Les hommes ne vivent-ils en société que par intérêt ?
Extrait du document
«
L'existence sociale est un fait assez banal dans la nature, comme si la vie avait fait de ce mode d'existence une
stratégie préférentielle.
Devant les difficultés de la survie, la vie fut bien avisée de regrouper les faibles animaux que
nous sommes.
Ainsi on pourrait croire qu'une manne providentielle tombant du ciel nous libèrerait de cette vie
commune, contraignante par bien des aspects.
Le sauvage heureux que dépeint ROUSSEAU, insoucieux des autres,
ignorant toute loi et tout devoir, est en effet enviable à certains égards.
Mais il n'en reste pas moins que notre être
aspire à la présence de l'autre, à son affection et à son respect ; la présence en nous de notre capacité à
dialoguer, de notre désir de justice ne marque-t-elle pas une nature profondément et nécessairement vouée à
l'existence communautaire ?
[La société est née parce que les hommes se sont assemblés pour défendre des intérêts communs.
C'est
parce que j'ai besoin des autres, et non par affinité, que j'entretiens des relations sociales avec eux.]
La société est née du besoin
Si la terre avait satisfait d'elle-même à tous les besoins de l'homme, il n'y aurait point eu de société; d'où il
s'ensuit, ce me semble, que c'est la nécessité de lutter contre l'ennemi commun, toujours subsistant, la
nature, qui a rassemblé les hommes», écrit Diderot.
C'est bien l'intérêt, l'exigence de conservation de l'espèce,
qui réunit les hommes.
Le mythe platonicien du Protagoras illustre ce point: dépourvu des avantages échus aux autres espèces
animales, l'homme est né dans un dénuement extrême, «l'homme est tout nu, non chaussé, dénué de
couvertures, désarmé».
Alors que les autres animaux, recouverts de fourrure, munis de crocs, de carapaces,
de griffes, ont de quoi affronter les nécessités imposées par la vie, sont à même de résister aux rigueurs
naturelles, de se défendre contre tout agresseur, de se nourrir, l'homme est dépourvu de tout cela.
L'homme
ne peut donc compter sur ses seules capacités naturelles pour vivre: il lui faut inventer des techniques ou
mettre en commun ses efforts avec d'autres.
De même Rousseau conçoit une évolution de l'état de nature tel que pour des raisons naturelles les hommes
jusque là indépendants ont intérêt à unir leurs forces pour sauvegarder l'espèce.
Lire : Rousseau, Du contrat social, livre I, chapitre 6.
La société est fondée sur le commerce et l'échange
La genèse de la Cité platonicienne, telle qu'elle est exposée au livre II de La République, permet d'établir sur
des fondements plus assurés l'existence de la société.
Platon part de l'homme isolé, dans le dénuement, pour
brosser sa condition d'être besogneux.
L'inventaire des besoins humains est rapide : il faut à l'homme de quoi
se nourrir, se loger, se vêtir, se chausser.
Cette liste n'est certes pas limitative: d'autres besoins viendront
par la suite s'ajouter aux premiers.
Pour le moment, il s'agit simplement de comprendre que chacun ne pourra
subvenir à ses besoins qu'avec l'aide d'autres hommes.
Il vaut mieux répartir les travaux nécessaires entre un
cultivateur, un maçon, un tisserand, un cordonnier que de confier à chacun l'ensemble des tâches nécessaires
à son propre entretien.
Avec le partage des tâches, ce sont à la fois une première forme de division du travail
et un premier mode d'existence sociale qui voient le jour.
À la suite de quoi, d'autres métiers s'avèrent
nécessaires: il est dans l'intérêt de chacun qu'existent des forgerons et d'autres artisans pour fournir des
outils aux autres travailleurs, et enfin il faut assurer l'administration de cette petite société en instituant des
fonctions politiques.
C'est seulement l'intérêt bien compris de tous qui donne naissance à cette communauté.
Selon la vision libérale, le principal lien social est l'intérêt.
En effet, comme le pense Adam Smith, ce n'est pas
parce que les individus éprouvent de la bienveillance 'les uns envers les autres qu'ils sont réunis en société,
mais parce qu'ils y trouvent un avantage matériel.
Les relations humaines sont fondées sur les échanges
économiques.
C'est parce que je lui achète ses produits que l'épicier est aimable avec moi.
L'amitié est intéressée
L'amitié n'est souvent fondée que sur des intérêts provisoirement communs: l'on fait des études ensemble, l'on
travaille dans le même bureau.
Si notre vie vient à changer, nous oublions rapidement nos anciens «amis».
De
même, la vie de couple et de famille obéit aussi, au fond, à une exigence de confort et de sécurité.
Le
mariage ne permet-il pas aux deux partenaires d'avoir des rapports sexuels aussi souvent qu'ils le désirent ?!
MIll: Une société d'êtres humains, si on excepte la relation de maître à esclave, est manifestement
impossible si elle ne repose pas sur le principe que les intérêts de tous seront consultés.
Une société.
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