LEIBNIZ: «Les monades sont sans portes ni fenêtres.»
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Thème 392
LEIBNIZ: «Les monades sont sans portes ni fenêtres.»
RAPPEL: LA MONADE CHEZ LEIBNIZ
Ce terme renvoie à l'unité spirituelle élémentaire dont tout ce qui existe est composé.
La monade est à la
métaphysique ce que le point est à la géométrie à la fois unique et en nombre infini.
Il n'y a pas chez Leibniz de
dualisme (d'un côté l'âme et de l'autre l'esprit).
Mêmes les minéraux ou les végétaux possèdent une dimension
spirituelle ! Il y a des monades douées de mémoire chez les animaux, des monades douées de raison comme chez les
hommes.
Aucune monade ne ressemble à une autre.
Chacune d'elles représente le monde de manière toujours
particulière et plus ou moins claire, à la manière de miroirs plus ou moins bien polis.
A la faveur de la bonté et de
l'omniscience divines, toutes les monades constituent un tout harmonieux, car chacune est comme un monde fermé,
sans portes ni fenêtres, cad sans communication.
Critique de l'empirisme.
«Les monades sont sans portes ni fenêtres.» Leibniz, la Monadologie (1714).
• La conception leibnizienne prolonge celle de Descartes dans sa critique de l'empirisme.
Leibniz, à contre-courant de la
conception courante, affirme que c'est chaque conscience (ou monade) qui, de son propre fonds, produit la suite des
représentations dont elle est le foyer.
• Ce qui montre en particulier que certaines connaissances sont indépendantes de l'expérience, ce sont les
mathématiques.
Comme Platon le disait déjà, nos concepts mathématiques (le concept de cercle par exemple) sont
des formes abstraites que nous ne rencontrons jamais véritablement dans l'expérience: aucun cercle réel, matériel,
n'est le cercle parfait des géomètres.
Leibniz, né à Leipzig en 1646 et mort à Hanovre en 1716, est un génie vraiment encyclopédique : grand mathématicien,
grand naturaliste, grand jurisconsulte, grand historien, grand érudit, il appartient aussi à cette famille d'esprits
puissants et originaux qui ont renouvelé et agrandi la métaphysique et laissé dans l'histoire de la philosophie une trace
immortelle, Socrate, Platon, Aristote, Plotin, Descartes.
Sa philosophie est contenue dans une foule d'opuscules et de grands ouvrages dont les principaux sont : les Nouveaux
Essais sur l'entendement humain, oie, à l'axiome empirique de Locke : Nihil est in intellectu quod prius non fuerit in
sensu , Leibniz oppose sa fameuse exception : Excipe, nisi ipse intellectus; les Essais de Théodicée sur la bonté de
.Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal, composés à la prière de la reine de Prusse, Sophie-Charlotte, pour
répondre aux objections de Bayle contre la Providence, et enfin la Monadologie, qui est comme un résumé de
métaphysique, dédié au prince Eugène de Savoie.
Le caractère général de la philosophie de Leibniz, c'est l'éclectisme : son vaste génie, qui connaissait toutes les
théories scientifiques et philosophiques, n'aspirait qu'à les concilier, à les compléter, à les harmoniser.
« J'ai été frappé,
dit-il quelque part, d'un nouveau système.
Ce système paraît allier Platon avec Démocrite, Aristote avec Descartes, les
Scolastiques avec les modernes, la théologie et la morale avec la raison.
Il semble qu'il prend le meilleur de tous côtés
et qu'après il va plus loin qu'on n'est allé encore.
»
Le point capital de la philosophie de Leibniz, c'est sa théorie des Monades.
Les Monades, du grec, unité, sont des
forces, des unités de force, ou des substances simples, c'est-à-dire sans partie, créées par Dieu et ne pouvant périr
que par annihilation.
Elles diffèrent à l'infini par leurs qualités, sans lesquelles elles seraient «indiscernables», et sont
douées de deux propriétés essentielles, l'appétition et la perception.
— L'appétition est une sorte d'action, d'effort, de
nisus interne, qui fait que les Monades changent continuellement et passent d'une perception à une autre.
Le principe
de tous leurs changements réside en elles-mêmes et elles n'exercent les unes sur les autres aucune influence : « Les
Monades n'ont point de fenêtres par lesquelles quelque chose y puisse entrer ou sortir.
» « Tout leur naît de leur
propre fonds, » comme dit Leibniz.
— La perception est l'état passager par lequel les Monades représentent, expriment
l'univers tout entier, la multitude dans l'unité : chacune d'elles, en effet, est l'univers en abrégé, un microcosme, un
miroir vivant qui réfléchit l'univers sous un point de vue particulier.
— Il y a une infinité de ces Monades, qui sont les
véritables atomes de la nature, les éléments des choses : ainsi les Monades nues, qui n'ont que des perceptions
inconscientes, constituent la matière et les corps, au dire de Leibniz, qui s'efforce en vain de démontrer que des forces
immatérielles peuvent occuper des places, les unes par rapport aux autres; les Monades sensitives, qui ont des
perceptions plus vives et plus relevées, forment les âmes des bêtes, dans lesquelles nous remarquons une espèce de
consécution qui imite la raison, mais qui doit en être distinguée; les Monades raisonnables, qui connaissent les vérités
nécessaires et éternelles, sont les âmes humaines; enfin il y a la Monade suprême ou Dieu, dont les perceptions sont
parfaites et infinies et qui est une substance nécessaire, dernière raison des choses.
L'harmonie préétablie découle naturellement de cette théorie : puisque les Monades sont solitaires, inaccessibles à
toute influence du dehors, il faut que Dieu, leur Créateur, ait déterminé à l'avance leurs changements et leurs relations
: en réglant le tout, il a eu égard à chaque partie et toutes les parties sont tellement liées entre elles qu'il ne peut se
produire aucun changeaient, qui n'ait pour ainsi dire son retentissement dans l'univers entier, par suite de ce que
Leibniz appelle « la connexion de toute la matière dans le plein ».
« Celui qui voit tout pourrait lire dans chaque corps
ce qui se fait partout et même ce qui s'est fait ou se fera, en remarquant clans le présent ce qui est éloigné, tant
selon les temps que selon les lieux.
L'ensemble des êtres est donc pareil « à un choeur de musiciens » dont chacun,
faisant sa partie sans entendre distinctement les autres, mais docile au chef commun qui les dirige tous, contribue à.
»
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