le travail est il un acte de libération ou de servitude ?
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«
le travail est il un acte de libération ou de servitude ?
Introduction : Nous semblons avoir ici une alternative.
Ou bien le travail consisterait en une libération de l'homme
de telle sorte que ce dernier serait enfermé ou aliéné s'il ne pouvait travailler.
Si nous définissons le travail comme
un moyen de subsistance nous permettant en même temps d'exercer nos facultés, cela semble tout à fait logique.
Nous priver de la satisfaction de nos besoins et de notre pouvoir sur les choses est contraignant.
Le travail nous
libérerait alors de cette contrainte.
L'homme serait aliéné dans ce cas à ses propres facultés qui ne pourraient
s'exercer.
Seulement, à l'inverse, lorsque l'homme devient créateur d'un produit par le travail, il perd la force qu'il a
dépensée pour la construction de ce produit.
Ce produit est en fait le résultat de sa force de travail et de l'exercice
de ses facultés mais il ne lui appartient pas en propre pour autant.
Il sera vendu, et même dans certains cas (le
travail à la chaîne notamment), l'homme ne recevra même pas le produit final qu'il a contribué à construire.
Dès lors,
ce travail qui s'avérait libérateur est tout aussi aliénant puisque le produit créé par son existence propre acquiert
une valeur différente de son producteur.
Ce double aspect du travail nous amène alors à nous demander jusqu'à
quel point l'aspect créatif qu'il mobilise en nous peut nous être bénéfique.
I/ Le travail est une libération
Nous considérons d'abord le travail comme un besoin essentiel, dont nul ne saurait se passer.
En effet, tout
homme n'a-t- il pas le besoin de travailler ? Ce besoin apparaît d'autant plus fortement qu'en échange de son
accomplissement, nous sommes rémunérés.
Il est donc nécessaire de travailler afin de pouvoir subsister.
Mais il
semble également nécessaire d'utiliser le travail pour nous libérer d'une réserve de force, d'un potentiel d'énergie
accumulé, voire même d'un désir reporté.
La fait de ne pas travailler, en effet, conduit souvent à se sentir
abandonné et avoir le sentiment de ne pas s'accomplir.
Hegel va même plus loin : c'est par le travail, selon lui, que
l'homme acquiert conscience de lui-même.
Il exprime cela dans la Phénoménologie de l'Esprit.
« C'est par la
médiation du travail que la conscience vient à soi-même.
» Dans le pur et simple désir de quelque chose, cette
chose est consommée, elle disparaît.
Le travail, lui, contribue à l'inverse, à créer un objet.
« Le travail est désir
réfréné, disparition retardée : le travail forme.
Le rapport négatif à l'objet devient forme de cet objet même, il
devient quelque chose de permanent, puisque justement, à l'égard du travailleur, l'objet a une indépendance.
Ce
moyen négatif, ou l'opération formatrice, est en même temps la singularité ou le pur être-pour-soi de la conscience.
Cet être-pour-soi, dans le travail, s'extériorise lui-même et passe dans l'élément de la permanence ; la conscience
travaillante en vient ainsi à l'intuition de l'être indépendant, comme intuition de soi-même.
»
Dans le travail, l'homme construit donc un objet qui lui permet de se rendre compte de son pouvoir créateur.
La
permanence de cet objet est d'ailleurs là pour lui rappeler la présence de sa conscience.
II/ Le travail est une servitude
Nous venons de montrer que la création d'un objet autre que luimême assure l'homme de son pouvoir créateur.
Seulement, encore faut-il que
cet objet lui appartienne, ou au moins que l'homme qui le fabrique puisse
contempler le résultat de son œuvre.
C'est ici précisément qu'intervient le
concept d'aliénation.
Plus l'objet créé est considéré comme important, plus le
fabriquant, lui, perd de sa valeur.
Non seulement parce qu'il a dépensé cette
force qu'il avait, mais en plus parce qu'il est simplement considéré comme un
réservoir de force potentielle.
L'aspect humain est donc effacé au profit d'un
aspect purement économique.
Nous faisons ici référence aux Manuscrits de
1844 de Marx.
« L'ouvrier devient d'autant plus pauvre qu'il produit plus de
richesse, que sa production croît en puissance et en volume.
L'ouvrier devient
une marchandise d'autant plus vile qu'il crée plus de marchandises.
La
dépréciation du monde des hommes augmente en raison directe de la mise en
valeur du monde des choses.
Le travail ne produit pas que des
marchandises ; il se produit lui-même et produit l'ouvrier en tant que
marchandise, et cela dans la mesure où il produit des marchandises en
général.
» L'homme en vient alors purement et simplement à s'aliéner, à se
perdre lui-même dans un produit autre que lui-même.
Il est alors dessaisi de
sa propre essence par le produit même qu'il a fabriqué.
« L'ouvrier est à l'égard du produit de son travail dans le
même rapport qu'à l'égard d'un objet étranger.
Car ceci est évident par hypothèse : plus l'ouvrier s'extériorise dans
son travail, plus le monde étranger, objectif, qu'il crée en face de lui, devient puissant, plus il s'appauvrit lui-même
et plus son monde extérieur devient pauvre, moins il possède en propre.
» Le travail ne contribue donc absolument
pas à libérer l'homme, à l'inverse l'homme s'aliène dans le travail.
C'est l'objet créé qui acquiert toute la valeur dont
l'ouvrier est privé, au détriment de ce dernier..
»
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