Le travail est-il une perte de temps ?
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Le travail est-il une perte de temps ?
Le problème philosophique
Certaines personnes qui travaillent aimeraient parfois faire tout autre chose parce qu'elles estiment que le travail ne
leur apporte rien si ce n'est de l'argent, (et encore...).
D'autres personnes, quant à elles, ne supportent pas l'idée
de se retrouver sans travailler.
Ne pas travailler signifie pour elles perdre son temps.
A quoi s'en tenir au sujet du
travail ? Est-il une perte de temps ? Vaut-il mieux travailler ou ne pas travailler ? L'homme gagne-t-il plus en
travaillant ou en ne travaillant pas ? On voit ici qu'il y a lieu de se poser de telles questions dans la mesure où le
travail renvoie à deux conceptions antithétiques.
Proposition de plan
I.
La conception antique du travail
Dans l'antiquité grecque, le travail était considéré comme une activité dégradante.
Les hommes libres ne
travaillaient pas.
Cette tâche était réservée aux esclaves.
Pour les hommes libres, travailler était une perte de
temps.
Ils avaient mieux à faire.
Ce n'est pas qu'ils ne reconnaissaient pas l'utilité et la nécessité du travail, mais
celui-ci, sur le plan de l'amélioration personnelle, était considéré comme nul.
On s'accomplissait davantage à travers
les loisirs.
Ces derniers étaient l'occasion de devenir meilleur.
Afin de voir que pour les grecs le travail ne permettait pas un accomplissement de soi, il convient de faire intervenir
la distinction aristotélicienne entre praxis ("action") et poièsis ("fabrication").
La première renvoie à l'action morale
et politique, aux bonnes actions d'une manière générale.
La deuxième, quant à elle, désigne la production de quelque
chose.
Ce qui les distingue est le fait que l'une à sa finalité en elle-même ("le fait de bien agir est le but même de
l'action", peut-on lire dans La Politique d'Aristote), alors que l'autre non.
La poièsis, en effet, trouve sa finalité dans
l'objet, donc à l'extérieur de l'agent, contrairement à la praxis, qui est inséparable de l'agent.
L'une permet ainsi à
l'homme de se transformer, de s'améliorer et l'autre non.
Le travail, qui est affaire de poièsis, n'apporte en ce sens
rien humainement.
Il est purement et simplement une perte de temps.
Transition :
Perd-t-on toutefois réellement son temps en travaillant ? Ne peut-on pas voir dans le travail, aussi contraignant
soit-il, un principe libérateur ?
II.
La dialectique du maître et de l'esclave
Hegel, dans Phénoménologie de l'Esprit, nous fait le récit d'une certaine lutte
entre deux consciences.
Celles-ci s'affrontent afin d'être reconnues par
l'autre.
Le vainqueur, qui deviendra maître, est celui qui accepte le risque de
mort ; le vaincu, qui deviendra l'esclave de l'autre, est celui qui reste trop
attaché à la vie.
La suite du récit cependant met en évidence une inversion
des rôles.
L'esclave, en travaillant, acquière une certaine autonomie,
contrairement au maître qui perd sa liberté en devenant complètement
dépendant de l'esclave.
Le travail, en ce sens, ne peut pas être regardé
comme une perte de temps.
Il permet à l'homme de s'affranchir d'un état de
servilité initiale.
"C'est par la médiation du travail que la conscience vient à soi-même.
Dans le moment qui correspond au désir dans la conscience du maître,
ce qui paraît échoir à la conscience servante, c'est le côté du rapport
inessentiel à la chose, puisque la chose dans ce rapport maintient son
indépendance.
Le désir s'est réservé à lui-même la pure négation de
l'objet, et ainsi le sentiment sans mélange de soi-même.
Mais c'est
justement pourquoi cette satisfaction est elle même uniquement un
état disparaissant, car il lui manque le côté objectif ou la subsistance.
Le travail, au contraire, est désir réfréné, disparition retardée : le
travail forme.
Le rapport négatif à l'objet devient forme de cet objet
même, il devient quelque chose de permanent, puisque justement; à
l'égard du travailleur, l'objet a une indépendance.
Ce moyen négatif, ou l'opération formatrice, est en
même temps la singularité ou le pur être-pour-soi de la conscience.
Cet être-pour-soi, dans le travail,
s'extériorise lui même et passe dans l'élément de la permanence ; la conscience travaillante en vient ainsi
à l'intuition de l'être indépendant, comme intuition de soi même." Hegel, La Phénoménologie de l'Esprit.
Hegel, dans la phénoménologie de l'Esprit, développe un système philosophique qui fonde toute sa pensée : la
dialectique.
Cette dialectique hégélienne désigne l'accès à la vérité et à l'idéalisme absolu via des idées
contradictoires.
C'est de la confrontation des contraires et de leur dépassement dans la synthèse des deux que la
pensée se construit pour le philosophe.
Ainsi, la négation n'est jamais pensée comme un échec chez Hegel, mais.
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