L'éducation donnée à l'enfant et à l'adolescent permet-elle ou empêche-t-elle la liberté de penser ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
ÉDUCATION (n.
f.) 1.
— Processus consistant en ce qu'une ou plusieurs fonctions se développent graduellement
par l'exercice et se perfectionnent.
2.
— Suite des opérations par lesquelles des adultes développent les qualités de l'enfant ( apprentissage,
enseignement ; l'éducation a un caractère global).
3.
— Résultat de 1 ou de 2.
PENSÉE: Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est censée caractériser l'homme, par
opposition à l'animal.
Synonyme d'entendement, de raison.
PENSER: Exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de
la connaissance; unir des représentations dans une conscience.
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
Quel est le but de l'éducation : a-t-elle pour finalité de transmettre les valeurs, les croyances des générations
précédentes, de les inculquer aux jeunes pour qu'ils s'y soumettent aveuglément ou bien s'agit-il de préparer
l'individu à penser par lui-même, pour qu'il soit capable d'un jugement autonome ? Enseigne-t-on des valeurs, des
contenus de croyance ou une manière de penser ? Peut-on enseigner la liberté de penser ? La formulation du sujet
"donnée à l'enfant et à l'adolescent" implique une idée de progression dans le temps : peut-être y a-t-il un temps où
l'on se contente de recevoir sans critiquer (car si on ne sait encore rien, à partir de quoi pourrait-on mener la
critique ?), puis, à partir de ce que l'on a appris, un temps pour commencer à avoir un regard critique sur les bases
de ces connaissances ou croyances.
Ce point de vue est par exemple celui de Wittgenstein qui explique dans les
Investigations philosophiques qu'on reçoit les mathématiques comme une autorité : apprendre, c'est d'abord se
soumettre à un ensemble de pratiques qui sont définies par une institution.
Comment par exemple pourrait-on
critiquer en Terminale ce que le professeur de Mathématiques enseigne, les théorèmes, etc., si on ne connaît pas
déjà les règles et les principes ? Le point de vue inverse serait celui de Descartes (Discours de la méthode) qui
pense que chacun possède en soi les ressources de la pensée, et que l'enseignement reçu doit être entièrement
passé au crible de la critique.
Ces deux points de vue supposent des conceptions très différentes de la pensée : la
pensée a-t-elle besoin de principes ou de contenus pour s'exercer correctement, ou au contraire ce qui est premier
sur les choses qu'on apprend, c'est une pensée qui serait en elle-même juste et droite ?
Analyse du sujet :
l
Le sujet propose une alternative :
1.
2.
Soit l'éducation permet la liberté de penser (ou même est précisément ce qui permet la liberté de
penser, il faudra se le demander plus tard).
Soit elle l'empêche.
l
On note donc que, en aucun cas il n'est considéré que l'éducation peut n'avoir aucune influence sur la
liberté de penser.
l
Ou, plus précisément, comme nous l'avons vu, la première solution peut se comprendre différemment selon
le sens donné à « permettre » :
l
1.
Ou bien on considère « permettre » dans un sens faible, et on le prend comme voulant dire
« n'empêche pas » ;
2.
ou bien on le prend au sens fort, comme « étant la condition » nécessaire à la liberté de penser.
Cette deuxième condition pourrait encore se diviser en deux :
1.
l'éducation est une condition nécessaire, mais non suffisante à la liberté de penser (c'està-dire qu'il faut recevoir une éducation pour pouvoir penser par soi-même, mais qu'il faut aussi
autre chose, que cela ne suffit pas) ;
2.
l'éducation est la condition nécessaire et suffisante à la liberté de penser (il faut recevoir
une éducation et c'est l'unique condition requise).
Par ailleurs, il faut se demander ce que l'on entend par « éducation ».
Éduquer et instruire, est-ce la
même chose ? L'un est-il plus vaste que l'autre ? Les deux ne se recoupent-ils que partiellement ?.
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