Les guerres sont-elles un effet de la nature des hommes ?
Extrait du document
«
On peut avoir tendance à considérer qu'il est dans la nature de l'homme de faire la guerre et que de ce point
de vue, l'histoire humaine est condamnée à osciller entre violence et conflits.
Mais il faut penser aux
conséquences de cette position : si la guerre est un effet de la nature humaine, comment peut-on songer un
seul instant à établir la paix ? Comment même concevoir la politique autrement que comme un moyen de
préparer la guerre.
La guerre a plusieurs formes, elle peut être militaire, économique, culturelle.
Mais en tout
état de cause, seul l'homme fait la guerre, l'animal lui ne lutte que pour satisfaire des besoins immédiats.
Pour
autant, la guerre n'est peut-être pas dans notre nature en ce sens que nous ne sommes pas condamnés à
être belliqueux (le mot " nature " est en effet problématique ici car il suppose que nous ne pouvons pas faire
autrement).
Pensez à d'autres dimensions des rapports humains qui permettent de ne pas se faire la guerre :
dialogue, amitié, échange...
[Les guerres sont un effet de la nature humaine.
Sens de la propriété, passions contradictoires, égoïsme,
désirs sans bornes sont ce qui caractérise le plus fondamentalement la nature humaine.
Or, voilà les
causes premières de toute guerre.]
C'est la paix qui n'est pas naturelle
L'état de paix, entre des hommes vivant côte à côte, écrit Kant, n'est pas un état de nature (status
naturalis); celui-ci est bien plutôt un état de guerre...» (Projet de paix perpétuelle).
Ce se sont les passions
naturelles des hommes qui les inclinent à la guerre.
L'originalité du texte de Kant, paru pour la première fois en 1795 alors que l'Europe est dévastée par des
guerres qui désormais ne concernent plus seulement les « professionnels » (cf.
la levée en masse du côté
français), tient déjà au titre retenu.
Certes, il fait allusion à l'abbé de Saint-Pierre dont le Projet pour rendre la
paix perpétuelle en Europe eut un réel retentissement en 1713, au lendemain des campagnes de Louis XIV.
Mais Kant a, de façon significative, éliminé toute référence circonstancielle.
Il s'agit désormais de penser la
paix comme une exigence universelle, et d'autre part d'arracher celle-ci à la guerre.
Rechercher la paix
perpétuelle, c'est se donner les moyens d'éliminer de façon définitive la guerre.
Après avoir toutefois rappelé que la guerre est aussi un facteur de progrès (elle pousse les peuples à
s'installer dans des régions inconnues, elle mobilise toutes les énergies techniciennes), Kant expose les
conditions selon lui nécessaires à la disparition des conflits internationaux.
Il plaide ainsi en faveur de la
dissolution des armées de professionnels et des armées permanentes — « Les armées permanentes doivent
entièrement disparaître avec le temps ».
Lorsqu'on dispose d'une arme à portée de main on est toujours enclin
à l'utiliser.
Il faut en outre que le régime républicain progresse à travers l'Europe.
Là, les sujets sont des
citoyens et décident eux-mêmes de la guerre et de la paix, ils n'abandonnent pas le sort de la communauté au
caprice d'un Prince et à la défense de ses intérêts particuliers.
Enfin, Kant propose de soumettre les nations à
une autorité commune, sur le modèle du pacte social, car la sécurité passe par la contrainte :
« Il n'y a, aux yeux de la raison, pour les états considérés dans leurs relations réciproques, d'autre moyen de
sortir de l'état de guerre où les retient l'absence de toute loi, que de renoncer, comme les individus, à leur
liberté sauvage, pour se soumettre à la contrainte des lois publiques et former ainsi un Etat de nations qui
croîtrait toujours et embrasserait à la fin tous les peuples de la terre.
»
Le cosmopolitisme est le plan caché de la Nature et la paix perpétuelle en est l'un des agents.
Or, ce
cosmopolitisme apparaît d'abord comme une idée régulatrice destinée à nous permettre de penser le progrès
de l'espèce.
De même que la Paix perpétuelle est un projet (jeter devant), un horizon.
Le texte de Kant a
inspiré la création de la SDN et de l'oNu, avec des résultats mitigés on le sait..
»
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