Le temps n'est-il qu'une succession d'instants ? (Pistes de réflexion seulement)
Extrait du document
«
éléments de réflexion
• Sans doute convient-il de s'interroger sur ce que l'on peut penser sous le terme « instant » et sous le terme « temps ».
• Sans doute convient-il aussi de distinguer selon que l'on « pense » le temps, le « conçoit », le « vit », etc.
citations
• Bachelard, L'intuition de l'instant (Gonthier) : « Pour M.
Roupnel, répétons-le, le Temps c'est l'instant et c'est l'instant présent qui a
toute la charge temporelle.
Le passé est aussi vide que l'avenir.
L'avenir est aussi mort que le passé.
L'instant ne tient pas une durée en
son sein ; il ne pousse pas une force dans un sens ou dans un autre.
Il n'a pas deux faces, il est entier et seul.
On en méditera l'essence
tant qu'on voudra, on ne trouvera pas en lui la racine d'une dualité suffisante et nécessaire pour penser une direction.
D'ailleurs quand on
veut bien, sous l'inspiration de M.
Roupnel, s'exercer à la méditation de l'Instant, on se rend compte que le présent ne passe pas, car on
ne quitte un instant que pour en retrouver un autre ; la conscience est conscience de l'instant » pp.
48-49.
« L'expérience immédiate du temps, ce n'est pas l'expérience si fugace, si difficile, si savante de la durée, mais bien l'expérience
nonchalante de l'instant, saisi toujours comme immobile.
»
• Bergson : « Qu'est-ce, pour moi, que le moment présent ? — Le propre du temps est de s'écouler ; le temps déjà écoulé est le passé,
et nous appelons présent l'instant où il s'écoule.
Mais il ne peut être question ici d'un instant mathématique.
Sans doute, il y a un présent
idéal, purement conçu, limite indivisible qui séparerait le passé de l'avenir.
Mais le présent réel, concret, vécu, celui dont je parle quand je
parle de ma perception présente celui-là occupe nécessairement une durée.
Où est donc située cette durée ? Est-ce en deçà, est-ce audelà du point mathématique que je détermine idéalement quand je pense à l'instant présent ? — Il est trop évident qu'elle est en deçà et
au-delà tout à la fois, et que ce que j'appelle « mon présent » empiète tout à la fois sur mon passé et sur mon avenir.
»
lectures
• Bergson, Durée et simultanéité (PUF) et Essai sur les données immédiates de la conscience (PUF).
• Texte de Bergson donné en Amérique du Sud, série B.
plan indicatif
1.
2.
3.
4.
—
—
—
Le présent comme instant(s).
Le présent comme durée (comme « passé » et comme « avenir »?).
a) Le temps comme succession d'instants.
b) N'est-il que cela ?
Mise à jour des différents modes d'appréhensions du temps (et, corrélativement, des différentes conceptions de temps possibles).
Expérience immédiate.
Expérience médiate (et construite ?).
Conceptualisation du temps.
Bergson: La durée
1.
La durée
Selon Bergson, la durée est la réalité même : c'est-à-dire la durée pensée et concrètement vécue, le
temps de la conscience intime, et non la durée mesurée comme une distance d'un point à un autre.
Afin
de saisir cette durée, le philosophe doit se réconcilier avec ce qu'il vit concrètement et faire prévaloir la
perception des choses sur leur conceptualisation.
2.
La conversion nécessaire
Comment appréhender cette durée qui semble toute intime ? Il convient d'opérer une conversion, de
nous défaire des habitudes de pensées qui réduisent le réel à une ombre de lui-même, en ne faisant que
le mesurer et le diviser par pur intérêt.
Si nous n'avons de la durée que cette perception réduite, cela
signifie que, pour nous, la durée est d'abord ce qui nous sépare de quelque chose ou, si l'on veut, un
moyen terme entre un début et une fin.
Ce moyen terme n'est donc pas perçu pour lui-même, mais en
vue d'autre chose, et la réduction de la durée à de l'espace signale d'abord une conception utilitaire du
monde, bien loin du désintéressement qui devrait être celui du philosophe.
Si nous voulons saisir ou
contempler la durée en son absoluité, ou du moins nous en rapprocher, il nous faut nous défaire de notre
obsession pour l'action.
Bachelard: La critique de la durée et la question de l'instant
La vie ne peut se définir comme la contemplation passive d'un flux qui s'écoulerait le long d'un canal, celui-ci représentant le temps
objectif avec ses trois dimensions immuables et successives : le passé, le présent et le futur.
La vie ne s'écoule pas suivant l'axe du
temps, elle s'impose à lui en lui donnant forme, et c'est toujours dans l'instant présent qu'elle prend conscience d'elle-même.
L'expérience immédiate du temps n'est pas celle de la durée (qui requiert, pour être perçue, une certaine intériorité mystique), mais celle
du maintenant.
Nos souvenirs sont ceux d'instants, et non d'une durée continue et indécomposable.
La conscience de la durée est une
conscience de l'attente, mais pas l'attention elle-même, volonté de l'intelligence où toute l'intensité se donne dans l'instant.
L'attention
est une reprise de l'intelligence sur elle-même qui ne se répand pas dans la durée.
Elle est un pouvoir de commencement absolu où l'esprit vit une renaissance, alors qu'il tend à s'assoupir dans la durée.
Si la paresse est durable, l'acte de l'esprit est instantané.
L'essence de
l'esprit n'est pas la durée, mais l'attention et la volonté de l'instant.
Le temps se dévoile à nous dans l'instant immobile 'et brillant, où la
vie apparaît dans l'intégralité de ses forces concentrées sur le moment même.
Nous saisissons la durée comme une série d'instants qui
marquent les progrès de notre vie intime.
On peut reprocher à Bergson, dans sa tentative de distinguer la spécificité du temps, de l'avoir
du même coup déréalisé ou désubstantialisé, en refusant à l'instant une quelconque consistance pour n'en faire qu'un simple passage
transitoire qui ne connaît jamais d'arrêt..
»
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