Le temps libre est-il le temps de notre liberté ?
Extrait du document
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Introduction
L'Antiquité faisait l'éloge du loisir qui est l'otium, état de paix correspondant au dégagement des soucis inhérents
aux activités professionnelles et à l'absence de contrainte temporelle.
Pour Aristote, par exemple, cet état
d'exemption du travail est nécessaire à l'homme se livrant à la réflexion philosophique et aux exigences éthiques.
L'otium n'est donc pas le temps du désoeuvrement, mais celui du développement intellectuel et moral de l'homme.
L'oisiveté, en revanche, qui se réduit à « ne rien faire » a été généralement condamnée (l'oisiveté, dit-on, est «
mère de tous les vices », tandis que le travail serait source de moralité) depuis le Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle
(songeons à la critique portée contre elle par saint Thomas d'Aquin, par Th.
More dans son Utopie, ou par Voltaire
qui écrit : « Il vaut mieux mourir que de traîner dans l'oisiveté une vieillesse insipide.
Travailler, c'est vivre.
»).
Il
faut ainsi attendre P.
Lafargue qui réhabilitera le loisir oisiveté dans son Droit à la paresse (1882).
On assiste aujourd'hui à une défense et à un développement du loisir ou plutôt des loisirs, lesquels englobent toutes
les activités ou la non-activité du « temps libre », c'est-à-dire du temps dégagé des activités professionnelles.
Nous
pouvons toutefois nous demander si ce « temps libre » est bien le temps de notre liberté.
[Le temps libre, c'est celui pendant lequel nous échappons à nos obligations professionnelles ou sociales.
C'est à juste titre qu'on le qualifie de libre, car c'est le moment où nous pouvons faire ce que nous
voulons.]
Le temps libre vient après le travail
Même si je suis un travailleur indépendant, je dois faire des choses que je n'ai pas choisies mais qui me sont dictées
par les impératifs du travail: délais à respecter, clients à satisfaire, profits à réaliser.
Ce n'est que lorsque je quitte
le bureau, le soir, que je suis libre: je peux rentrer tout de suite ou flâner en ville, regarder la télévision ou aller voir
des amis.
Le travail est une contrainte
Même si l'on aime son travail, il est rare qu'on puisse l'exercer avec une totale liberté.
L'architecte doit se plier aux
désirs de son commanditaire, le boulanger doit être au four tôt le matin, le cadre doit respecter la philosophie et les
objectifs de l'entreprise...
Il est donc faux de dire que le travail nous permet d'exercer notre liberté.
J'éprouve ma liberté pendant mes loisirs
I e seul moment où je suis vraiment libre, c'est celui où je peux choisir de faire des choses pour moi et non pour les
autres: lire, faire du sport, voyager, exercer une activité artistique, m'engager dans un club.
C'est donc pendant
mes loisirs que j'exerce vraiment ma liberté.
[La liberté humaine s'exerce à tout moment de la vie, pas seulement pendant le temps dit libre.
Le travail
nous permet de nous affranchir des contraintes matérielles, il est donc aussi une activité libératrice.]
Le travail est l'instrument de la liberté
On ne peut pas opposer le travail et le temps libre.
Ces deux activités comportent des moments de liberté et des
moments de servitude.
Dans la mesure où un travail est créatif, je peux aussi bien exprimer ma liberté à travers lui.
Par ailleurs, je peux, dans mon travail, être confronté à des choix et à des alternatives.
De nouveau, j'exercerai ma
liberté en choisissant..
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