Les formes de l'Etat.
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Déjà la discussion sur les origines de la souveraineté, c'est-à-dire sur les sources et les justifications de l'autorité de l'État, nous engageait dans la discussion des formes de l'État. Les doctrines politiques sont des philosophies de la souveraineté et de la forme de l'État, débouchant sur l'action politique, c'est-à-dire sur le militantisme (recrutement, organisation de l'action, structuration du parti) en vue d'opérer un changement historique de l'Etat ou de maintenir et défendre une certaine forme d'État si celle-ci correspond aux idées politiques du parti. 1 — L'anarchisme. Il convient de citer d'abord les idées qui nient l'État et qui engagent à militer pour la destruction de toute autorité, ceci s'accompagnant du refus de prendre parti dans les discussions politiques sur la « meilleure forme de l'État ». Historiquement, il y a eu des négateurs de l'État dès que l'organisation politique fut amenée à peser sur la liberté individuelle en imposant des règles et des interdits. Le refus de participer à la vie socio-politique est, par exemple, déjà sensible dans l'épicurisme (IVe-IIIe siècles av. J.-G.) qui prônait la libre association de cellules sociales régies par l'amitié et se désintéressant de la « chose publique ». La philosophie de l'anarchisme est cependant moderne. Elle s'inspira de Proudhon (1809-1865), de Stirner (1806-1856) et d'autres. Les grands noms de l'anarchisme sont Elisée Reclus, Jean Grave, Bakounine, Kropotkine, Ravachol, etc. Ils militèrent surtout dans les syndicats (anarcho-syndicalisme), partisans du non-engagement politique et de la grève générale, toujours pour détruire tout État au nom de la liberté des hommes, aliénés (c'est-à-dire altérés, détruits) par toutes les structures sociales, politiques, économiques, religieuses.
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Les formes de l'Etat.
Déjà la discussion sur les origines de la souveraineté, c'est-à-dire sur les sources et les justifications de l'autorité de l'État, nous
engageait dans la discussion des formes de l'État.
Les doctrines politiques sont des philosophies de la souveraineté et de la forme de
l'État, débouchant sur l'action politique, c'est-à-dire sur le militantisme (recrutement, organisation de l'action, structuration du parti) en
vue d'opérer un changement historique de l'Etat ou de maintenir et défendre une certaine forme d'État si celle-ci correspond aux idées
politiques du parti.
1 — L'anarchisme.
Il convient de citer d'abord les idées qui nient l'État et qui engagent à militer pour la destruction de toute autorité,
ceci s'accompagnant du refus de prendre parti dans les discussions politiques sur la « meilleure forme de l'État ».
Historiquement, il y a eu des négateurs de l'État dès que l'organisation politique fut amenée à peser sur la liberté individuelle en
imposant des règles et des interdits.
Le refus de participer à la vie socio-politique est, par exemple, déjà sensible dans l'épicurisme
(IVe-IIIe siècles av.
J.-G.) qui prônait la libre association de cellules sociales régies par l'amitié et se désintéressant de la « chose
publique ».
La philosophie de l'anarchisme est cependant moderne.
Elle s'inspira de Proudhon (1809-1865), de Stirner (1806-1856) et
d'autres.
Les grands noms de l'anarchisme sont Elisée Reclus, Jean Grave, Bakounine, Kropotkine, Ravachol, etc.
Ils militèrent surtout
dans les syndicats (anarcho-syndicalisme), partisans du non-engagement politique et de la grève générale, toujours pour détruire tout
État au nom de la liberté des hommes, aliénés (c'est-à-dire altérés, détruits) par toutes les structures sociales, politiques, économiques,
religieuses.
On sait que Bakounine s'opposa (ainsi que Proudhon et Mazzini) à Karl Marx lors de la Première Internationale (1864-1873), créant des
discussions et des divisions qui amenèrent la fin de cette organisation des mouvements ouvriers.
Le fait que le style de vie sociale préconisé par les anarchistes ne soit nulle part réalisé (hormis dans certaines cellules égalitaires et
vivant en autarcie, mais dans le cadre d'un État environnant qui, quoi qu'ils disent, leur garantit la paix) ne permet pas de juger si leur
idéal humanitaire est réaliste.
Par contre, on a vu souvent dans l'histoire des périodes d'anarchie (disparition plus ou moins brutale et plus ou moins transitoire de
l'autorité de l'État).
