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Les diverses manières d'écrire l'histoire ?

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« Termes du sujet: PHILOSOPHIE La philosophie, selon Pythagore, auquel remonte le mot, ce n'est pas la sophia elle-même, science et sagesse à la fois, c'est seulement le désir, recherche, l'amour (philo) de cette sophia.

Seul le fanatique ou l'ignorance se veut propriétaire d'une certitude.

Le philosophe est seulement le pèlerin de vérité.

Aujourd'hui, où la science constitue tout notre savoir et la technique, tout notre pouvoir, la philosophie apparaît comme une discipline réflexive. partir du savoir scientifique, la visée philosophique se révèle comme réflexion critique sur les fondements de ce savoir.

A partir du pouvoir technique, sagesse, au sens moderne se présente comme une réflexion critique sur les conditions de ce pouvoir. la la A la HISTOIRE: C e mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). Hegel distingue trois formes d'historiographies ou trois manières d'écrire l'histoire : l'histoire originale, l'histoire réfléchie, l'histoire philosophique. A .

L'histoire originale L'histoire originale est celle d'historiens qui, comme Hérodote ou Thucydide, ont décrit les actions, les événements, les situations qu'ils ont vécus et auxquels ils ont été « personnellement attentifs».

Il est vrai que ces historiens font parfois intervenir dans leurs oeuvres « des rapports et des récits faits par d'autres », mais ce ne sont là que des matériaux contingents et subordonnés.

En fait, l'historien original compose en un tout « ce qui appartient au passé », ce qui est éparpillé.

A insi, « il le dépose dans le temple de Mnémosyne' et lui confère une durée immortelle».

De sorte que des faits du passé se trouvent élevés « dans le royaume des esprits immortels » où, « comme aux champs Élysées des A nciens, les héros accomplissent éternellement ce qu'ils ont fait une seule fois dans leur vie ».

C ette forme d'histoire est vivante et n'exige de l'historien aucune réflexion propre puisque la culture et l'esprit de l'écrivain sont ceux des événements qu'il décrit.

Bien au contraire l'auteur « doit plutôt laisser les individus et les peuples dire eux-mêmes ce qu'ils veulent, ce qu'ils croient vouloir ».

A insi nous lisons chez Thucydide les discours de Périclès et découvrons les principes et les buts de «l'homme d'État le plus profondément cultivé, le plus authentique, le plus noble ».

A dressés aux peuples ou aux princes, ces discours sont en eux-mêmes des actes, des événements.

L'histoire originale permet donc de pénétrer la personnalité propre des individus et des peuples dans leur propre culture et leur propre conscience.

Il faut donc, dit Hegel, étudier à fond ces historiens originaux et « l'on ne s'y attardera jamais trop ». Mais de tels historiens « ne sont pas aussi nombreux qu'on pourrait l'espérer ».

On peut citer, outre Hérodote et Thucydide, Polybe, C ésar et les mémorialistes français, en particulier le cardinal de Retz.

De plus, le contenu de ces histoires est « nécessairement limité ».

L'auteur relate « ce à quoi il a le plus ou moins participé, tout au moins ce qu'il a vécu ».

Il n'embrasse donc que « des époques peu étendues » et seulement « des figures individuelles d'hommes et des faits ».

Une autre caractéristique de ces histoires, c'est « l'unité d'esprit », « la communauté de culture» qui existe « entre l'écrivain et les actions qu'il raconte ».

De ce fait, la compréhension de l'historien ne dépasse pas l'événement.

Elle reste «dans l'esprit de l'événement ».

Elle participe donc des illusions et des préjugés de son temps. B.

L'histoire réfléchie L'histoire réfléchie est celle des historiens de métier qui transcendent l'actualité dans laquelle ils vivent et qui « traitent le passé le plus reculé comme actuel en esprit ».

Une première manière d'écrire une telle histoire est de la rendre « si vivante » que le lecteur « s'imagine entendre les contemporains et les témoins oculaires raconter eux-mêmes les événements ».

