lois, ne doit donc pas être d'imposer un idéal du bien.
Aucun consensus ne peut
être établi sur ce qu'est la vertu, et il est utopique de vouloir que tous les hommes soient toujours vertueux.
Le but des lois, dit Hobbes, doit être de garantir la sécurité des citoyens.
Pour cela, les lois doivent avant
tout préserver l'ordre et la paix.
L'absence d'État et de lois ne signifie-t-elle pas, comme Hobbes le redoutait par- , dessus tout, le retour
à un état de nature, c'est-à-dire à une guerre incessante de chacun contre chacun (guerre réelle ou
larvée).
L'homme n'a dans sa nature aucun instinct de sociabilité.
Il a un désir de puissance qui le pousse
à considérer les autres hommes comme des concurrents.
« Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les
hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en
respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre,
et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun.
»
HOBBES.
Hobbes vit dans une Angleterre troublée par une guerre
civile dont les causes sont à la fois religieuses et politiques.
Le
principe même de la monarchie est critiqué et le roi atteint dans
sa personne.
En Angleterre, Charles Ier est exécuté en 1649 et
Jacques II doit s'enfuir en 1688.
Hobbes va s'atteler à une tâche à la fois pratique et
théorique.
Il s'agit de soutenir la monarchie au pouvoir ; ce
soutien prend la forme d'un ouvrage théorique qui justifie
l ‘autorité quasi absolue du pouvoir en place.
L'oeuvre de Hobbes est axée sur le concept de
souveraineté (autorité politique, puissance de l'Etat, pouvoir de
commander) dont il affirme qu'elle est indivisible et quasi absolue.
Avant d'expliquer ce qui fait la spécificité de la pensée de Hobbes, exprimée principalement dans
le « Léviathan » (1651), il est nécessaire de préciser quelques points de vocabulaire.
Ø
« République » (« Common-Wealth ») correspond à ce que nous appelons l' « Etat »..
»
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