Les exigences de la raison pure et pratique ?
Extrait du document
«
Le triomphe du relativisme ?
• On peut penser à d'autres critères pour caractériser la vérité et la distinguer de ce qu'elle n'est pas.
Prenons un
exemple mathématique.
La définition du triangle, en tant que figure dont la somme des trois angles est égale à 180
degrés, est juste.
De même, si je pose que « Socrate est un homme et que tous les hommes sont mortels », j'en
conclurai nécessairement que « Socrate est mortel ».
Il existe des raisonnements logiques dont on ne peut
contester la justesse.
• Pour la morale, l'ethnologie montre que la prohibition de l'inceste existe dans toutes les sociétés.
La loi morale
interdisant tel ou tel type d'union entre personnes d'une même famille semble tenue pour juste.
Il faut donc
conclure, contre le relativisme, que des propositions mathématiques, logiques ou morales sont vraies au sens où
elles sont justes de façon universelle.
Dans « Les structures élémentaires de la parenté », Lévi-Strauss a tenté de répondre à cette double
question.
La première méthode, dit-il, et la plus simple pour repérer ce qui est naturel en l'homme, consisterait à
l'isoler un enfant nouveau-né, et à observer pendant les premiers jours de sa naissance.
Mais une telle approche
s'avère peu certaine parce qu'un enfant né est déjà un enfant conditionné.
Une partie du biologique à la naissance
est déjà fortement socialisé.
En particulier les conditions de vie de la mère pendant la période précédant
l'accouchement constituent des conditions sociales pouvant influer sur le développement de l'enfant.
On ne peut
donc espérer trouver chez l'homme l'illustration de comportement préculturel.
La deuxième méthode consisterait à recréer ce qui est préculturel en l'animal.
Observons les insectes.
Que
constatons-nous ? Que les conduites essentielles à la survivance de l'individu et de l'espèce sont transmises
héréditairement.
Les instincts, l'équipement anatomique sont tout.
Nulle trace de ce qu'on pourrait appeler « le
modèle culturel universel » (langage, outil, institutions sociales, et système de valeurs esthétiques, morales ou
religieuses).
Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs.
Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, des
outils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches.
Même les grands singes, dit
Lévi-Strauss, sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articuler les
sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totale incapacité
d'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes .
» Les recherches poursuivies ces dernières
décennies montret, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outils élémentaires et
éventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et de subordination peuvent apparaître
et se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire à reconnaître dans certaines attitudes
singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou de contemplation ».
Mais, ajoute Lévi-Strauss, « si
tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont plus éloquents encore –et dans un tout autre sens, par
leur pauvreté ».
De plus, et c'est là sans doute la caractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne
se prête à la formulation d'aucune norme ».
A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partout où la
règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture.
» Mais les règles institutionnelles qui
fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre.
On peut donc affirmer que l'universel, ce qui
est commun à tous les hommes, et la marque de leur nature.
C'est donc ce double critère de la norme (règle) et de
l'universalité qui permet –dans certain cas- de séparer les éléments naturels des éléments culturels chez l'homme :
« Posons donc que tout ce qui est universel chez l'homme relève de la nature et se caractérise par la spontanéité,
que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du
particulier.
» Mais ce double critère posé, nous nous trouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la
prohibition de l'inceste.
Celle-ci, en tant qu'institution relève de la règle et donc de la culture.
Mais, en même
temps, elle est un phénomène universel et semble donc relever de la nature.
Une contradiction donc, un mystère
redoutable : « La prohibition de l'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le
caractère coercitif des lois et des institutions.
»
A quel titre ces vérités existent-elles ?
• L'éternité des vérités — vérités dont la pluralité tient aux différents domaines considérés —, relève de l'universalité
et leur caractère nécessaire témoigne en faveur de leur existence.
Il y a des vérités éternelles qui, nécessaires et
universelles, se fondent sur la raison pure et pratique.
On se reportera à ce texte de Malebranche:.
»
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