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LEIBNIZ

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Maintenant il faut s'élever à la Métaphysique, en nous servant du grand principe peu employé communément, qui porte que rien ne se fait sans une raison suffisante, c'est-à-dire que rien n'arrive sans qu'il soit possible à celui qui connaîtrait assez les choses, de rendre une raison qui suffise pour déterminer pourquoi il en est ainsi, et non pas autrement. Ce principe posé, la première question qu'on a droit de faire, sera pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien. Car le rien est plus simple et plus facile que quelque chose. De plus, supposé que des choses doivent exister, il faut qu'on puisse rendre raison pourquoi elles doivent exister ainsi, et non autrement. Or, cette raison suffisante ne se saurait trouver sans la suite des choses contingentes. Ainsi, il faut que la raison suffisante, qui n'ait plus besoin d'une autre raison, soit hors de cette suite des choses contingentes, et se trouve dans une substance qui en soit la cause, et qui soit un être nécessaire, portant la raison de son existence avec soi. Autrement on n'aurait pas encore une raison suffisante, où l'on puisse finir. Et cette dernière raison des choses est appelée Dieu. LEIBNIZ

« Maintenant il faut s'élever à la Métaphysique, en nous servant du grand principe peu employé communément, qui porte que rien ne se fait sans une raison suffisante, c'est-à-dire que rien n'arrive sans qu'il soit possible à celui qui connaîtrait assez les choses, de rendre une raison qui suffise pour déterminer pourquoi il en est ainsi, et non pas autrement.

Ce principe posé, la première question qu'on a droit de faire, sera pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien.

Car le rien est plus simple et plus facile que quelque chose.

De plus, supposé que des choses doivent exister, il faut qu'on puisse rendre raison pourquoi elles doivent exister ainsi, et non autrement. Or, cette raison suffisante ne se saurait trouver sans la suite des choses contingentes. Ainsi, il faut que la raison suffisante, qui n'ait plus besoin d'une autre raison, soit hors de cette suite des choses contingentes, et se trouve dans une substance qui en soit la cause, et qui soit un être nécessaire, portant la raison de son existence avec soi.

Autrement on n'aurait pas encore une raison suffisante, où l'on puisse finir.

Et cette dernière raison des choses est appelée Dieu. Leibniz s'est efforcé, à de nombreuses reprises, de démontrer de manière rigoureuse l'existence de Dieu.

Insatisfait par l'argument ontologique cartésien, qui démontre cette existence à partir de l'idée de Dieu, il a suggéré des améliorations ou des preuves alternatives.

Dans ce passage des Principes de la nature et de la grâce, en particulier, il présente une preuve reposant sur le principe de raison suffisante et sur le caractère contingent des êtres existants. Cette preuve se déroule en deux moments : dans le premier paragraphe, Leibniz présente le principe de raison suffisante et les manières de l'appliquer aux objets existants.

Dans les deux autres paragraphes, il se sert de ce principe pour démontrer l'existence de Dieu. 1.

Le principe de raison suffisante A.

La première phrase énonce ce principe : « rien ne se fait sans une raison suffisante ».

La raison de quelque chose est ce qui explique l'existence et la nature de cette chose.

Cette raison est suffisante si, à elle seule, elle fournit l'explication requise.

Après avoir énoncé ce principe, Leibniz en propose une courte explication.

Tout a une raison ne signifie pas que nous autres, êtres humains, puissions tout expliquer, mais que l'explication de ce qui arrive est possible et accessible à un être différent de nous-mêmes. B.

Dans le deuxième moment du premier paragraphe, le philosophe expose deux manières d'appliquer ce principe aux choses qui existent.

La première porte exclusivement sur le fait même de l'existence de ce qui existe : « pourquoi y at-il quelque chose plutôt que rien ? », la seconde sur la façon dont ce qui existe existe : pourquoi les choses doiventelles exister comme elles existent? Comment ce principe permet-il à Leibniz de prouver l'existence de Dieu ? 2.

La preuve de l'existence de Dieu A.

Le deuxième paragraphe est extrêmement important : il applique le principe de raison suffisante à l'univers entier, c'est-à-dire à l'ensemble des choses, et non plus seulement à certaines choses douées d'existence au sein de cet univers.

En outre, il souligne qu'aucune chose contingente ne peut expliquer l'existence de l'univers : une chose est contingente si son existence n'est pas nécessaire.

Or, si l'existence d'une chose n'est pas nécessaire, son existence doit être expliquée : il faut donc une raison suffisante pour cette chose.

Enfin, puisque l'univers n'est pas nécessaire, aucun élément de l'univers ne peut fournir la raison suffisante de l'existence de l'univers. B.

Le dernier paragraphe conclut donc à la nécessité de poser l'existence de Dieu.

Le monde étant contingent, il faut une raison suffisante de son existence qui n'ait pas elle-même besoin d'une autre raison suffisante.

Elle ne peut donc appartenir à la suite des choses contingentes, c'est-à-dire à l'univers.

Il faut donc poser hors de ce monde un être nécessaire, c'est-à-dire un être qui soit la propre cause de son existence.

Or, un tel être, c'est Dieu. Discussion Leibniz propose une preuve de l'existence de Dieu en s'appuyant sur une question très importante pour la tradition philosophique européenne : « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?» A.

Une question métaphysique Cette question est très importante.

Elle se distingue de la manière dont Descartes démontre l'existence de Dieu : elle ne repose pas sur l'idée d'un être nécessaire.

Et, par ailleurs, cette question est l'une des plus naturelles que l'homme puisse poser.. »

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