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Le travail est il une valeur à dépasser?

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« Le terme « travail » désigne toute activité exercée en vue d'obtenir un résultat utile, c'est-à-dire servant valablement de moyen à la réalisation d'une fin. Plus spécifiquement, il est l'ensemble des activités accomplies par l'homme pour produire des biens et des services en contrepartie desquels il est rémunéré. Le terme de « valeur », quant à lui, est moins univoque.

C ar nous pouvons dire d'une chose qu'elle a de la valeur ou qu'elle est une valeur.

Lorsque nous disons qu'elle a de la valeur, nous entendons par là qu'elle peut servir à satisfaire nos besoins : soit par elle-même, en tant qu'elle assouvit le manque que nous avons ; soit par la médiation d'une autre chose, qu'elle nous permet d'obtenir au moyen d'un échange.

Mais lorsque nous disons d'une chose qu'elle est une valeur, ce dernier terme doit s'entendre d'une manière parfaitement différente : nous disons alors que cette chose mérite d'être suivie comme principe, ou poursuivie comme fin de l'action humaine.

Il peut s'agir alors d'un idéal (comme la liberté ou le bonheur) d'une norme (telle que l'égalité ou la justice) ou bien d'une institution (par exemple, la famille ou l'Etat). Lorsque nous nous demandons si le travail est une valeur à dépasser, nous nous demandons en réalité deux choses : les fondements qui font du travail une valeur sont-ils à remettre en question ? Et, d'autre part, question concomitante de la précédente, la valeur travail est-elle à remplacer par une autre valeur, qui prendrait la place que le travail occupe actuellement dans nos vies ? Dans un premier temps, nous nous demanderons en quoi le travail est une valeur : en effet, le présupposé de la question est que le travail en est bel et bien une, ce qui reste à vérifier.

Mais nous nous demanderons ensuite dans quelle mesure le travail comme valeur marchande est à dépasser ; et dans quelle mesure le travail comme valeur morale est à remplacer par d'autres activités porteuses de valeur. I. a. Dans quelle mesure le travail est-il une valeur ? Le travail, créateur de valeurs morales pour l'individu Nous prendrons ici le terme de « valeur » en un premier sens : celui de valeur morale que nous avons définie en introduction.

Pour l'individu, le travail est créateur de valeurs morales en tant qu'il peut être une norme pour lui (le travail impose un rythme à la journée, apprend à maîtriser son temps, alors que la journée de l'oisif est sans repaires) sinon un idéal.

En effet, le travail dans la philosophie Hégélienne est le moyen pour l'individu d'extérioriser l'intériorité de l'individu, sinon de retrouver la liberté que l'esclave perd dans la lutte pour la reconnaissance (cf.

la parabole célèbre du maître et de l'esclave).

Le travail semble donc avoir de la valeur pour l'individu, c'est-à-dire, être une valeur pour lui. b. Le travail, créateur de valeurs morales pour la société Mais le travail est également créateur de valeurs morales pour la société.

En effet, par le travail, les hommes sont mis en relation, en collaboration, ils deviennent indispensables les uns aux autres dans les sociétés modernes où la spécialisation est la règle.

Pour Emile Durkheim dans son ouvrage intitulé « De la division du travail social » (1893) le travail est la source de la solidarité organique entre les hommes (organique, c'est-à-dire par la collaboration de parties diverses, comme dans un organisme vivant.

Cette notion s'oppose à la solidarité mécanique, qui tient à la diffusion de croyances communes dans la société.

Le travail n'est donc pas une valeur pour les seuls individus, mais pour les sociétés également. II. a. Dans quelle mesure le travail est-il une valeur marchande à dépasser ? Le travail est-il une valeur marchande ? A présent que nous avons vérifié le présupposé sur lequel repose la question posées, nous nous demanderons dans quelle mesure le travail est une valeur marchande.

Nous pouvons dire que le travail est une valeur marchande, dans la mesure où il est la source de la valeur même des marchandises.

Pour le philosophe du XIXème siècle Ricardo, et son successeur, Marx, le travail est créateur de valeur, c'est-à-dire qu'il est la source de la valeur des marchandises.

Plus un objet a demandé du travail, plus il sa valeur est grande.

Ainsi, pour reprendre l'expression de Marx dans Le Capital la valeur d'une marchandise équivaut à « la quantité du temps de travails social incorporé dans cet objet », c'est-à-dire du temps de travail permettant d'acquérir les valeurs d'usage nécessaires à la reproduction des forces du travailleur. b. La théorie de la valeur travail ? Une théorie « dépassée » par celle de l'utilité marginale Mais cette théorie du travail, créateur de la valeur des marchandises, a été largement remise en question par la suite. On lui préfère aujourd'hui celle de l'utilité marginale : la valeur d'un objet décroit en fonction de sa disponibilité pour l'usager.

Le désir pour un produit diminue donc à chaque incrément (c'est-à-dire à chaque nouvelle augmentation de la disponibilité du produit).

C'est donc le rapport entre l'utilité et la disponibilité d'un projet qui est créateur de la valeur marchande, plutôt que le temps de travail nécessaire à la production des biens.

Par conséquent, nous pouvons dire que le travail est une valeur à dépasser, dans la mesure où la théorie de la valeur travail est dépassée, c'est-à-dire obsolète. III. a. Dans quelle mesure le travail est-il une valeur morale à dépasser ? Le travail, une valeur à dépasser… Le terme « travail » vient du latin tripalium, qui désigne d'abord un appareil formé de trois pieux servant à maintenir les chevaux difficiles pour les ferrer, puis un instrument de torture.

Ceci nous amène à considérer le travail comme une activité intrinsèquement et nécessairement pénible, qui ne saurait contribuer au bonheur de personne – à moins qu'il ne prive de bonheur tous ceux qui travaillent.

Le travail n'est donc pas une valeur absolue, ce n'est qu'idéalement que le travail incarne cette valeur dont nous parlions en introduction.

Cette valeur semble donc faire l'objet d'une mise en question légitime, préalable à un dépassement complet. b. … mais une valeur difficile à remplacer. Mais la question à laquelle nous devons répondre, si nous tenons une telle position, est la suivante : si le travail est une valeur à dépasser, par quoi doit-il l'être ? La réponse ne tombe en effet pas sous le sens, puisque, comme le soutient Hannah Arendt dans Condition de l'homme moderne, la société moderne n'est pas capable de remplacer la valeur travail, par d'autres valeurs susceptibles d'en prendre la place, ayant perdu la connaissance, et jusqu'à l'idée de valeurs qui pourraient en prendre la place.

C es valeurs pourraient être celles comprises sous le concept « d'œuvre » développé par la philosophe, c'est-àdire, les valeurs qui poussent à créer des produits qui échappent à la loi du devenir, de la contingence, et expriment l'intériorité du producteur.

Si le travail est une valeur à dépasser, nous dirons surtout qu'il est une valeur à remplacer, c'est-à-dire une valeur à laquelle la société devrait trouver un successeur, sans l'avoir encore trouvé. Conclusion : La question « Le travail est-il une valeur à dépasser ? » présuppose déjà que le travail est une valeur, ou du moins qu'il est considéré comme tel.

Mais nous avons ensuite tenté de déterminer dans quelle mesure le travail (qui a une valeur) pouvait être dépassé, c'est-à-dire, remplacé, par une théorie concurrente de la valeur.

Enfin, nous avons montré que le travail (qui est une valeur) devait être dépassé, c'est-à-dire, devait cesser d'être considéré comme une valeur, mais ne pouvait que difficilement être remplacé, dans une société qui a perdu la capacité à cultiver d'autres valeurs.. »

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