l'échange n'est-il qu'un effet de la société ou est-il la société en acte ?
Extrait du document
«
Si l'on entend par échange le comportement par lequel deux ou plusieurs personnes se livrent réciproquement des
valeurs considérées comme équivalentes.
Et par société, tout ensemble d'individus dans lequel on constate des
rapports réglés et des services réciproques ou encore l'ensemble d'êtres humains dont les relations sont organisées
par des institutions et éventuellement garanties par des sanctions qui font ressentir à chaque membre le poids du
collectif.
Alors si s'agit pour nous de savoir si l'échange peut avoir une existence sans société ou si il est
constitutive de celle-ci.
Il faut alors identifier les besoins de l'homme et les caractéristiques de la vie en société.
Il
faut ensuite mettre relation la thématique de l'argent et celle des échanges pour enfin si le commerce, forme
spécifique d'échange, est civilisateur.
Les hommes ont besoin les uns des autres :
Toute société est fondée sur le commerce entre les individus.
Ce
commerce est condition de toute vie humaine, comme l'observe Marx
dans les premières pages de l'Idéologie Allemande.
Le commerce n'est
alors pas que l'échange de biens, mais aussi établissement de relations
sociales.
On peut distinguer deux sortes de liens ; les liens où les
humains ont un rapport avec la parole ou tout autre signe équivalent et
les liens qui s'établissent par l'intermédiaire des choses échangées (don,
échange marchand etc.).
Produire, échanger les produits de l'activité
humaine, entrer dans des relations sociales régulières et communiquer,
sont les matières de ce dont l'homme fait société.
C'est en sens
qu'Aristote affirme que l'homme est un animal politique.
Platon et Aristote furent sans doute les premiers à saisir
philosophiquement que toute la vie sociale repose d'abord sur la division
du travail en vue de l'échange commun.
Toute division sociale du travail
suppose cette capacité de se placer du point de vue d'ensemble de la
production sociale.
Si le cordonnier fabrique des chaussures, c'est en sa
plaçant du point de vue de celui qui aura besoin de chaussures.
Chaque
individu ne peut satisfaire ses besoins subjectifs que par l'activité des
autres et en pensant lui-même son activité pour les autres.
Et ceci est
vrai quel que soit le mode d'organisation sociale, de la société la plus
limitée et la plus frustre jusqu'aux sociétés complexes modernes.
Ce qui
va dès lors varier, c'est la manière dont les échanges sont réglés.
La
coopération et les systèmes d'échange peuvent être organisés sur le mode de la famille élargie et le produit est
redistribué de manière à peu près égalitaire (ou en tenant compte des besoins de chacun).
Dans la production marchande, la coopération prend une forme en apparence paradoxale mais qui ne doit pas
nous faire oublier que son contenu reste déterminé de la nécessité d'une production sociale.
Chacun agit de
propre chef, sans une distribution a priori des rôles, et n'agit subjectivement que pour son bien propre, c'està-dire assurer les conditions de base de sa vie matérielle et éventuellement de son enrichissement personnel.
Le marché est alors le système qui permet de réguler ces productions individuelles en assurant la validation
sociale des travaux de chacun des producteurs.
Si le producteur de chaussures ne trouve pas à les vendre,
c'est tout simplement que son travail n'était pas socialement utile et se trouve donc immédiatement dévalorisé.
L'échange et l'argent :
L'argent apparaît comme un intermédiaire.
Il permet d'égaliser et d'objectiver l'échange.
Ce ne sont plus des
besoins subjectifs qui se rencontrent mais des valeurs objectives, mesurables.
Aristote se demande comment
on peut réduire à une mesure commune des choses qui sont incommensurables.
L'échange marchand apparaît
de prime abord mystérieux : comment peut-on établir un rapport quantitatif entre une bible et une bouteille
d'eau-de-vie ? C'est l'argent qui le permet.
Mais Aristote ne peut pas aller plus loin dans l'analyse.
L'argent est
imposé comme mesure commune par suite d'une convention, dit-il.
Le numéraire est tout simplement ce qui
permet de compter.
Mais l'étymologie fait apparaître une racine avec le nomôs grec (la loi, convention) qui
donne aussi « nom » – car c'est par convention que les noms sont attribués aux êtres et aux choses.
« La
monnaie est un signe de la valeur de toutes les marchandises » et « comme l'argent est le signe des valeurs
des marchandises, le papier est un signe de la valeur de l'argent », écrit Montesquieu.
Mais l'argent n'est pas
simplement un intermédiaire.
Il possède trois fonctions essentielles qui vont lui donner son rôle éminent .Il doit
être une unité de compte.
Mais l'argent doit encore pouvoir être un moyen de paiement.
Enfin, l'argent est une
réserve de valeur..
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