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Le vivant a-t-il une histoire?

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« Introduction : Pour les premiers philosophes, les philosophes ioniens, « histoire » signifie « enquête » et la première enquête à mener est une enquête sur les phénomènes naturels.

Depuis, « histoire » a pris un tout autre sens, c'est le récit par lequel les hommes racontent leur passé, non pas un passé imaginaire comme les mythes en racontent, mais leur passé réel, les faits et gestes de leurs ancêtres.

Dans ce nouveau sens, l'histoire suppose l'homme, ou l'implication de l'homme. Le vivant a évolué avec le temps, les recherches scientifiques , les « enquêtes » sur l'évolution des espèces peuvent elles être considérées comme une histoire ? Si l'on considère que l'homme est impliqué et appartient au règne du vivant, l'évolution du vivant n'appartient elle pas à l'histoire ? Cette question est problématique dans la mesure où à travers l'histoire, l'homme se raconte lui même, l'histoire appartient en fait à son être même : « avoir » une histoire, c'est le propre de l'homme.

Dès lors considérer que l'évolution biologique est une histoire, ce serait considérer que le vivant se raconte.

Peut on dire que les êtres vivants se racontent à travers leurs chaînes d'ADN ? L'histoire ne suppose-telle pas plutôt une certaine conscience ? Problématique : Le vivant a évolué avec le temps, mais dans la mesure où il ne se raconte pas cette évolution, peut on dire qu'il a une histoire ? I : Le vivant change avec le temps ; il a une histoire. 1) Les théories biologiques de l'évolution contre le fixisme.

On appelle théorie évolutionniste toute théorie biologique qui décrivent comment les populations d'êtres vivants se modifient avec le temps et donnent naissance à de nouvelles espèces. L'évolutionnisme pose donc comme principe que le vivant a une histoire, que ses structures se modifient au fil du temps, en cela, il s'oppose au fixisme.

On appelle « fixisme » la théorie qui veut que les espèces vivantes soient données une fois pour toutes et ne se modifient pas avec le temps. 2) L'histoire du vivant se raconte, mais elles n'étudie pas les mêmes échelles de durée que l'histoire humaine.

L'histoire du vivant remonte si loin qu'elle doit affronter un problème qui peut la mettre en conflit avec les récits mythiques : les origines de la vie. C'est pourquoi les théories évolutionnistes animent de vifs débats avec le créationnisme (théorie selon laquelle les espèces vivantes sont la création de Dieu et n'expriment que la volonté divine), notamment actuellement, aux Etats-Unis. 3) L'histoire du vivant ne se « raconte » pas seulement comme l'histoire humaine, elle est inscrite dans la structure du vivant lui même, c'est ce que nous apprennent les théories de l'hérédité.

Ces théories ont fait un grand bond en avant au vingtième siècle avec la découverte des gènes puis de l'ADN ; on a découvert que l'histoire de tout vivant, l'information sur ses origines, était stockée, codée en chaque molécule d'ADN II : Il n'y a d'histoire que pour quelqu'un qui se la raconte. 1) L'histoire se raconte, elle suppose un narrateur.

Le vivant a peut être une histoire, mais il n'a une histoire que pour l'homme qui la raconte.

Le vivant n'est pas narrateur, son histoire a beau être codée dans son génome, seul l'homme s'intéresse à la décrypter et à la raconter.

Cet intérêt montre qu'il n'y a pas d'histoire sans une conscience historique, ce que le vivant en général n'a pas. 2) L'homme est le seul vivant historique, il est le seul à avoir une historicité.

L'historicité, c'est le fait de se situer dans une époque, de prendre conscience de soi à travers des repères représentant le passé, le présent et l'avenir.

L'historicité se manifeste lorsqu'on dit appartenir à une génération, ou lorsqu'on se distingue de ses ancêtres en disant ne pas appartenir au même temps.

Ce qui distingue l'historicité de l'homme du fait pour le vivant d'être dans le temps, c'est que pour l'homme, la conscience historique l'oblige à se situer dans l'histoire humaine et à diriger sa vie avec cette conscience historique. 3) Dire que le vivant a une histoire implique une certaine philosophie de l'histoire : elle implique que la conscience humaine ne joue aucun rôle dans l'histoire.

Mais si on distingue l'histoire humaine de l'évolution biologique, si on pose une conscience historique ou historicité de l'homme, on doit dire que le vivant n'a pas d' « histoire », seulement une évolution. III : Le vivant est entré dans l'histoire. 1) La découverte scientifique du patrimoine génétique a ouvert la porte au maniement technique de celui ci, l'histoire du vivant dépend désormais de l'historicité humaine.

L'homme est désormais capable de manipuler son propre génome, l'évolution biologique et l'histoire humaine se rejoignent donc puisque la conscience et les décisions humaines jouent désormais un rôle dans les changements structurels du vivant. 2) L'homme est devenu responsable du vivant, le vivant est donc entré dans l'histoire.

Cette nouvelle responsabilité appelle une éthique, c'est pourquoi les comités d'éthique se sont développés ces trente dernières années.

Cela montre que l'entrée du vivant dans l'histoire n'a fait qu'accroître la responsabilité et l'historicité humaine. 3) Le contrecoup des cette nouvelle responsabilité, c'est que l'homme doit se comprendre lui même comme vivant et intégrer l'évolution du vivant à sa propre histoire, l'histoire humaine devient donc l'histoire du vivant et inversement.

Cet élargissement de l'histoire humaine par les découvertes scientifiques dilatent l'historicité humaine et lui font prendre conscience d'appartenir, selon l'expression de Michel Serres, à un « grand récit ». Conclusion : Le vivant a bien une histoire, mais dans ce sens, il faut comprendre qu'il appartient à l'histoire en général, il n'a pas une histoire qui lui est propre.

Mais d'autre part, on pourrait se demander si le codage génétique n'est pas une certaine forme d'histoire, sans conscience peut être, mais à travers un véhicule d'information différent qui comme l'historicité pour l'homme, structure le vivant en son être.. »

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