Le temps est-il notre maître ?
Extrait du document
«
Discussion :
Le maître est celui qui guide, qui encadre, mais aussi celui qui domine.
Quel que soit le sens que l'on peut donner au
terme, on peut dire que le temps est une dimension incontournable pour l'homme.
Mais est-ce que l'homme peut
parvenir à connaître ce maître ?
Suggestion de plan :
I.
L'homme dans le temps
Le temps est le cadre spatio-temporel duquel il ne peut se défaire.
L'homme vit bel et bien dans le temps.
Kant
souligne que le temps est une dimension interne à notre perception.
« Le temps est donné a priori.
En lui seul est
possible toute réalité des phénomènes.
Ceux-ci peuvent bien disparaître tous ensemble, mais le temps lui-même
(comme condition générale de leur possibilité) ne peut être supprimé » Kant, Critique de la raison pure.
Le temps n'est pas un concept qui dérive de l'expérience.
Nous ne pourrions
en effet saisir la succession ou la simultanéité en tant que telles, si nous
n'avions au préalable la représentation du temps antérieure
à toute
expérience possible.
Le temps sert donc de fondement a priori à la perception
des phénomènes.
Il constitue le fondement transcendantal de toutes les
intuitions, tant externes qu'internes.
On ne peut considérer les phénomènes
en dehors d'un temps donné, mais il est en revanche possible de produire une
intuition du temps, abstraction faite des phénomènes qui s'y déroulent.
Le
temps est donc donné a priori, il est la condition de possibilité de l'expérience
des phénomènes qui peuvent disparaître sans que le temps lui-même soit
supprimé.
De cette intuition a priori du temps découlent des principes
universels et nécessaires : le temps n'a qu'une dimension ; des temps
différents
ne
peuvent être
que
successifs
et
non
simultanés
(alors
qu'inversement des espaces différents n'existent pas successivement mais
simultanément).
Il faut noter que si le temps dérivait de l'expérience, s'il était
une réalité empirique, ces principes ne seraient ni universels ni nécessaires.
De la même façon que l'espace, le temps n'est pas un concept, mais la forme
pure de l'intuition sensible : il est impossible de dériver d'un concept la proposition suivant laquelle des temps
différents sont nécessairement successifs.
Enfin l'intuition originaire du temps se donne comme illimitée : toute
détermination temporelle se donne comme une limitation au sein de cet infini.
Le temps n'est donc pas une réalité en
soi ou une chose objective.
C'est la condition subjective et transcendantale sous laquelle toutes nos intuitions
peuvent trouver place et s'ordonner les unes par rapport aux autres.
Nous avons l'intuition de nous-mêmes et de
notre propre état intérieur dans le temps.
Non lié aux phénomènes extérieurs, il ne relève pas d'une figure ou d'une
position déterminée : il opère le rapport de nos représentations.
Comme l'espace, il est la condition a priori et
formelle de toute phénoménalité, mais à la différence de l'espace qui ne regarde que la forme des objets externes, le
temps est ce en quoi nous intuitionnons tous les objets, tant internes qu'externes, de l'expérience.
Le temps est donc une dimension incontournable pour l'homme, dès qu'il y a mouvement, vie il y a déplacement dans
le temps.
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception : « Je ne suis pas dans l'espace et dans le temps, je ne
pense pas l'espace et le temps ; je suis à l'espace et au temps » Le fait d'être au temps, prouve que ce n'est pas
un choix pour l'homme, c'est une appartenance qui se fait d'office, et s'il y a dépendance alors il y a maîtrise d'un
élément sur l'autre, ici, le temps.
Lagneau, Célèbres leçons et fragments : «Le temps est la marque de mon
impuissance ».
En tant que donnée incontournable de l'expérience, le temps apparaît comme une force à laquelle nul
ne peut se soustraire, en ce sens elle peut être considérée comme nous asservissant à son empire.
II.
L'homme subordonné au temps
Mais si l'homme vit dans le temps, il a bien du mal à le saisir.
Cette maîtrise lui est difficile autant au niveau subjectif
que physique.
Le temps lui échappe physiquement dans la mesure où chacun de ses actes sont inscrits dans un
rapport temporel et spatial.
Saint-Augustin, conscient que le pouvoir de maîtriser physiquement le temps nous est interdit, a tenté du moins de.
»
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