L'erreur a-t-elle un rôle dans l'élaboration de la vérité ?
Extrait du document
«
[Introduction]
Découvrir une vérité est toujours satisfaisant.
Le fait même de la découvrir semble indiquer que jusqu'alors, nous
étions dans l'erreur.
Peut-on ajouter que cette erreur joue un rôle positif dans l'élaboration de la vérité ? La question
peut sembler surprenante puisqu'on admet spontanément que vrai et faux sont contradictoires.
Mais leurs relations
sont peut-être plus subtiles.
[I.
Le tâtonnement pratique]
a.
La psychologie de laboratoire étudie volontiers l'acquisition de comportements pratiques (animaux ou humains,
notamment chez l'enfant) par la méthode des « essais et erreurs ».
Cela indique que, dans la pratique, nous
commençons souvent par avoir un comportement inadapté à une situation avant de le corriger pour trouver le
comportement convenable.
b.
Dans de tels cas, le passage de l'erreur à la vérité ou à l'efficacité suppose une adaptation, mais pas
nécessairement une compréhension de la nature de l'erreur.
c.
Dès que l'on aborde un domaine plus intellectuel, on constate au contraire que l'analyse de la solution fausse
permet une meilleure appropriation de la solution juste (pour la solution d'un problème mathématique, par exemple,
ou un exercice de traduction latine).
d.
Il est donc possible que l'accès à la vérité doive passer par l'erreur et sa critique.
Cela nous rappelle que la vérité
ne nous est pas donnée dès le départ : elle se conquiert ou s'élabore (faute de quoi la connaissance humaine serait
achevée depuis longtemps, c'est-à-dire depuis ses débuts !)
[II.
La vérité philosophique]
a.
Hegel rappelle que ce qui peut dérouter l'amateur de philosophie, c'est de
constater la diversité de systèmes qui prétendent tous être vrais.
Faut-il en
choisir un, et comment ?
b.
Il ajoute que, dans l'histoire de la pensée, l'opposition entre vérité et erreur
doit être conçue sur un autre modèle que la simple opposition blanc-noir.
Par
définition, la vérité s'élabore historiquement (ici non plus, elle n'est pas
donnée toute faite dès le début) : elle ne peut donc progresser qu'en se
dégageant peu à peu des erreurs.
Dès lors, aucun système n'est massivement
vrai ou faux, tout système est au contraire à considérer comme partiellement
vrai et partiellement faux.
c.
Dans cette optique, on admettra (c'est du moins ce qu'affirme Hegel) que
la vérité complète ou « pure », débarrassée de toute erreur, ne peut se
manifester qu'à la fin de l'histoire de la philosophie — lorsque se seront
pleinement développées les vérités partielles contenues dans la suite des
systèmes successifs.
Ce serait dès lors à Hegel lui-même de la formuler,
puisqu'il considère qu'il réalise la philosophie et en accomplit la fin.
d.
Cette affirmation peut se discuter...
et l'on préfère alors penser que la
vérité est toujours en marche..
»
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