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Le travail est-il une nécessité triste

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« On dit que le travail est une nécessité triste.

Qu'en pensez-vous ? I.

— LE TRAVAIL EST UNE NÉCESSITÉ. Le travail est une nécessité pour l'homme.

Pour subvenir à leurs besoins, le primitif devait poursuivre le gibier, capturer le poisson, cueillir les fruits des arbres.

Il se bâtissait des abris, défrichait le sol pour y semer des graines. La civilisation actuelle augmente les besoins et, en apportant le désir du superflu, rend indispensable l'accroissement du travail. A mesure que l'homme se civilise, il engage donc contre la nature, une lutte de plus en plus épuisante. Sur un autre plan, le travail demeure une nécessité parce qu'il nous procure l'argent indispensable à la satisfaction de tous nos besoins. Enfin, il n'est pas sans intérêt de préciser que le développement de l'espèce humaine, exigeant des procédés d'exploitation de plus en plus nombreux et perfectionnés des ressources de la nature, fait du travail un impératif économique et social auquel l'individu peut difficilement échapper. II.

— LE TRAVAIL, EST-IL UNE NÉCESSITÉ TRISTE ? Le déploiement d'énergie physique ou intellectuelle que réclame le travail, les luttes parfois âpres qu'il exige pour vaincre la matière, engendrent souvent une fatigue déprimante. De plus, la nature même de certaines tâches à effectuer, fait considérer avec quelque tristesse l'existence humaine. Il est des travaux ingrats ou ardus qui vident le corps et l'esprit de leur substance.

Aucune autre solution que d'en limiter la durée le plus possible ou de laisser à la machine le soin de les exécuter.

Elle multiplie le rendement du travail et libère l'homme.

Mais, ce stade ne peut être atteint sans passer par une période intermédiaire au cours de laquelle l'homme, serviteur de la machine, se trouve réduit au rôle d'automate et risque de ne voir, dans la série des gestes toujours semblables qu'il accomplit, qu'une humiliation et une pénible sujétion. Pour lui rendre sa dignité, il importe de l'inciter à se considérer, non comme un rouage isolé, mais plutôt comme un maillon d'une immense chaîne, faisant corps avec tout un ensemble organisé, en vue d'une production déterminée. Il existe en outre des tâches qui ne conviennent pas à tels ou tels travailleurs : les uns, du fait de leur tempérament, les autres, parce que la tâche à exécuter leur répugne. Les premiers, par suite d'une erreur initiale ou de circonstances indépendantes de leur volonté, ont été orientés vers un métier contraire à leurs goûts ou à leurs aspirations.

Mais un effort de volonté, un désir toujours renouvelé d'adaptation leur permettent souvent de triompher de leurs difficultés. Ceux de la deuxième catégorie peuvent parvenir à une plus juste estimation de la solidarité humaine et à la conscience de la nécessité pour chacun d'oeuvrer dans la mesure de ses forces et de ses talents. En fait, la vraie solution est plutôt d'ordre social. L'État l'a bien compris, puisque c'est après nombre de tes^ts que le Service d'Orientation professionnelle dirige les adolescents vers les carrières auxquelles ils sont aptes.

En cas de méprise, ce même Service procède à la rééducation nécessaire en vue du choix d'une nouvelle carrière. III.

— LE TRAVAIL PEUT ÊTRE UN REMÈDE. Par contre, le travail considéré comme une obligation librement consentie, comme une occupation concordant avec les aptitudes réelles, devient l'antidote par excellence de la tristesse, du chagrin, de l'ennui et du vice.

C'est l'avis de Voltaire. a) Le travail, antidote de la tristesse et du chagrin. Il faut reconnaître que le travail demeure la plus salutaire réaction contre les peines de l'existence. Une tâche qui nous accapare, nous délivre et nous grandit. b) Le travail, remède contre l'ennui et le vice. L'homme est toujours guetté par l'ennui, mal redoutable, dénoncé par C.

Baudelaire : « Il ferait volontiers de la terre un débris, Et dans un bâillement, avalerait le monde.

» Ce mal de vivre oriente vers l'oisiveté. Les distractions peuvent l'écarter pour un moment, mais se révèlent impuissantes à le guérir.

Notre nature s'habitue assez rapidement aux jouissances.

Elle exige même qu'elles deviennent de plus en plus vives et raffinées...

Mais, au plaisir succèdent bientôt l'indifférence, puis, le dégoût. « Au fond des vains plaisirs que j'appelle à mon aide, Je trouve un tel dégoût que je voudrais mourir », s'écrie A.

de Musset. Dans la course à la vie, la barrière qui sépare l'ennui du vice est très vite franchie.

On joue, on boit, on fume, d'abord, pour se distraire, puis, on dégrade, on se compromet et on tend rapidement vers la déchéance.

L'homme qui entend se ressaisir dispose d'une seule médecine efficace et salutaire : le travail.

Michelet, A.

Thierry, Pasteur et E.

Zola l'ont hautement proclamé.

En termes émouvants, ils ont exprimé ce qu'il y a de grandeur morale dans une existence vouée à l'accomplissement d'une noble tâche.

Entendons A.

Thierry proclamer : « Il y a quelque chose au monde qui vaut mieux que les jouissances matérielles, mieux que la fortune, mieux que la santé elle-même, c'est le dévouement à la science.

» Pasteur affirme : « Il me semble que je volerais si je passais une journée sans travailler.». »

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