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Le travail a-t-il une fonction sociale?

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« La République de Platon repose sur une stricte partition du travail qui doit non seulement être adapté aux facultés de l'individu, mais également répondre aux exigences de la Cité.

Il semble qu'il existe un double mouvement : le travail permet de répondre aux besoins des individus afin de maintenir en vie la communauté, et la communauté ne pourrait se passer de travailler afin de lier entre eux ses membres.

Si le travail possède une fonction sociale, n'estce que la métamorphose de la nécessité de coexister ? N'est-ce pas plutôt la distribution qui en est faite, que le travail lui-même, qui est le moteur tant des discordes que de l'entente au sein d'une communauté ? I. FONCTION(S) SOCIALE(S) DU TRAVAIL Travailler, ce n'est pas seulement modifier la Nature afin de répondre à ses besoins.

C'est avant tout humaniser la Nature, au sens où par la main de l'homme, il est possible d'en devenir « comme maître et possesseur ».

Cette humanisation n'est pas seulement individuelle, au sens où même l'artisan, dans la mesure où il commerce afin de vendre ses marchandises, introduit un échange avec un autre individu. * Le travail possède une fonction sociale au sens où il crée des échanges tant langagiers qu'économiques. De plus, à considérer cette fois la Cité idéale définie par Platon dans La République, l'artisan, pour reprendre l'exemple précédent, constitue un maillon de la chaîne de la Cité.

En effet, celui qui travaille le fer et celui qui travaille au gouvernement de la communauté lui sont tout autant indispensables.

Ce qui importe, c'est la juste partition des tâches, afin de maintenir une harmonie interne, au même titre que l'harmonie qui peut régner dans l'âme d'un individu. * Chaque homme qui travaille participe non seulement à l'humanisation de la Nature, mais également à la conservation de l'harmonie de la Cité, et ce à son échelle. Car l'homme ne modifie pas uniquement la Nature, mais opère par le travail une transformation de lui-même.

Car le travail rend les objets respectables dans la mesure où l'on y contemple de l'humain.

Si un seul et même homme parvient à réaliser les quatre étapes : projet, recherche de moyens, volonté effective, habileté et savoir faire, alors le travail forme tant l'esprit que le corps et l'homme peut tirer une réelle fierté de son travail en tant qu'il est intégralement sien. * II. Dans une société où chacun pourrait avoir accès à de telles conditions de travail, Marx souligne qu'il est un élément de cohésion et de développement de chacun. LE TRAVAIL SYNONYME DE DÉNATURATION DES RAPPORTS SOCIAUX * Car l'homme, à l'état de nature, ne travaille pas : Rousseau souligne que la nature lui prodigue ce dont il a besoin sans qu'il puisse avoir besoin de la modifier.

Avec le travail vient la propriété, le temps de la différenciation entre les hommes, qui ne sont plus capables de rapports sociaux transparents, mais qui se perçoivent par le prisme de l'avoir.

Travailler, ce n'est pas exclusivement échanger, mais également entrer en concurrence.

En ce sens, le travail pervertit les relations entre les hommes. * De plus, si Marx souligne que le travail, mené en les conditions idéales qu'il décrit, est porteur d'améliorations pour l'homme, la réalité de l'organisation capitaliste est tout autre.

En faisant du travailleur une simple force de travail, ce dernier devient esclave de son labeur.

C'est finalement l'exploitation d'une classe par une autre qui voit le jour.

Les prolétaires ne se définissent plus que par leur travail.

En ce sens, une telle organisation du travail ne peut mener qu'à l'établissement des rapports de force au sein de la société. Les analyses de Marx concernant la généralisation des échanges dans la société capitaliste, et l'emprise croissante des catégories marchandes sur la vie sociale, ont mis en évidence les mécanismes fondamentaux qui font que « les rapports entre les choses » tendent de plus en plus à régler, à dominer « les rapports entre les hommes ».

Ce phénomène, que Marx? analyse dans un passage célèbre intitulé « le caractère fétiche de la marchandise » (Le Capital, livre l) tient au fait que la production et l'échange, réglés par les finalités du profit capitaliste et non par la satisfaction harmonieuse des besoins fondamentaux de la société, sont perçus comme un monde étranger, extérieur à chaque travailleur, et exerçant sur lui une contrainte dont il ne peut comprendre la signification qu'en élucidant les conditions de son exploitation, c'est-àdire les rapports sociaux de production qui régissent toute l'activité sociale.

Mais le plus souvent, le monde des apparences, renforcé par le langage et les conditionnements idéologiques, occulte totalement le fonctionnement réel de l'exploitation capitaliste.

Le capital et l'argent semblent doués d'une vie propre, autonome.

L'argent « fait des petits » (il peut même « travailler ») tandis que le réinvestissement des profits vient grossir le capital qui, ainsi, semble s'accroître de lui-même.

Avec le salaire aux pièces ou au temps passé, le travailleur peut même avoir l'illusion que l'intégralité du travail fourni est rétribuée, puisqu'il touche. »

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