le travail en philosophie
Publié le 19/05/2024
Extrait du document
«
LE TRAVAIL MECANISE
Les conditions et contextes économiques, sociaux, techniques dans lesquelles s’effectue le travail ont des
conséquences très fâcheuses sur la dimension humanisante du travail.
Le machinisme, au lieu de libérer du temps libre à consacrer aux activités de contemplation (astronomie,
physique, mathématiques, etc.), aliène l’être humain en l’enfermant dans des tâches répétitives et
abrutissantes.
Paradoxalement, plus le travail est rationalisé (le taylorisme est la théorie de cette
rationalisation, le fordisme est la mise en pratique de cette théorie), plus il empêche le travailleur de
développer sa raison.
Ajoutons que les masses de travailleurs mobilisables sont ahurissantes : la machine
ne demande que le geste manuel le plus simple, le plus monotone, le plus vite appris, elle rend superflue la
force musculaire, elle permet d'employer des ouvriers sans grande force musculaire.
Forts ou faibles, tous ces travailleurs vivent sous le joug de la machine puisqu’ils doivent suivre la cadence
imposée par celle-ci.
"Dans la manufacture et le métier, l'ouvrier se sert de son outil ; dans la fabrique il sert
la machine.
Là le mouvement de l'instrument de travail part de lui ; ici il ne fait que le suivre.
Dans la
manufacture les ouvriers forment autant de membres d'un mécanisme vivant.
Dans la fabrique ils sont
incorporés à un mécanisme mort qui existe indépendamment d'eux.
» écrit Marx dans Le Capital.
Assujetti à
la machine, il devient progressivement et insensiblement un rouage de la machine.
Il lui est d’autant plus
soumis qu’il n’a pas conscience du dispositif et de ses subtilités techniques : les machines sont produites par
un savoir technologique largement inaccessible aux ouvriers, non parce qu’ils n’ont pas les aptitudes
intellectuelles de les comprendre mais bien parce qu’ils sont privés des opportunités de les penser et
comprendre.
L’ouvrier en aurait-il conscience, il est si accablé par les exigences de la technique qu’il n’a pas
la force de se rebeller.
En cela, on peut dire que la technique est la meilleure des polices, pour contrefaire
une formule célèbre de Nietzsche.
LA DIVISION DU TRAVAIL
Corrélative à la mécanisation des tâches, la division du travail empêche l’être humain de disposer d’une
vision globale du procès de production.
Il ne se représente plus ni le but de son activité ni les liaisons des
différents moments qui le constituent.
Par suite, le morcellement des opérations lui interdit de se reconnaître
dans le produit fini; la segmentation du processus suscite également des passions négatives comme la
jalousie, l’envie qui peuvent être des ferments de démotivation pour les producteurs et de délitement du
corps social.
Sur ce point plus précis des rapports sociaux, notons que les travailleurs produisent côte à côte mais ne
collaborent pas au sens où ils sont privés des opportunités de communiquer pour se réapproprier le
processus de production afin de revoir les cadences, l’organisation de l’usine, les modes de gouvernances
au sein de celle-ci, la distribution des richesses créées.
S’il y a un caractère collectif du travail (ou le travail
comme « coopération »), il apparaît aux travailleurs comme une réalité indépendante qui obéit à son rythme
propre et à laquelle ils doivent se soumettre.
« A mesure que le machinisme et la division du travail
s'accroissent, la somme de labeur augmente, soit par la prolongation de la durée du travail, soit par
l'augmentation du travail exigé dans un temps donné, par le mouvement accéléré des machines, etc.
» écrit
Marx dans Le Manifeste du Parti communiste.
LE TRAVAIL EXPLOITE
Marx soutient que mécanisation et division du travail ont, dans une économie capitaliste, pour but d’enrichir
les détenteurs des moyens de production, à savoir les capitalistes.
En plus d’être mécanisé et divisé, le
travail est exploité.
Les prolétaires, détenteurs d’une force de travail, « une énergie physique et nerveuse »
pour reprendre Marx, vendent cette force en échange d’un salaire qui doit permettre de reconstituer cette
force et être le plus bas possible pour maximiser la plus-value (relative et absolue) des capitalistes : « le but,
hautement avoué, c'est le profit » dit Marx dans Le Manifeste du Parti communiste.
LE TRAVAIL ALIENE
Le travail exploité est aliéné au sens où le travailleur est dépossédé des richesses qu’ils a créées; celles-ci
passent dans les mains de l’autre classe, celle des possédants; voilà pourquoi Marx note dans ses
Manuscrits de 1844 que « le travail dans lequel l’homme s’aliène, est un travail de sacrifice de soi, de
mortification.
Le caractère extérieur à l’ouvrier du travail apparaît dans le fait qu’il n’est pas son bien propre,
mais celui d’un autre, qu’il ne lui appartient pas, que dans le travail l’ouvrier ne s’appartient pas lui-même,
mais appartient à un autre.
» Ainsi, les prolétaires cèdent aux propriétaires des moyens de production le fruit
de leur travail.
Ce faisant, ils enrichissent et renforcent le pouvoir de leurs exploiteurs.
Marx fait également remarquer que les capitalistes exercent un chantage au chômage à l’encontre des
travailleurs : les récalcitrants se verront rejoindre les rangs des chômeurs s’ils refusent les offres de salaires
les plus basses possible faites par les détenteurs des moyens de production.
Raison pour laquelle, d’après
les penseurs marxistes, il est plus aisé de gouverner un pays dans lequel le taux de chômage est élevé.
Les
capitalistes y sont en position de force, ils choisissent leur main d’oeuvre et les montants des salaires,
l'ouvrier ne dispose donc pas librement de sa force de travail.
Dans une situation dite de « plein emploi », le
rapport de force s’inverse, c’est la main d’oeuvre qui choisit son employeur, discute du montant du salaire, et
pas l’inverse.
LE TRAVAIL SURVEILLE
Marx note également que ce pouvoir peut être exercé par des moyens plus sournois.
Détenteurs de leviers
politiques (L’Etat) et idéologiques (les médias) considérables, les capitalistes conditionnent les mentalités
des exploités au point de leur faire croire à la justice du système capitaliste.
Ainsi, les rapports de domination
se soustraient à la critique.
Mais si toutefois une prise de conscience s’amorce, que la critique point,
s’amplifie et aboutit à une résistance organisée de la part des exploités, Marx annonce dans....
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