Le vivant: déterminisme et finalité ?
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En tant qu'objet naturel, le vivant se distingue d'une part des objets naturels inertes (cailloux, terre, eau, etc.),
d'autre part des objets techniques (fabriqués par l'homme).
Pourtant, comme les premiers, il est soumis aux lois de
la matière; et, comme les seconds, il se constitue d'un ensemble organisé de parties en mouvement les unes par
rapport aux autres, dont l'agencement autorise la comparaison avec une machine.
S'il n'est rien d'autre que de la matière en mouvement, quelle est alors la spécificité du vivant ?
La vie, principe d'animation du corps
Le vivant est avant tout un objet naturel.
Il se distingue toutefois des éléments naturels inertes.
En effet, la
matière inerte ne change de lieu, forme, état, que si des causes extérieures l'y contraignent, selon les lois du
déterminisme naturel, c'est-à-dire de l'enchaînement nécessaire des causes et des effets.
Par exemple, la pente
d'un terrain est cause de l'écoulement de l'eau, et la chaleur provoque son évaporation.
En revanche, une fourmi
peut remonter la pente, et si la plante a besoin du soleil pour pousser, cela ne suffit pas à expliquer sa croissance.
En effet, le vivant a en lui-même son principe de changement : croissance, déplacement, métamorphose,
reproduction, etc.
La vie est donc ce souffle qui anime le corps, c'est-à-dire l'âme qui insuffle au corps son énergie vitale.
La mort
signe la perte du principe d'animation.
Aristote, qui crée une science d'observation des êtres vivants, distingue ainsi
végétaux, animaux et hommes selon une hiérarchie des âmes de plus en plus complexes : âme végétative (nutritive,
des végétaux), âme sensitive (s'ajoutent à la nutrition, la sensibilité et le mouvement, chez les animaux) et âme
intellective (la pensée, chez l'homme).
Cependant, l'idée d'âme, principe interne, n'est pas conservée par la biologie
moderne.
Vivant et mécanisme
Le rapprochement entre vivant et machine donne un autre éclairage sur le vivant.
Par exemple, l'appareil locomoteur
peut être décrit en terme de mécanique.
Muscles, ligaments, points d'ancrage sur les os, agencement des os entre
eux, font que le corps se meut.
Flexion et extension de la jambe sont les effets d'une traction causée par la
contraction qui raccourcit les muscles.
On peut mesurer longueurs, forces, angles.
Comme une machine, le vivant
est donc un tout composé de parties en mouvement, sans que le tout soit détruit par ce mouvement.
De ce point
de vue, le vivant est un automate naturel décrit par l'anatomie, la physiologie et la biologie.
La mécanique permet
de rendre compte de phénomènes communs à l'inerte, au vivant et au technique.
La biologie contemporaine porte
ce modèle explicatif mécaniste jusqu'aux phénomènes cellulaires et moléculaires.
Vivant et organisme
Mais à la différence de la machine, l'organisme vivant est capable d'autoconstruction, d'autoconservation,
d'autorégulation, d'autoréparation et d'autoreproduction.
Le fonctionnement d'une machine peut s'expliquer en terme
de causalité mécanique, mais sa construction et son entretien tiennent à celui qui l'a produite (cause efficiente), et
sa fonction à la fin qu'il vise (cause finale).
La machine est fabriquée par et pour l'homme.
Une bicyclette, faite pour
rouler, va où veut aller celui qui l'utilise.
Comment comprendre la finalité caractéristique de l'organisme vivant ? C'est une finalité naturelle, c'est-à-dire
l'adaptation des moyens et des fins, des organes et de la satisfaction des besoins, dans la constitution du vivant.
Quelle est alors la différence avec la machine, où cette adaptation est aussi nécessaire ? L'organisme est un tout
dont les parties sont là non seulement pour les autres, comme dans une machine, mais aussi par les autres.
Les
organes (organon veut dire instrument) sont nécessaires au fonctionnement des autres et interviennent activement
dans la fabrication et la réparation de l'organisme.
Maladie ne signifie pas simple panne.
En panne d'essence, la
machine s'arrête.
En revanche, l'organisme se nourrit, prélevant dans le milieu extérieur la matière qu'il transforme en
sa propre substance : l'herbe, digérée, devient mouton.
Le vivant a une force formatrice (Kant).
En cas de
malnutrition, l'organisme souffre, prélève de sa propre substance, graisses et muscles, pour nourrir ses organes
vitaux, il maigrit.
Puis ses capacités d'adaptation et de compensation étant dépassées, il tombe malade et finit par
mourir : sa mort est le signe de sa finitude.
Elle est ce à quoi est conduit tout vivant.
Il naît, vit et meurt.
Mais il a
en lui de quoi se reproduire..
»
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