Les droits de l'homme : évidence ou problème ?
Extrait du document
«
Parties du programme abordées:
- La société
- Le droit
- La justice
-La liberté
Analyse du sujet: Les "droits de l'homme" sont-ils un fait ou une vérité qu'il suffit de constater et d'analyser, ou au
contraire une construction idéologique dont il convient d'examiner les tenants et les aboutissants ?
Conseils pratiques: Ce thème est très à la mode aujourd'hui.
Attention à ne pas tomber dans le manichéisme ou
dans la louange unilatérale.
Demandez-vous quelle est la genèse historique de cette notion.
Introduction
Aujourd'hui on assiste à un puissant mouvement pour les droits de l'homme.
Pourtant l'idée qu'il existe réellement des
droits de l'homme est loin d'être universellement reçue (des cultures entières l'ignorent), et nombre de philosophes
les ont combattus, en y voyant soit des «sophismes politiques et anarchiques», comme l'écrivait Bentham, soit des
droits illusoires et «métaphysiques» .
Il nous faut donc examiner si les droits de l'homme derrière leur évidence ne
feraient pas en réalité problème.
Qu'est-ce que « les droits de l'homme » ?
Remarques préliminaires
Le droit est, dans le cadre d'un État, un ensemble de règles d'un certain type (lois, jurisprudence) qui organisent la
vie collective et qui sont définies par l'autorité compétente, la volonté du législateur.
« Mes droits» sont les pouvoirs
ou prérogatives qui dérivent de ce droit objectif.
Les droits de l'homme désignent d'abord, et pour l'essentiel, les droits définis par l'Assemblée Constituante, au début
de la Révolution française, publiés le 26 août 1789 sous la forme d'une Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen.
Pour savoir si les droits de l'homme sont «une évidence ou un problème », il est donc nécessaire, en
premier lieu, de rappeler les principaux caractères de cette Déclaration.
La déclaration de 1789
L'Assemblée Constituante considère d'abord que «l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les
seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ».
Il lui paraît donc urgent « d'exposer,
dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme ».
Suivent 17 articles, parmi lesquels on lit :
Article 1.
«Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit [...].»
Art.
2.
« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme.
Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.»
Art 10.
«Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses [...].
»
Art.
11.
« La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique [...].»
On a dit de la Déclaration de 1789 qu'elle est devenue «la base de toutes les Constitutions françaises, ainsi que de
la plupart des constitutions mondiales jusqu'à nos jours» (J.
Godechot, Les Constitutions de la France depuis 1789,
G.F., 1970, p.
27).
Elle eut encore une influence sur la Déclaration universelle des droits de l'homme, votée par
l'Assemblée générale de l'ONU en 1948.
Mais «il ne faut pas considérer la Déclaration de 1789 comme une oeuvre logique, rédigée après de longues
méditations ».
Écrite à la hâte, dans une atmosphère révolutionnaire, inachevée, elle eut pourtant, dès sa
publication, «dans le monde occidental un plus grand retentissement que les déclarations américaines à cause de
son caractère beaucoup plus universel ».
En effet, si les déclarations américaines (par exemple celle des droits de la
Virginie en 1777) «ont eu une grosse influence sur les rédacteurs de la Déclaration française [...], il y a une grande
différence entre les textes américains et le texte français.
Les premiers [...] proclament les droits du citoyen de la
Virginie ou du Massachusetts.
La déclaration française, au contraire, se veut universelle» (ibid.).
Les présupposés des droits de l'homme
Une nature humaine immuable et universelle
Les droits du citoyen sont les pouvoirs qui lui sont reconnus par un État, celui dont le citoyen est membre.
N'être
pas membre de cet État, c'est ne pas posséder ces droits.
Les droits de l'homme, dès 1789, débordent explicitement
le cadre d'un État et cherchent à définir les pouvoirs légitimes de n'importe quel individu, ou, ce qui revient au
même, de tous les êtres humains (cf « Les hommes naissent et demeurent libres...
» que ces pouvoirs soient,
comme c'est souhaitable, ou ne soient pas, comme il arrive, confirmés par le droit positif de tel ou tel État
particulier.
L'homme n'est alors pas réductible au citoyen : il est un être humain qui, comme tel, a des droits, quel que soit le
corps politique auquel il appartient par ailleurs.
Bien plus, les lois de la Cité doivent garantir ces droits dont
l'humanité ne peut être dépouillée; les droits naturels sont inhérents à une nature humaine universelle et immuable;.
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