Mais une telle prétention paraît illusoire.

L'auteur appartient à une culture déterminée différente de celle des époques dont il traite.

Il risque donc d'ériger son propre esprit « en maître » et de l'appliquer à l'époque qu'il relate.

Ainsi, par exemple, T ite-Live fait parler les anciens rois de Rome, les consuls et les généraux « comme seul pouvait le faire un habile avocat de son temps».

En fait, les historiens sont « aussi peu capables que nous-mêmes de revivre complètement le passé et de le présenter de manière entièrement intuitive et vivante ».

Tout simplement parce que l'historien est comme nous : il appartient « à son époque, à ses besoins, et à ses intérêts », et « il honore ce qu'elle vénère ». A insi, par exemple, Athènes peut nous intéresser au plus haut point parce qu'elle est « la très noble patrie d'un peuple civilisé », cependant nous ne pouvons pas entrer en sympathie avec les Athéniens lorsque nous constatons l'existence de l'esclavage. Une deuxième manière d'envisager l'histoire réfléchie est l'« histoire pragmatique » dont la pire forme, dit Hegel, est la « petite psychologie » qui croit trouver les mobiles des personnages historiques « dans leurs penchants et leurs passions particulières ».

L'écrivain introduit aussi parfois des réflexions morales et politiques et cherche à tirer de l'histoire des enseignements.

Or, dit Hegel, le seul enseignement de l'histoire est qu'il n'y a pas d'enseignement de l'histoire : « On recommande aux rois, aux hommes d'État, aux peuples de s'instruire principalement par l'expérience de l'histoire.

Mais l'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire, qu'ils n'ont jamais agi suivant les maximes qu'on aurait pu en tirer.

» La raison en est que « chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions si particulières, forme une situation si particulière, que c'est seulement en fonction de cette situation unique qu'il doit se décider ». La troisième manière de l'histoire réfléchie est « la manière critique », celle d'historiens austères qui n'écrivent pas l'histoire mais « une histoire de l'histoire » à partir d'une critique des sources et des documents. La dernière espèce d'histoire réfléchie est l'« histoire spéciale ».

Celle-ci découpe un secteur particulier de la connaissance historique : l'art, le droit, la religion...

Elle se présente donc comme quelque chose de fragmentaire mais constitue une transition vers l'histoire philosophique dans la mesure où elle se place d'un point de vue général. C .

L'histoire philosophique Toute histoire réfléchie qui veut embrasser « de longues périodes, voire l'histoire universelle tout entière », doit nécessairement renoncer à une représentation détaillée ou individuelle du réel et se borner à des « abstractions ».

Pour cela, l'entendement est « le plus puissant abréviateur ».

On peut dire par exemple : une bataille a été livrée, une victoire a été remportée.

C es représentations générales rassemblent et résument « en une simple détermination» quantité de circonstances, d'actions et d'événements.

Ainsi, par exemple, lorsqu'on dit que l'expédition des A théniens en Sicile se termina mal, on résume ou abrège ce que « Thucydide expose avec force détails et avec le plus vif intérêt ». Sans doute, une telle manière de raconter l'histoire n'est-elle pas vivante, mais dans ces abstractions qui appauvrissent le contenu se dégage néanmoins la perspective d'ensemble nécessaire à la philosophie de l'histoire.

En effet, l'abstraction qui abrège et objective l'histoire permet de la saisir dans sa totalité et dans son enchaînement nécessaire. Si l'histoire est rationnelle, et peut donc être considérée philosophiquement, c'est parce que l'Esprit est histoire et se réalise dans l'histoire : «Semblable à Mercure, le conducteur des âmes, l'Idée est en vérité ce qui mène les peuples et le monde, et c'est l'Esprit, sa volonté raisonnable et nécessaire, qui a guidé et continue de guider les événements du monde.

» Il s'agit donc tout simplement d'« apprendre à connaître l'Esprit dans son rôle de guide».

Tel est l'objet de l'histoire philosophique.. »

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