LEIBNIZ
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«
PRESENTATION DES "ESSAIS DE THEODICEE" DE LEIBNIZ
Cet ouvrage tardif et volumineux, écrit dans un style exotérique, contraste avec les courts traités très ramassés et
techniques que sont le Discours de métaphysique ou la Monadologie.
Il a pour objet la justice de Dieu.
Le néologisme «
théodicée » est formé à partir des deux mots grecs de Dieu et de justice.
Leibniz (1646-1716) y reprend la question
théologique lancinante de l'existence du mal dans le monde, qui semble une injure incompatible avec la puissance et la
bonté divine.
Il prend ainsi la défense de la cause de Dieu, en juriste et en métaphysicien, grâce à son système de
l'harmonie préétablie.
Il polémique le plus souvent avec Bayle, que le célèbre Dictionnaire historique et critique avait
érigé au sein de l'Europe savante de la fin du grand siècle en figure de la lutte contre la superstition et avec qui la
discussion critique sur ce sujet avait commencé dix ans plus tôt.
Comment rendre le mal nécessaire et prouver, avec la raison, que le monde en est ainsi rendu meilleur, et non pas,
selon toute apparence, plus mauvais ? Comment ce qui semble par excellence imperfection peut-il être le produit de
l'être le plus parfait, qui, par sa puissance infinie, aurait pu l'éviter et qui, du fait de sa bonté infinie, n'aurait dû le
tolérer ? Faut-il se contenter, comme l'a fait une partie de la tradition théologique, de réduire le mal à ce que l'homme
créé libre a produit ? Ou symétriquement, faut-il considérer que l'homme ne peut rien, le destin étant inflexible et les
voies de Dieu définitivement mystérieuses ?
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
La trop fameuse formule : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des
mondes possibles» apparaît en substance dans un ouvrage de Leibniz (16461716) qui sut mettre son génie de logicien au service de la religion : La
Théodicée (1710), dont le titre exact est : Essais de théodicée sur la bonté de
Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal.
La Théodicée est un ouvrage où Leibniz s'efforce de résoudre quelques
problèmes classiques posés à la théologie, et qu'il énonce ainsi :
« Quand il n'y aurait point de concours (le Dieu aux mauvaises actions, on ne
laisserait pas de trouver de la difficulté en ce qu'il les prévoit et qu'il les permet,
les pouvant empêcher par sa toute-puissance.»
Comment peut-on concilier la bonté de Dieu avec l'existence du mal ? Comment
peut-on concilier la liberté humaine avec la toute-puissance divine ?
Le terme même de théodicée signifie « justice de Dieu » (du grec théos qui
signifie « Dieu » et dikè qui signifie « justice »).
Leibniz est le premier à avoir
formé ce néologisme qui devait rester dans la langue philosophique.
Mais les
problèmes qu'il pose sont bien connus et Épicure (341-270 avant J.-C.) en avait
déjà donné une formulation vigoureuse, qui tendait à prouver que notre
conception du divin est parfaitement erronée.
Le but de Leibniz est tout autre,
puisqu'il s'agit de défendre la cause de Dieu.
Voltaire a eu beau jeu dans Candide (1759) de se gausser d'une formule qu'il ne comprend pas et qu'il malmène.
Leibniz
n'écrit pas «tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », mais
« L'on a montré que cet univers doit être effectivement meilleur que tout autre univers possible »
ou encore :
« Il faut dire que Dieu, entre les suites possibles de choses, infinies en nombre, a choisi la meilleure, et que par
conséquent la meilleure est celle-là même qui existe en acte.»
Ce qui varie de la formule voltairienne à la formule vraie de Leibniz est l'idée de pluralité.
Dieu conçoit une infinité de
mondes possibles, et il choisit suivant le principe du meilleur.
Cela ne veut pas dire que Leibniz nie le mal et que nous
vivons «dans le meilleur des mondes », mais que tous les autres mondes possibles, que Dieu a conçus, sans choisir de
les faire exister, seraient pires.
Ce qui, avouons-le, n'est guère réjouissant, Leibniz va jusqu'à écrire :
« En outre, si Dieu n'avait pas choisi la meilleure suite universelle (suite dans laquelle le péché intervient), il aurait
admis quelque chose de pire que tout péché des créatures.
»
Le Dieu de Leibniz n'est pas un despote, ni, comme chez Descartes, un « libre créateur des vérités éternel-les ».
Dieu
est en quelque sorte « assujetti » à la logique.
Si son esprit comprend et conçoit tout ce qui peut ou pourrait exister, il
ne crée pas les vérités : il les comprend.
La création consiste alors à élire, parmi toutes les possibilités concevables et
calculables, celle qui offre le plus de perfection, compte tenu de la limitation des créatures, de leur imperfection.
Le
Dieu de Leibniz est avant tout calculateur, logicien.
Guidé par le
principe du meilleur, il porte à l'existence la totalité la plus harmonieuse.
Ce qui apparaît aux créatures comme une déficience, comme un mal, comme une imperfection, doit être en vérité
compris comme l'élément d'un ensemble :
«Ainsi il peut se faire que, dans une construction ou une décoration, on ne choisisse pas la pierre la plus belle, ou la
plus précieuse, mais celle qui remplit le mieux la place vide.
»
Il faut donc comprendre non pas que le mal n'existe pas, que l'imperfection n'existe pas, mais qu'ils permettent la.
»
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