l'échange est-il le garant de la paix ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
Eléments pour le développement
Le mot « échange » désigne le fait de procurer ou de recevoir un objet – matériel ou non – contre un autre objet
dont la valeur est jugée semblable.
Plus largement, un échange est une relation réciproque dans laquelle un être
apporte des choses à un autre être autant qu'il en reçoit de lui.
C'est donc une notion originellement économique,
mais dont l'application peut être étendue à d'autres domaines.
Favoriser une chose, c'est créer des conditions meilleures pour l'avènement de cette chose, l'aider, rendre sa
réalisation plus aisée.
La paix enfin est, en son sens le plus courant, une situation dans laquelle la guerre n'existe pas, mais aussi, plus
largement, une absence de conflits au sein d'un groupe, une certaine harmonie, une certaine concorde.
La paix
apparaît ainsi de toute façon comme une notion sociale, qui présente des liens potentiels avec la notion d'échange.
Il s'agit ici d'interroger ces liens entre les notions de paix et d'échanges sous l'angle particulier de la question de
l'existence d'un bienfait des échanges pour la paix : la notion d'échange semble renfermer une idée d'égalité et de
justice, qui s'accorderait bien avec la notion de paix.
Cependant le concept d'échange ne correspond peut-être pas
à la pratique effective de l'échange, qui n'est peut-être pas à l'abri de l'inégalité et peut alors présenter une menace
pour la paix.
De plus, en mettant nécessairement en jeu deux ou plusieurs parties, l'échange apporte un risque
d'opposition entre ces parties, au cas où l'accord ne se ferait pas : les conditions de possibilité de l'échange, de la
paix et de la guerre se ressemblent, et c'est en cela que le sujet pose problème.
Il faudra travailler sur les interactions entre les notions d'échange et de paix en soulignant ce problème, en montrant
comment les échanges peuvent favoriser la paix puis comment ils peuvent la mettre en péril, et en s'efforçant de
définir les conditions auxquelles cette ambivalence des relations entre paix et échanges peut être résolue.
* Les échanges comme possibilité d'élaboration collective de la paix
Alain
« Où donc la justice ? En ceci que le jugement ne résulte point des forces, mais d'un débat libre, devant un arbitre
qui n'a point d'intérêts dans le jeu.
Cette condition suffit, et elle doit suffire parce que les conflits entre les droits
sont obscurs et difficiles.
Ce qui est juste, c'est d'accepter d'avance l'arbitrage ; non pas l'arbitrage juste, mais
l'arbitrage.
L'acte juridique essentiel consiste en ceci que l'on renonce solennellement à soutenir son droit par la
force.
Ainsi ce n'est pas la paix qui est par le droit ; car, par le droit, à cause des apparences du droit, et encore
illuminées par les passions, c'est la guerre qui sera, la guerre sainte ; et toute guerre est sainte.
Au contraire, c'est
le droit qui sera par la paix, attendu que l'ordre du droit suppose une déclaration préalable de paix, avant l'arbitrage,
pendant l'arbitrage et après l'arbitrage, et que l'on soit content ou non.
Voilà ce que c'est qu'un homme pacifique.
Mais l'homme dangereux est celui qui veut la paix par le droit, disant qu'il n'usera point de la force, et qu'il le jure,
pourvu que son droit soit reconnu.
Cela promet de beaux jours.
»
Montesquieu, De l'esprit des lois
« L'effet naturel du commerce est de porter à la paix.
Deux nations qui négocient ensemble se rendent
réciproquement dépendantes : si l'une a intérêt d'acheter, l'autre a intérêt de vendre ; et toutes les unions sont
fondées sur des besoins mutuels.
Mais, si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même les particuliers.
Nous voyons que dans les pays où l'on n'est affecté que de l'esprit de commerce, on trafique de toutes les actions
humaines, et de toutes les vertus morales : les plus petites choses, celles que l'humanité demande, s'y font ou s'y
donnent pour de l'argent.
L'esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte,
opposé d'un côté au brigandage, et de l'autre à ces vertus morales qui font qu'on ne discute pas toujours ses
intérêts avec rigidité, et qu'on peut les négliger pour ceux des autres.
»
On peut tout d'abord examiner ce qui, dans l'échange, peut sembler favoriser la paix.
On pourra s'intéresser par
exemple à la notion d'un échange des idées comme parvenant à élaborer la justice et à créer les conditions
d'avènement de la paix – voir le texte d'Alain -, ou encore aux échanges commerciaux qui créent entre les Etats une
interdépendance, en interrogeant notamment le concept de « justice exacte » proposé par Montesquieu.
* L'échange comme condition de possibilité de la guerre.
»
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