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L'émotion est-elle un moyen de connaissance ?

Extrait du document

« [L'émotion élargit le champ de la conscience en rendant celle-ci plus sensible aux choses.

Elle permet, par intuition, de mieux saisir le réel.

On ne peut véritablement connaître que les objets qui nous émeuvent.] L'émotion élargit le champ de la conscience Quand je suis ému, je suis davantage sensible a la beauté, tout ce qui m'entoure.

Loin de brouiller l'esprit, l'émotion permet d'élargir la conscience, de la rendre plus receptive.

La connaissance est une question de sensibilité.

Une conscience obsédée par la rationalité et la maîtrise de soi risque de ne pas voir certaines choses. L'émotion rend plus sensible Être ému, c'est devenir plus sensible, plus perceptif.

Je comprends mieux un beau tableau de Raphaël si je suis touché par son harmonie, par tout ce qu'il exprime d'indicible et d'inexplicable.

De même, je suis plus sensible a la psychologie des gens si je les sens avec le Coeur que si je les analyse avec la raison. Où l'intelligence ne pénètre pas, le sentiment va.

L'émotion nous rend plus intuitifs et nous permet de mieux saisir le monde et les gens.

L'on ne connaît vraiment, d'ailleurs, que ce qui nous touche.

C'est parce que la lecture des philosophes m'émeut que je trouve une vérité dans la philosophie.

Ce qui me laisse insensible me restera impénétrable. Esprit de finesse et esprit de géométrie chez Pascal Il y a un esprit de finesse distinct de l'esprit de géométrie. « [Les géomètres] se perdent dans les choses de finesse, où les principes ne se laissent pas ainsi manier.

On les voit à peine, on les sent plutôt qu'on ne les voit; on a des peines infinies à les faire sentir à ceux qui ne les sentent pas d'eux-mêmes : ce sont choses tellement délicates et si nombreuses, qu'il faut un sens bien délicat et bien net pour les sentir...

» Pascal, Pensées (1670). • Le fait qu'il faille interpréter le monde qui nous entoure suppose que celui-ci a un sens, mais ce sens se dérobe à une saisie immédiate. L'interprète essaie d'être objectif, son interprétation lui paraît la bonne, mais elle n'est «qu'» une interprétation, parmi d'autres possibles.

Cette particularité de l'interprétation impose de recourir à l'«esprit de finesse» tel que Pascal l'oppose à l'«esprit de géométrie». • Face aux problèmes de la vie (les rapports humains par exemple, avec leurs passions et leurs contradictions), on ne dispose pas de principes universellement reconnus; et même si on les avait, on n'aurait souvent pas le temps d'y réfléchir.

C'est là qu'intervient «l'esprit de finesse», c'est-à-dire une capacité à interpréter, en quelque sorte plus vite que la pensée rationnelle, sans avoir de principes fixes, mais sans que cela nous empêche de comprendre le sens de ce qui se passe. « N'est-ce pas indignement traiter la raison de l'homme que de la mettre en parallèle avec l'instinct des animaux, puisqu'on en ôte la principale différence, qui consiste en ce que les effets du raisonnement augmentent sans cesse, au lieu que l'instinct demeure toujours dans un état égal ? Les ruches des abeilles étaient aussi bien mesurées il y a mille ans qu'aujourd'hui, et chacune d'elles forme cet hexagone aussi exactement la première fois que la dernière.

Il en est de même de tout ce que les animaux produisent par ce mouvement occulte'.

La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse ; mais cette science fragile se perd avec les besoins qu'ils en ont : comme ils la reçoivent sans étude, ils n'ont pas le bonheur de la conserver ; et toutes les fois qu'elle leur est donnée, elle leur est nouvelle, puisque, la nature n'ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire, toujours égale, de peur qu'ils ne tombent dans le dépérissement, et ne permet pas qu'ils y ajoutent, de peur qu'ils ne passent les limites qu'elle leur a prescrites.

Il n'en est pas de même de l'homme, qui n'est produit que pour l'infinité.

Il est dans l'ignorance au premier âge de sa vie ; mais il s'instruit sans cesse dans son progrès : car il tire avantage non seulement de sa propre expérience, mais encore de celle de ses prédécesseurs, parce qu'il garde toujours dans sa mémoire les connaissances qu'il s'est une fois acquises, et que celles des anciens lui sont toujours présentes dans les livres qu'ils en ont laissés.

Et comme il conserve ces connaissances, il peut aussi les augmenter facilement.

» PASCAL.. »

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