Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges. Qu'en pensez-vous ?
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Explicitation de la citation
• L'opposition de deux termes, «convictions» et «mensonges», est fondamentale dans la citation.
On s'attachera
donc à définir rigoureusement le contenu et les implications de cette opposition dans le contexte de la phrase.
Ce
travail prendra un sens philosophique dans la mesure où l'on aura constitué explicitement un problème permettant de
le situer, de le mettre en perspective en dégageant son enjeu et sa portée.
• L'opposition convictions/mensonges peut être envisagée de deux points de vue complémentaires :
- réflexion sur la réalité du rapport qui existe entre un sujet et ses propres représentations ou opinions explicites.
Mise en jeu de conceptions différentes de ce rapport, que l'on pourra préciser en posant quelques questions.
Par
exemple : suis-je maître de mes propres représentations ? Celles-ci déterminent-elles en moi, et à mon insu, des
fixations mentales qui conditionnent et modèlent mes idées et mes opinions ?Y a-t-il, au contraire, en moi un
pouvoir de distanciation dont ma volonté est l'instrument, dans la mesure où elle reste libre de statuer sur les
représentations, d'orienter « délibérément» la formulation des jugements dans un sens ou dans l'autre? Etc.
réflexion sur les enjeux de la conception que l'on se fait de l'opposition convictions/mensonges, notamment dans des
domaines définis où l'on peut en apprécier les conséquences : domaine pratique (ou moral) où la question de la
vérité prend son sens par rapport aux finalités de l'action humaine, ou domaine de la production des connaissances
où l'on envisage les préjugés et autres blocages comme devant être surmontés par l'exigence de vérité.
Étude notionnelle succincte
• «mensonges» : le mensonge implique un choix délibéré, comme dans ce qu'on appelle la «mauvaise foi».
L'opposition de la conscience et de l'inconscient peut néanmoins apporter des nuances à cette caractérisation.
(Cf.
les remarques de Sartre sur la conception freudienne de l'inconscient : une intention peut être implicite tout en
étant consciente, mais vécue sur un mode tel que le sujet refuse d'en assumer la responsabilité et, par exemple,
sera prêt à nier qu'elle était sienne dès que son explicitation se produira.
Cf.
la «mauvaise foi».) Le mensonge, de
façon générale, recouvre donc
l'idée d'un acte délibéré destiné à tromper, à masquer la vérité ou à la taire (mensonge par omission).
• « convictions» : la conviction implique une cohésion intense à une idée, à une conception, ce qui semble exclure
la distanciation, donc le pouvoir de remettre en question, le pouvoir réflexif et critique.
Certitude intime relativement
inébranlable et assez résistante à l'argumentation rationnelle, dans la mesure où elle est souvent solidaire de
valorisations affectives,
d'intérêts inconscients.
• «ennemis de la vérité» : est ennemi de la vérité non seulement ce qui lui fait obstacle (acceptation réductrice,
dans la mesure où l'obstacle est passif), mais aussi ce qui constitue une puissance «positive» capable de s'opposer
activement à la recherche de la vérité ou à sa manifestation.
Une apparence trompeuse, par exemple, représente un
obstacle «objectif» propre à la configuration de l'objet et de la situation dans laquelle il est appréhendé.
Des a priori
idéologiques, par contre, constituent des ennemis de la vérité dans la mesure où ils s'opposent activement à la
démarche de connaissance - ce qui est le cas, par exemple, lorsque l'on a intérêt à occulter une vérité ou à
empêcher lé processus de connaissance de qui s'efforce de la
découvrir.
Quelques éléments de réflexion
La réflexion sur le rapport entre la vérité et les déterminations psychologiques qui s'y opposent a donc pour objectif
d'appréhender les effets différenciés des convictions et des mensonges.
On cerne le problème en explicitant, dans un premier temps, cette différenciation effective et ses incidences
concrètes sur une attitude qui, elle-même, n'a de sens que par rapport à la recherche et/ou à la manifestation de la
vérité.
On peut ensuite mettre à l'épreuve les distinctions établies dans les domaines évoqués plus haut : la connaissance,
la pratique.
L'opposition de la conviction et du mensonge prend-elle alors toujours la même signification? Cette
question pourra fournir, éventuellement, un point d'appui pour une approche critique de l'affirmation proposée.
On rencontrera, dans le déroulement de la réflexion, des problèmes qui concernent à la fois le jugement et l'illusion,
la vérité et le devoir (réflexion sur l'action morale et le mensonge), la science et la philosophie (fonction
épistémologique et critique de la distanciation réflexive et de la lutte contre les préjugés)..
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