Les échanges marchands peuvent-il unir et satisfaire les membres d'une socièté ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
q Le sujet propose d'interroger la manière dont le commerce peut réguler dans une société les rapports sociaux.
Il faut commencer par éclaircir, dans un premier temps, le terme de « société ».
Une société, c'est d'abord
un ensemble d'individus qui entrent dans des rapports coutumiers, des usages suffisamment durables.
q Toute société est donc plus ou moins régulée par des pratiques sociales, mais n'est pas forcément un peuple.
Le peuple suppose une union politique plus forte qu'une société.
Tout membre d'un peuple doit se sentir
appartenir à le même communauté.
Dans une société, les corps sociaux font que chaque membre peut se
sentir membre d'une corporation particulière, au sein d'un ensemble de corporations.
Or, le commerce
suppose qu'il y ait plusieurs corps de métier qui entrent en relation les uns envers les autres.
Il reste à savoir
si dans cet échange il y a davantage qu'un simple échange de biens, s'il y a par son biais une harmonisation
des mœurs, une communication qui engendre une société unifiée.
q Si les hommes font société, c'est en vue de l'assistance mutuelle.
Les hommes conjuguent leur force,
répartissent les efforts et les fonctions.
Mais, l'échange seul parvient-il au but premier de la société ?
q L'unification des membres d'une société et la répartition des richesses sont des tâches normalement dévolues
au politique.
Il faut donc mettre en question le libéralisme politique et économique et questionner non
seulement le rôle de l'Etat mais aussi et surtout le rôle de la politique.
Problématisation :
Les échanges marchands sont en premier temps des échanges de bien, ils visent pour celui qui commerce à
un avantage particulier.
La manière dont le Marché régule les échanges, et notamment par la loi de l'offre et de
la demande, est-elle suffisante pour remplir des tâches classiquement dévolues au politique à savoir l'unification
et la satisfaction de chacun des membres de la société ?
1.
L'échange marchand sans régulations divise
a)
b)
c)
Adam Smith fait de la division du travail moderne l'aboutissement des penchants naturels
et égoïstes des hommes.
L'homme, contrairement à l'animal, a besoin de l'assistance de ses
semblables.
Pour obtenir ce dont il a besoin, il doit procéder à un échange.
Smith formule les
termes de l'échange de la manière suivante : « Donnez-moi ce dont j'ai besoin, vous aurez de moi
ce dont vous aurez besoin vous-même ».
Ce qui pousse autrui à nous assister n'est pas une
naturelle bienveillance, mais l'avantage qu'il attend recevoir en contrepartie.
Cet échange permet
à celui qui produit un type d'objets d'acquérir les objets qu'il ne produit pas lui même en plus
grande quantité.
La spécialisation permet au producteur d'améliorer son rendement, et par
l'échange, d'acquérir globalement plus.
Les hommes ainsi répartis dans des spécialités se trouvent
plus satisfaits.
Mais en réalité une telle conception pose de sérieuses difficultés.
Tout d'abord elle
repose sur un individualisme naturel que la société ne corrige pas.
Il n'y a pas de principe d'union
des individus autre que l'intérêt bien compris
Si l'échange marchand suppose au préalable une division des tâches, une spécialisation
qui trouvera son achèvement dans la forme moderne de la division du travail, cela implique entre
les différents corps de métier des relations permanentes de dépendances.
L'ouvrier dépend du
paysan pour le blé qu'il récolte, le paysan de l'ouvrier pour les outils qu'il fabrique.
Durkheim dans
la Division du travail social oppose à la vision d'Adam Smith, qui pense l'origine de la division du
travail dans un penchant naturel égoïste, la solidarité organique.
Celle-ci consiste dans la
solidarité naissant entre des groupes sociaux distinctifs.
La société est composée de corps
sociaux avant que d'individus, et elle repose sur la dissemblance entre les individus.
Le principe
d'unification par l'échange, ici la solidarité sociale, est d'un autre genre que la solidarité mécanique
qui suppose que chaque membre de la société partage les mêmes représentations sociales.
Mais en réalité, les relations de dépendances sont inégales.
Si l'ouvrier dépend du paysan
pour subsister, il en dépend davantage que le paysan de l'ouvrier.
D'un autre façon, la
dépendance du salarié au patron n'est pas du même ordre que celle du patron vis-à-vis des
employés car le salarié n'est pas sûr de trouver du travail ailleurs.
Les rapports de force
dépendent de la façon dont les corps sociaux sont capables de s'organiser et de s'unir au sein
d'une société.
Mais cela implique également qu'à l'union naturelle pensée par Smith s'oppose la
vision d'un société aux intérêts essentiellement divergents.
Puisque ces sociétés partielles ne
peuvent subsister par elles-mêmes, elles sont inter-dépendantes, elles ne sont pas des sociétés
globales.
Une société doit être un ensemble composé de corps plus ou moins diversifiés de façon à
ce qu'elle s'auto-suffise.
L'union sociale qui résulte des rapports de force entre les corps sociaux,
ne peut aboutir qu'aux conflits ou au compromis, qui risque toujours d'être un conflit remis à plus
tard.
Les corps étant dans leur nature en lutte les uns contre les autres, l'intérêt public ne peut
résulter de leur confrontation que par accident, ou en se fiant à une régulation naturelle des
rapports de force, qui dans la pratique conduit souvent au conflit.
Le « laisser aller » ne conduit
pas à une pacification des rapports sociaux.
2.
Mettre fin à l'injustice sociale est le but du gouvernement.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Les échanges marchands peuvent-ils à la fois unir et satisfaire tous les membres d'une société ?
- « La seule raison légitime que puisse avoir une société pour user de la force contre un de ses membres est de l'empêcher de nuire aux autres»
- Dans quelles mesures l’Union Européenne a une influence sur les régimes politiques mis en place dans les États membres ?
- MAUSS: «Dans les économies et dans les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de biens, de richesses et de produits au cours d'un marché passé entre les individus.»
- Les échanges sont-ils constitutifs de toute société ?