Sans doute les anarchistes contestent-ils que leur idéal soit l'anarchie (car il est absolument évident et prouvé que l'anarchie est le
retour pur et simple à la loi du plus fort et de la survivance du mieux armé ou du groupe le plus puissant physiquement) et sont-ils
obligés d'envisager pour après l'établissement d'un droit respecté (donc d'une force capable de faire respecter le droit s'il est violé)
pour assurer les rapports interpersonnels, inter-groupes ou inter-fédéraux, dans la paix, ainsi qu'un niveau de vie accessible à tous.
En fait, l'anarchisme se complaît dans la ruine de l'autorité par la violence, mais cette phase (la révolte) ne peut historiquement se
perpétuer et doit déboucher sur une constitution (c'est ce que « révolution » ajoute à « révolte ») qui prévoit l'organisation de la vie
commune et de la communauté de travail.
Or cela est un problème, politique et c'est le fondement de la loi.
il reste à savoir quelle est
la loi la plus « juste ».
Et si, comme c'est probable, la Liberté excluait la Justice et la Justice excluait la Liberté, laquelle des deux
valeurs choisir ?
2 — Les formes de l'État.
L'État, organisation d'une société historique, peut avoir plusieurs formes, c'est-à-dire qu'il y a plusieurs
manières de décider et d'administrer au nom de la communauté, plusieurs manières de gouverner.
A — Classiquement, on a distingué:
— La monarchie (autorité dite de droit divin, exercée par un seul chef sans recours ni contrôle, avec cumulation des pouvoirs et des
décisions) ;
— L'oligarchie (même organisation, mais le chef est remplacé par un groupe qui se partage le pouvoir) ;
- La démocratie (gouvernement direct du « peuple », c'est-à-dire de la communauté elle-même, réuni pour faire la loi ou prendre des
décisions).
Ce gouvernement direct ne serait possible que dans les sociétés réduites.
Ce fut l'idéal de Rousseau;
— La république (élection des représentants de la communauté et délégation de la souveraineté d'abord à ces représentants, puis de
ces représentants à un gouvernement, ceci dans le cadre d'une constitution prévoyant la séparation des pouvoirs).
B — Les États modernes ne peuvent plus se classer selon ces distinctions classiques.
La confusion des concepts est extrême : des
dictatures du type féodal s'intitulent républiques (comme en Afrique), des royautés fonctionnent comme des républiques (Angleterre,
Suède,...), des dictatures se nomment républiques démocratiques ou « national-socialisme »,...
une même l'orme de l'État est appelée
ici république, là démocratie, en étant monarchie.
Certes la structure économique joue un rôle capital, et on oppose classiquement le
libéralisme économique (entreprises privées, concurrence des entreprises, protection des capitaux privés) et le socialisme (propriété
sociale des moyens de production, organisation dirigiste de l'économie par l'organisme politique, gestion démocratique de l'économie).
Mais actuellement (cf.
ci-dessus, ch.
Le Travail), ce manichéisme économico-politique ne suffit pas à rendre compte de la forme des
États quoiqu'il alimente les campagnes de propagande politique.
En fait, on pourrait distinguer, comme le propose Eric Weil (« Philosophie politique », 1956), deux formes fondamentales de l'État
moderne : la forme autocratique et la forme constitutionnelle.
1 — L'État est de forme autocratique lorsque le gouvernement (comme groupe de personnes détenant le pouvoir) est seul à délibérer,
décider, agir, sans aucune intervention obligatoire d'autres instances.
11 suffit que la volonté du gouvernement se soit fait connaître
pour être la loi.
2 — L'État est de forme constitutionnelle lorsque le gouvernement se considère et est considéré par les citoyens comme tenu à
l'observation de règles qui limitent sa liberté d'action par l'intervention obligatoire d'autres institutions et d'abord par un parlement
ayant un rôle législatif et comportant une « opposition » jouissant d'un statut politique reconnu (et libre de se manifester).
Le signe (selon E.
Weil) de cette seconde forme de l'État est l'indépendance des tribunaux.
Cette indépendance seule permet aux
citoyens de pouvoir faire valoir leurs droits contre l'arbitraire du gouvernement ou de son administration.
Dans le premier cas, c'est la décision des gouvernants qui est souveraine, dans le second cas, c'est la loi, et elle s'impose aux
gouvernants comme aux gouvernés.
Conclusion.
L'État est l'organisation politique de la Nation, avec comme buts l'aménagement de l'existence collective et le
développement des services publics.
Sa légitimité est dans la volonté librement exprimée de ses citoyens, de se donner une structure
politique, et inversement dans la garantie donnée par l'État de réaliser au mieux le bien commun sans sacrifier les droits et les libertés
de ses membres..
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