L'erreur est-elle un fait de l'entendement ou de la volonté ?
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«
L'erreur est-elle un fait de l'entendement ou de la volonté ?
La genèse de l'erreur n'a pas toujours été exactement comprise par 'les philosophes.
Les uns, exagérant les causes
logiques.
ont prétendu qu'elle vient uniquement de l'intelligence.
Les autres, ne voyant que les causes morales, ont
affirmé qu'elle venait uniquement de la volonté.
A.
—Théorie de Spinoza.
— D'après Spinoza, renouvelant la théorie Ale Platon, l'erreur vient uniquement de
l'intelligence.
Elle est quelque chose de négatif, une vérité incomplète, inadéquate, une moindre vérité résultant de
la nature même de notre esprit borné, imparfait.
a) Cette théorie confond d'abord l'erreur et l'ignorance.
L'erreur n'est papas une simple limitation de la vérité, niais
une affirmation positive, une synthèse erronée, qui présente les mêmes caractères que la synthèse vraie.
b) Elle supprime en outre toute distinction essentielle entre la vérité et l'erreur.
Si l'erreur est une moindre vérité, la
vérité est une moindre erreur, et tout jugement peut être à la fois vrai et faux.
c) Enfin, toutes nos -erreurs seraient excusables, car l'intelligence, étant une faculté nécessaire, si elle est seule la
cause de l'erreur, tous nos jugements sont nécessaires, et par suite leur moralité ne nous est pas imputable.
B.
— Théorie de Descartes.
— D'après Descartes, l'erreur est due à une
seule cause, la volonté.
C'est elle qui juge, qui affirme, qui nie.
L'intelligence
se borne à percevoir les idées.
Si les idées sont claires et distinctes, la
volonté est déterminée à affirmer: si elles sont obscures et confuses, elle
reste libre de juger comme il lui plaît ou de suspendre son, jugement.
a) Cette doctrine est fausse dans son principe : elle pose que le jugement est
un acte.
de la volonté.
Or, nous avons vu qu'il est essentiellement un acte de
l'intelligence.
b) Elle est en outre condamnée par ses.
conséquences.
Si c'est la volonté qui
juge, si elle est libre de se prononcer comme il lui plait, il s'ensuit que toute
erreur est volontaire et libre, et par la même coupable : ce qu'il est impossible
d'admettre.
C.
— Conclusion.
— Il faut donc conclure que ces deux théories extrêmes
sont incomplètes.
On ne saurait absoudre toutes les erreurs, ni rendre
responsable de toutes.
Elles ne viennent donc ni uniquement de l'intelligence,
ni uniquement de la volonté, mais de l'action simultanée de ces deux facultés.
a) Part de l'intelligence L'erreur, étant toujours formulée dans un jugement,
est essentiellement un acte de l'intelligence.
Rappeler en outre les causes
logiques de l'erreur : inexactitudes de nos idées, de nos représentations,
présence d'idées anciennes dans notre esprit, d'habitudes, d'associations
formées, etc.
b) Part de la volonté.
Préciser le rôle de la volonté.
On peut dire qu'il est plutôt négatif que positif ; elle pèche
plutôt par omission que par action.
En effet, il dépend de la volonté de suspendre le jugement, d'arrêter l'affirmation,
de soutenir l'attention, de dissiper les préventions, les préjugés, de détruire l'habitude, de provoquer le contrôle de
la tendance irréfléchie, etc.
En ce sens, on peut dire que la volonté est la cause universelle de l'erreur puisqu'elle en
est en somme le seul remède.
Mais elle en est la cause indirecte et, comme dit Leibniz, la cause déficiente Elle ne
fait pas ce qu'elle devrait faire ; elle pèche surtout par imprudence...
»
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