Le travail est-il le propre de l'homme ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Notre sujet se présente sous la forme s'une question fermée : il s'agira donc, au terme de notre réflexion de
fournir une réponse en « oui » ou « non » avec toutes les nuances qui s'imposent.
Deux notions interviennent – le travail et l'homme – mises en relation par l'expression « être le propre de ».
N'est le propre de l'homme que ce qui le caractérise exclusivement, c'est-à-dire, ne caractérise rien d'autre
que lui.
Pourtant, nous disons des animaux qu'ils travaillent, soit de leur propre initiative (fourmis, abeilles), soit
sous la contrainte de l'homme (les boeufs tirent des charrues, les chevaux des péniches, etc.).
Il nous faudra
donc nous demander quel type de travail peut être dit le propre de l'homme, autrement dit, en quoi le travail
des bêtes diffère-t-il de celui des hommes.
« être le propre de » n'est pas « être l'essence de » : on peut concevoir par exemple que certains hommes ne
travaillent pas, sans pourtant leur refuser le statut d'homme.
Cependant on ne peut vraisemblablement pas
imaginer une société dans laquelle personne ne travaillerait.
Il faut alors distinguer deux sens dans la notion
d'homme : elle désigne premièrement l'individu (cet homme particulier), deuxièmement la part d'humanité
commune en chacun de ces individus, c'est-à-dire l'idée que la vie en communauté impose que l'on se fasse de
l'homme.
Problématisation :
Comme nous l'avons souligné, le travail n'est le propre de l'homme que s'il le caractérise exclusivement.
De là
surgissent deux problèmes :
1.
Le travail caractérise-t-il bien l'homme ? (Ou bien est-ce possible de concevoir une humanité ou des individus
sans travail ?)
2.
Peut-on dire qu'il ne caractérise que lui ?
Proposition de plan :
I – Le travail caractérise-t-il bien l'homme ?
Le travail est le propre de l'homme
Marx, lecteur de Hegel, pose le travail comme l'essence même de l'homme :
« Le travail, proprement dit, écrit-il, appartient exclusivement à l'homme.
» Le
travail de l'homme se distingue en effet de l'activité animale dans la mesure
où ce dernier« ne produit que sous l'empire du besoin physique immédiat,
tandis que l'homme produit alors même qu 'il est libéré du besoin physique, et
il ne produit vraiment que lorsqu 'il en est libéré.
L'animal ne produit que luimême, tandis que l'homme reproduit toute la nature.
Le produit de l'animal
fait, comme tel, partie de son corps physique, tandis que l'homme se dresse
librement face à son produit » (Manuscrits de 1844, Éditions sociales, pp.
6364).
De plus, « ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de
l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de
la construire dans la ruche.
Le résultat auquel le travail aboutit préexiste
idéalement dans l'imagination du travailleur.
Ce n'est pas qu'il opère seulement
un changement de formes dans les matières naturelles ; il y réalise du même
coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode
d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté » (Le Capital, l, 3, 7).
Ainsi l'homme se reconnaît-il dans le travail dans la mesure où celui-ci
est une activité :
— consciente, fruit d'une volonté qui se propose un but et qui mobilise une
attention en vue d'atteindre ce dernier ;
— intelligente : le travail implique la compréhension des lois de cette nature
qu'il reproduit ;
— libératrice : par le travail l'homme s'émancipe du joug de la nature.
En outre, dans le travail chaque homme s'affirme lui-même en même temps qu'il affirme l'essence de l'homme en
général.
Car si dans mon travail, explique Marx, j'objective « ma production, mon individualité, sa particularité »,
dans la jouissance qu'autrui aura du fruit de mon travail, je jouis « d'avoir objectivé l'essence de l'homme, donc
d'avoir procuré l'objet qui, lui, convenait aux besoins d'un autre être humain ».
Ainsi je confirme et réalise
directement dans mon activité individuelle « mon essence vraie, mon essence humaine, mon essence sociale ».
Aussi, le travail est-il bien ce en quoi l'homme se reconnaît pleinement, puisqu'il s'y reconnaît à la fois comme
individu et comme être social.
Référence : Hegel
« L'homme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu'il est poussé à se trouver lui-même, à se.
»
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