Leibniz: L'harmonie préétablie
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Leibniz: L'harmonie préétablie
RAPPEL: LA MONADE CHEZ LEIBNIZ
Ce terme renvoie à l'unité spirituelle élémentaire dont tout ce qui existe est
composé.
La monade est à la métaphysique ce que le point est à la géométrie à
la fois unique et en nombre infini.
Il n'y a pas chez Leibniz de dualisme (d'un côté
l'âme et de l'autre l'esprit).
Mêmes les minéraux ou les végétaux possèdent une
dimension spirituelle ! Il y a des monades douées de mémoire chez les animaux,
des monades douées de raison comme chez les hommes.
Aucune monade ne
ressemble à une autre.
Chacune d'elles représente le monde de manière toujours
particulière et plus ou moins claire, à la manière de miroirs plus ou moins bien
polis.
A la faveur de la bonté et de l'omniscience divines, toutes les monades
constituent un tout harmonieux, car chacune est comme un monde fermé, sans
portes ni fenêtres, cad sans communication.
PRESENTATION DES "ESSAIS DE THEODICEE" DE LEIBNIZ
Cet ouvrage tardif et volumineux, écrit dans un style exotérique, contraste avec
les courts traités très ramassés et techniques que sont le Discours de
métaphysique ou la Monadologie.
Il a pour objet la justice de Dieu.
Le
néologisme « théodicée » est formé à partir des deux mots grecs de Dieu et de
justice.
Leibniz (1646-1716) y reprend la question théologique lancinante de
l'existence du mal dans le monde, qui semble une injure incompatible avec la puissance et la bonté divine.
Il prend ainsi
la défense de la cause de Dieu, en juriste et en métaphysicien, grâce à son système de l'harmonie préétablie.
Il
polémique le plus souvent avec Bayle, que le célèbre Dictionnaire historique et critique avait érigé au sein de l'Europe
savante de la fin du grand siècle en figure de la lutte contre la superstition et avec qui la discussion critique sur ce
sujet avait commencé dix ans plus tôt.
Comment rendre le mal nécessaire et prouver, avec la raison, que le monde en est ainsi rendu meilleur, et non pas,
selon toute apparence, plus mauvais ? Comment ce qui semble par excellence imperfection peut-il être le produit de
l'être le plus parfait, qui, par sa puissance infinie, aurait pu l'éviter et qui, du fait de sa bonté infinie, n'aurait dû le
tolérer ? Faut-il se contenter, comme l'a fait une partie de la tradition théologique, de réduire le mal à ce que l'homme
créé libre a produit ? Ou symétriquement, faut-il considérer que l'homme ne peut rien, le destin étant inflexible et les
voies de Dieu définitivement mystérieuses ?
1.
Pas de rapports directs entre les monades
Chaque monade (« sans porte, ni fenêtres ») est liée à toutes les autres qui composent l'univers, non pas en vertu
d'un rapport mécanique interindividuel, puisque les monades ne sont pas des corps composés et ne peuvent donc agir
les unes sur les autres, mais d'un rapport d'entre-expression.
Chacune étant un point de vue sur le monde, elles
expriment donc d'une certaine manière le monde, la totalité ; en cela, leur rapport est d'entre-expression.
En l'absence
de rapport réel entre les monades, le tout est perçu de manière interne par la monade de son point de vue, suivant
une série dynamique préétablie par Dieu, qui a prévu l'enchaînement des changements de toutes les monades : cette
perception exprime l'univers.
Chaque substance singulière exprime ainsi tout l'univers à sa manière, de son point de
vue.
2.
La théodicée
Dans cet ordre, nous constatons qu'il y a du désordre, du mal : ce n'est pas là l'effet d'une imperfection de Dieu, ou
une limitation de Sa puissance ; Dieu a seulement choisi par un calcul l'univers le meilleur possible, entre tous les
univers possibles.
L'optimisme leibnizien ne consiste donc pas à dire que nous vivons dans un monde parfait.
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
La trop fameuse formule : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles» apparaît en substance
dans un ouvrage de Leibniz (1646-1716) qui sut mettre son génie de logicien au service de la religion : La Théodicée
(1710), dont le titre exact est : Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal.
La Théodicée est un ouvrage où Leibniz s'efforce de résoudre quelques problèmes classiques posés à la théologie, et
qu'il énonce ainsi :
« Quand il n'y aurait point de concours (le Dieu aux mauvaises actions, on ne laisserait pas de trouver de la difficulté
en ce qu'il les prévoit et qu'il les permet, les pouvant empêcher par sa toute-puissance.»
Comment peut-on concilier la bonté de Dieu avec l'existence du mal ? Comment peut-on concilier la liberté humaine
avec la toute-puissance divine ?
Le terme même de théodicée signifie « justice de Dieu » (du grec théos qui signifie « Dieu » et dikè qui signifie « justice
»).
Leibniz est le premier à avoir formé ce néologisme qui devait rester dans la langue philosophique.
Mais les problèmes
qu'il pose sont bien connus et Épicure (341-270 avant J.-C.) en avait déjà donné une formulation vigoureuse, qui
tendait à prouver que notre conception du divin est parfaitement erronée.
Le but de Leibniz est tout autre, puisqu'il.
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