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Leibniz: La force de l'esprit

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« Le grand dessein de Leibniz est de réconcilier les opposés : dans chaque système il « prend le meilleur » ; de toutes les philosophies, il montre à la fois la part de vérité, les limites et la mutuelle complémentarité.

Ainsi, s'il est vrai que l'on peut expliquer le vivant par des raisons mécaniques (Descartes), on ne doit pas oublier que le mécanique est subordonné à une fin, et organisé par un principe immatériel qui le porte : l'âme (Aristote).

S'il est vrai que l'expérience nous instruit (Locke), il ne faut pas oublier le rôle des idées innées (Descartes), qui forment l'armature d'une connaissance organisée. 1.

De la physique à la métaphysique A.

Critique de Descartes Les recherches de Leibniz en sciences physiques le conduisent à critiquer la conception cartésienne de la matière. La substance corporelle ne se réduit pas à l'étendue, c'est-à-dire à la simple propriété d'être située dans l'espace et d'en occuper une partie. Car si la matière « prend de la place », c'est d'abord qu'elle résiste, exerce une puissance, une sorte d'effort. L'extension dans l'espace, à laquelle on voulait la réduire, présuppose une action.

L'étude de la chute des corps, à la suite de Galilée, confirme cette idée.

Il faut admettre dans les corps quelque chose d'invisible — différent de la masse et de la vitesse — qui explique leur virtuelle puissance d'agir : la force. Ainsi l'explication des phénomènes matériels fait-elle intervenir une cause immatérielle.

C'est la force qui constitue l'essence intime des corps, dont l'extension spatiale n'est que le déploiement.

La science elle-même découvre ainsi le « métaphysique » au coeur du physique. B.

L'exigence d'une unité véritable L'idée de force permet également de résoudre le problème de l'unité des corps.

L'étendue étant divisible à l'infini, on ne peut en effet trouver en elle aucun principe d'unité. Les atomes de matière sont une fiction qui ne résout rien car, aussi petits soient-ils, ils auront toujours des parties, et seront toujours divisibles en droit. D'où les corps tireront-ils donc leur unité, si la matière étendue en est dépourvue ? Nécessairement d'un être sans partie, indivisible, donc immatériel.

Cet être, c'est la force, principe interne de cohésion dans les corps.

Les vrais atomes ne sont donc pas ceux de la physique, mais des points d'énergie immatériels.

Ce sont des formes, qui organisent la matière, comme l'âme organise le corps.

Leibniz les appelle « monades » (du grec « monas » : unité) (Monadologie). 2.

Les monades RAPPEL: LA MONADE CHEZ LEIBNIZ Ce terme renvoie à l'unité spirituelle élémentaire dont tout ce qui existe est composé.

La monade est à la métaphysique ce que le point est à la géométrie à la fois unique et en nombre infini.

Il n'y a pas chez Leibniz de dualisme (d'un côté l'âme et de l'autre l'esprit).

Mêmes les minéraux ou les végétaux possèdent une dimension spirituelle ! Il y a des monades douées de mémoire chez les animaux, des monades douées de raison comme chez les hommes.

Aucune monade ne ressemble à une autre.

Chacune d'elles représente le monde de manière toujours particulière et plus ou moins claire, à la manière de miroirs plus ou moins bien polis.

A la faveur de la bonté et de l'omniscience divines, toutes les monades constituent un tout harmonieux, car chacune est comme un monde fermé, sans portes ni fenêtres, cad sans communication. A.

Le spirituel au fond du corporel En trouvant la force, nous avons quitté l'étendue pour l'immatériel, l'extériorité pour l'intériorité, l'inerte pour le dynamique, bref découvert au fond de la matière ce que l'on peut déjà nommer l'esprit. Car, du caillou jusqu'à Dieu, en passant par les végétaux et les animaux, la nature est une hiérarchie de monades, une ascension continue vers l'esprit, depuis la force jusqu'à l'intelligence infinie.

Au fond, les corps sont des âmes sans conscience ni mémoire, des esprits momentanés.

S'ils sont quelque chose, c'est dans la mesure seulement où, étant des forces, ils sont un peu des esprits. Chaque monade se distingue de toutes les autres par sa qualité interne, qui est sa perception de l'univers. B.

La perception Percevoir, c'est avoir un point de vue particulier sur la multitude extérieure, la représenter à travers notre propre unité.

Tout étant lié dans l'univers, chaque parcelle n'étant ce qu'elle est qu'en vertu de ce que sont toutes les autres, on pourrait, en droit, retrouver l'ensemble de l'univers à partir d'une seule partie. Toute monade peut donc être considérée comme une expression, comme un, point de vue singulier sur l'univers, bref comme une perception du Tout.

On voit donc que toute perception n'est pas consciente : les pierres, les plantes expriment l'univers sans le savoir. Les animaux — organismes vivants supérieurs —, eux, sont doués de « sentiment » : ils font l'épreuve de leur perception, mais ne prennent pas de distance par rapport à ce qu'ils vivent.

Ils ont une âme, mais ne sont pas des « esprits ». Seul l'homme s'aperçoit de ses perceptions et les distingue de soi : il peut dire « moi » (il est doué d'«aperception »).

Cependant, l'activité de l'esprit humain ne se limite pas à la conscience : j'ai de nombreuses. »

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