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Leibniz: Les petites perceptions

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« Leibniz: Les petites perceptions RAPPEL: LA MONADE CHEZ LEIBNIZ Ce terme renvoie à l'unité spirituelle élémentaire dont tout ce qui existe est composé.

La monade est à la métaphysique ce que le point est à la géométrie à la fois unique et en nombre infini.

Il n'y a pas chez Leibniz de dualisme (d'un côté l'âme et de l'autre l'esprit).

Mêmes les minéraux ou les végétaux possèdent une dimension spirituelle ! Il y a des monades douées de mémoire chez les animaux, des monades douées de raison comme chez les hommes.

Aucune monade ne ressemble à une autre.

Chacune d'elles représente le monde de manière toujours particulière et plus ou moins claire, à la manière de miroirs plus ou moins bien polis.

A la faveur de la bonté et de l'omniscience divines, toutes les monades constituent un tout harmonieux, car chacune est comme un monde fermé, sans portes ni fenêtres, cad sans communication. 1.

Perceptions insensibles Chaque monade est un « miroir de l'univers », mais ne s'aperçoit pas nécessairement de tout ce qu'elle perçoit : ainsi, certaines perceptions sont trop petites pour être aperçues ; l'homme n'en a pas conscience.

« Meunier, tu dors [...] » : le meunier dort sans s'apercevoir du bruit que fait son moulin, un bruit que pourtant il perçoit inconsciemment. 2.

L'ordre dans la multiplicité Lorsque nous écoutons un orchestre, nous percevons le son que produit l'ensemble, mais ne percevons pas, à moins de nous concentrer et de perdre par là même la mélodie, les séries parallèles des sons produits par chacun des instruments.

Le monde est à l'image de cet orchestre : chaque monade ne communique qu'avec le chef d'orchestre (Dieu), qui imprime la série des sons qu'elle doit produire et par lesquels elle est liée aux autres monades, puisque ce son entre en interaction avec les autres sons pour produire l'harmonie universelle.

Mais les monades n'écoutent pas les sons des autres instruments, sous peine de perdre le fil de leur partition et de produire une fausse note par rapport au plan établi par le chef d'orchestre. "D'ailleurs, il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais jointes à d'autres, elles ne lais- P.

sent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage.

C'est ainsi que l'accoutumance fait que nous ne prenons pas garde au mouvement d'un moulin ou à une chute d'eau, quand nous avons habité tout auprès depuis quelque temps.

Ce n'est pas que ce mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dans l'âme qui y réponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme et dans le corps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre attention et notre mémoire, attachées à des objets plus occupants." Descartes avait associé inextricablement la perception et la conscience : il n'y a pour lui de perceptions que conscientes.

C'est cette thèse que conteste Leibniz dans ce passage de la Préface des Nouveaux Essais sur l'entendement humain.

Il y a des perceptions qui ne sont pas accompagnées de conscience et d'attention. Leibniz établit cette thèse en deux moments : il expose d'abord celle-ci dans la première phrase (jusqu'à « dans l'assemblage »), puis l'illustre et l'éclaire au moyen d'un exemple. 1.

Il y a en nous une infinité de perceptions inconscientes A.

La première phrase n'est pas une démonstration, mais l'exposition de la thèse de Leibniz.

II y a constamment en nous des perceptions qui ne sont pas accompagnées d'aperception et de réflexion, c'est-à-dire de conscience. L'aperception est en effet identique à la conscience, et la réflexion désigne le fait de penser à ses propres états de conscience. B.

Le philosophe donne ensuite la raison principale du caractère inconscient de ces perceptions, leur intensité trop faible.

En outre, les perceptions ne sont conscientes que si leur nombre est suffisamment restreint et si elles ne sont pas trop confondues : sans cela, l'esprit ne peut les appréhender que confusément, autrement dit, il est incapable de les distinguer. C.

Leibniz souligne dans la fin de la phrase le caractère actif de ces perceptions inconscientes, qu'il appelle parfois « petites perceptions ».

Même si elles ne sont pas consciemment perçues par l'esprit, elles agissent néanmoins sur lui et déterminent, avec les perceptions conscientes, ses volontés et ses actions.

Elles agissent confusément, puisque la confusion s'oppose à la distinction, c'est-à-dire à la capacité de distinguer consciemment.. »

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