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Le travail fonde-t-il la propriété ? (Pistes de réflexion seulement)

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« CONSEILS La conscience commune n'hésite guère à fonder le droit de propriété sur le travail.

Efforcez-vous de motiver ce jugement.

Interrogez-vous sur la part du travail individuel dans la production d'une richesse; par là, vous définirez le droit du travailleur à l'appropriation de cette richesse. Introduction. Il n'est pas de régime social qui ne tienne au fond la propriété individuelle pour un droit.

Car la propriété consiste à disposer des choses, et la satisfaction des besoins immédiatement vitaux exige à quelque degré cette libre disposition : manger est déjà un acte de propriété.

Or, le travail est la principale source des richesses disponibles.

Si l'eau, l'air ont un caractère gratuit, presque tout le monde naturel devient richesse dans la mesure où l'intelligence et la main de l'homme découvrent et exploitent ses propriétés.

Si c'est le travail qui crée la richesse, n'en fonde-t-il pas en droit la détention et l'usage ? I.

— Accord général sur la thèse. Le travail est resté longtemps extérieur au monde du droit, et même le travailleur, avant d'être reconnu comme propriétaire, a été un objet d'appropriation.

Mais la conscience publique, suivie par le législateur, fait aujourd'hui du travail autre chose qu'une marchandise : une fonction sociale, qui investit de droits définis celui qui l'exerce. L'accord des doctrines reflète sur ce point la pensée commune et la loi.

Sans doute, pour l'économie libérale, la propriété est naturellement issue du travail, si bien que le régime actuel de la propriété serait essentiellement le régime juste.

Les écoles socialistes le tiennent au contraire pour inique et en exigent la refonte, autant qu'il réserve précisément à certains des revenus sans le moindre travail.

Mais, pour les uns et les autres, c'est bien le travail qui justifie la propriété. II.

— Le travail ne peut fonder un droit absolu. A) COMMENT LA PROPRIÉTÉ SE FONDERAIT SUR LE TRAVAIL. C'est l'économie libérale qui motive explicitement la thèse.

— La personne est inaliénable et, disposant absolument d'elle-même, dispose aussi de son activité productrice ; par suite, l'oeuvre qui matérialise cette activité et prolonge la personne au delà d'elle-même est sacrée comme la personne. B) DISCUSSION. a) Valeur pratique de l'argument. Cette raison a une valeur pratique certaine.

Si l'on professe que toute peine mérite salaire, celui qui peine peinera plus volontiers.

Or, l'effort producteur doit être encouragé.

Rien ne justifie la thèse ascétique, celle de l'ancien communisme, suivant laquelle toute richesse est corruptrice, et qui invite à restreindre indéfiniment les besoins, et par suite la production.

La vie la meilleure est celle qui comporte la satisfaction la plus équilibrée et la plus large des besoins humains, les satisfactions proprement biologiques commandant d'ailleurs les satisfactions spirituelles. b) Son insuffisance. Cet argument n'a cependant qu'une portée limitée.

— D'abord, la personne humaine ne s'appartient pas absolument : la conscience et la loi interdisent le suicide.

Il est vrai seulement que l'individu ne dispose pas de son semblable. Mais on reconnaît à la société, qui emprisonne ou guillotine, des droits sur l'individu que lui-même n'a sur aucun autre.

— Surtout, le travail individuel n'est la cause totale d'aucune richesse.

La production suppose une matière, comme la terre, où, sans le travail, ne pousserait pas le blé, mais que reçoit du dehors celui qui la façonne.

— Elle exige aussi des instruments : soit matériels, des outils comme la charrue, inventés et fabriqués par d'autres hommes ; soit spirituels, des facultés — savoir, méthode, sens de l'effort, — formés par l'éducation.

Elle suit, du reste, d'une connexion des efforts, toujours plus nette à mesure que le travail se divise : l'industrie du pneumatique serait sans objet sans le travail des carrossiers et des mécaniciens.

Enfin, le produit du travail ne tire pas toute sa valeur du travail même.

La valeur n'est pas du « travail cristallisé » (Marx).

Loin d'être intrinsèque à la chose produite, elle naît de son rapport aux besoins et aux goûts du public consommateur; elle est d'essence sociale, non individuelle. III.

— Rapports justes du travail et de la propriété. Si le travail individuel n'est pas le facteur exclusif de la richesse qu'il paraît engendrer, il ne peut donner qu'un droit relatif à la disposition de cette richesse. A) Justification de la propriété par son usage. Ce qui est social dans son origine doit profiter à tous.

Si le producteur apparent d'une richesse n'en est que la cause partielle, il doit, de quelque façon, en partager le bénéfice avec ses cooperateurs.

Aussi doit-on exploiter la richesse qu'on possède.

On ne peut, sans abus, détenir sans la cultiver la terre même qu'on a acquise par son travail.. »

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