Les autres nous aident-ils à nous connaître ?
Extrait du document
«
On pense couramment que nous détenons sur nous-mêmes un point de vue privilégié : nul mieux que moi ne
saurait mieux me connaître que moi-même.
Cependant je ne suis pas le seul à porter sur moi-même un regard :
les autres aussi me regardent me jugent et me connaissent.
Demandez-vous d'abord en quoi ce regard (ou
cette connaissance) diffère de mon propre regard : s'il diffère en tant que contenu (autrui ne voit pas les
mêmes choses), c'est surtout qu'il diffère en tant que point de vue.
Montrez alors que ce regard peut être
conçu comme complémentaire du mien , autrui m'apporterait alors sur moi des éléments dont je ne peux
disposer moi-même.
Cependant demandez-vous alors en quoi une telle connaissance pourrait devenir un
obstacle : le point de vue d'autrui a en effet un statut objectif, ce qui lui donne une valeur que mon point de
vue n'a pas , autrui pourrait alors détenir sur moi une vérité à laquelle je n'ai pas accès.
[Les autres nous servent de «révélateurs» ou de miroirs.
De plus, nous ressemblons forcément aux personnes
auxquelles nous nous identifions.]
Le dialogue permet de se connaître soi-même
Selon Platon, l'un des moyens privilégiés de la connaissance est le dialogue.
C'est par le dialogue que Socrate
réussit à «accoucher» les esprits.
Le point de vue que nous avons sur nous-mêmes est partiel et partiel
Il arrive souvent, même lorsque nous sommes adultes, que des aspects de notre personnalité nous
échappent, en particulier nos défauts.
Nous en sommes inconscients jusqu'à ce que des amis ou des
personnes de notre entourage nous en fassent la remarque.
Seuls les autres peuvent avoir sur nous un
regard objectif, car distancié.
D'ailleurs comment peut-on être à la fois le sujet et l'objet de la
connaissance de soi.
Rousseau montrera que l'amour-propre vient fausser notre relation à nous-même et
aux autres.
« L'amour de soi, qui ne regarde qu'à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais
l'amour-propre, qui se compare, n'est jamais content et ne saurait l'être, parce que ce sentiment, en
nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible.
Voilà
comment les passions douces et affectueuses naissent de l'amour de soi, et comment les passions
haineuses et irascibles naissent de l'amour-propre.
Ainsi, ce qui rend l'homme essentiellement bon est
d'avoir peu de besoins et de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant est
d'avoir beaucoup de besoins et de tenir beaucoup à l'opinion.
Sur ce principe, il est aisé de voir comment
on peut diriger au bien ou au mal toutes les passions des enfants et des hommes.
Il est vrai que ne
pouvant vivre toujours seuls, ils vivront difficilement toujours bons : cette difficulté même augmentera
nécessairement avec leurs relations, et c'est en ceci surtout que les dangers de la société nous rendent
les soins plus indispensables pour prévenir dans le coeur humain la dépravation qui naît de ses nouveaux
besoins.
» Jean-Jacques ROUSSEAU, Émile, Livre quatrième.
Autrui, le médiateur indispensable
D'emblée, nous nous croyons d'abord, peut-être, seul au monde.
Et si nous reconnaissons vite que nous ne sommes pas seuls au
monde, nous croyons pourtant que c'est autour de nous que le
monde se constitue, comme si, en tant que sujet, nous étions le
centre autour duquel tout devait se disposer.
Mais à mieux
examiner sa situation, le sujet se rend compte qu'il n'a pas d'être
en tant que tel, mais que, pour être, il est totalement dépendant
d'autrui, de son existence, de son jugement, de son approbation.
Sartre en donne des exemples concrets.
Tout ce qui semble faire
un caractère (être jaloux), tout ce qui semble faire une qualité
qu'on se serait appropriée (être intelligent), ou un défaut qu'on
revendique (être méchant) n'est pas une propriété dont on
disposerait d'abord et une fois pour toutes.
Il y faut la
reconnaissance d'autrui.
Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même
Ainsi, pour Sartre, le moi ne peut prétendre, par la seule
introspection, se connaître.
Autrui est le médiateur indispensable
pour que le moi puisse atteindre sa vérité : « pour obtenir une
vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre ».
Cette
position d'autrui comme médiateur fait que le sujet n'est sujet que.
»
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