Leibniz, « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles »
Extrait du document
«
Indications générales
Voltaire s'est moqué de Leibniz — caricaturé par le personnage du savant Pangloss dans Candide — en prêtant à celuici un optimisme touchant à la bêtise tant il restait constant devant les circonstances les plus abominables.
Pourtant
Leibniz (1646-1716) est l'un des plus grands métaphysiciens et mathématiciens de l'histoire.
Lecteur critique de
Descartes*, il discute aussi l'empirisme de Locke* dans ses Nouveaux essais sur l'entendement humain (1704).
La
Monadologie (1721) donne un exposé dense et complet de ce qu'il appelait son «système de l'harmonie préétablie».
C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre la théorie de l'optimisme, qui n'est pas seulement la thèse absurde qu'en fait
Voltaire.
Citation
«Comme il y a une infinité d'univers possibles dans les Idées de Dieu et qu'il n'en peut exister qu'un seul, il faut qu'il y
ait une raison suffisante du choix de Dieu, qui le détermine à l'un plutôt qu'à l'autre.
Et cette raison ne peut se trouver
que dans la convenance ou dans les degrés de perfection, que ces mondes contiennent; chaque possible ayant droit
de prétendre à l'existence à mesure de la perfection qu'il enveloppe.
Et c'est ce qui est la cause de l'existence du
meilleur, que la sagesse fait connaître à Dieu, que sa bonté le fait choisir et que sa puissance le fait produire.
» (La
Monadologie, 1721, § 53-54-55.)
Explication
Leibniz ne dit donc pas que tout va bien pour tout le monde.
La théorie de Leibniz consiste à dire qu'il y a une infinité
de mondes possibles.
La question est donc: pourquoi est-ce le nôtre qui existe? À cela, il faut d'après lui répondre que
le monde réel est nécessairement le meilleur des mondes possibles, parce que c'est le seul qui corresponde à l'idée de
la bonté de Dieu.
Si Dieu est infiniment bon, il n'a pu créer que le meilleur des mondes, même si cela n'est pas visible
tous les jours pour les hommes.
Pour Leibniz, il s'agit d'une démonstration, fondée sur la définition de Dieu.
Exemple d'utilisation
La théorie de Leibniz est provocante et intéressante pour toute réflexion sur le Mal.
Si Dieu est bon, comment le Mal
est-il possible? Pourquoi souffrons-nous? Leibniz ne nie pas l'existence de la souffrance, il dit que ce qui apparaît
comme un mal au niveau de l'existence humaine ne peut être compris que comme une circonstance nécessaire dans le
calcul que fait Dieu pour créer un univers optimal.
SUJET TYPE: Si Dieu est bon, comment le mal est-il possible?
Contresens à ne pas commettre
Le meilleur des mondes possibles n'est pas un monde entièrement bon.
C'est le contresens que fait Voltaire, et qui
explique ses railleries.
Mais c'est confondre la perception humaine et la compréhension divine, qui ne voient pourtant
pas les choses à la même échelle.
C'est pour cela aussi que l'« optimisme» de Leibniz ne peut que modérément nous
rendre optimistes face à l'existence, car il ne garantit en rien que nous ne souffrirons pas et que tout ira pour le mieux
pour nous..
»
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