Le temps est-il notre ennnemi
Publié le 25/12/2022
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«
DISSERTATION DE PHILOSOPHIE
SUJET : Le temps est-il notre ennemi ?
Nous faisons tous l’expérience du temps.
Celui-ci, indissociable de
chacune nos expériences est l’univers dans lequel s’inscrit l’existence
humaine.
Nonobstant l’expérience que nous pouvons en faire quotidiennement, il
en faut beaucoup pour le définir, le cerner.
Comme nous le verrons, le
temps est l'objet de nombreux paradoxes.
Dans Les Confessions, Saint-Augustin se pose la question « Qu’est-ce
donc que le temps ? » et réplique : « Si personne ne me le demande, je le
sais ; mais si on me demande de l’expliquer, je ne le sais plus.
» Doit-on
alors se contenter, comme Pascal, de dire qu'il suffit que tout le monde
sache de quoi on parle quand on emploie le mot « temps » ?
En ce qui concerne les ennemis, nous n’aimons pas nos ennemis et
nous essayons d’échapper à leur pouvoir.
Au contraire, les alliés sont
accueillis avec gratitude.
Ils nous aident et contribuent à nos projets et
actions.
Ces
deux fonctions étant contradictoires, il nous
semble
naïvement qu’une même chose ne puisse en être deux à la fois.
Le nœud
du problème, cependant, est précisément l'ambiguïté de notre expérience
du temps.
Quel est donc la place du temps dans l’existence humaine ?
Simple ennemi ou opportunité, condition de notre liberté et occasion de
déployer les nobles ressources de notre humanité ? D'où vient cette
ambiguïté ? Cela dépend-il de la nature du temps ou cela dépend-il de la
façon dont nous nous y projetons ?
Dans un premier temps, nous étudierons ce mouvement implacable du
temps en nous penchant sur la fuite du temps et son irréversibilité.
Dans
un deuxième temps, nous verrons par ailleurs que le temps structure
notre existence, qu’il fait que rien ne demeure identique à soi, tout
devient et nous questionnerons aussi l’idée d’une temporalité absolue.
Enfin, dans un troisième temps, nous tacherons d’élucider le paradoxe
selon le lequel le temps est une étoffe de notre existence.
Nous pourrons
alors analyser le temps selon Bergson ainsi que la réalité du temps lui1
même.
*
*
*
Le point de départ de toute réflexion sur le temps, c’est l’idée
commune et banale du temps qui passe, l’idée du temps qui fuit, ce qui
fait de lui notre ennemi.
C’est bien de ce temps que nous parle Héraclite
au VIème siècle av.
J-C lorsqu’il nous dit : « Tout passe et rien ne
demeure.
» C’est en effet au mystère du temps qui passe et entraîne tout
avec lui, et par conséquent au sentiment profond d’impuissance face à la
métamorphose de toute chose que se heurtent les tout premiers
philosophes, dits Présocratiques.
Ce mystère « de la fuite du temps »
(André
Comte-Sponville,
Le
Goût
de
Vivre),
ce
mouvement,
ce
changement et ce passage du temps donnera sujet à de multiples
métaphores comme celle d’Héraclite : « Nous ne nous baignons jamais
deux fois dans le même fleuve… ».
On le voit donc, l’essence du temps,
c’est le passage, le temps ne s’arrête jamais.
C’est alors bien notre
ennemi, il nous échappe avant même qu’on puisse feindre l’attraper.
Pourtant, le temps qui s’arrête de passer n’est plus du temps mais ce qu’il
faudrait appeler l’éternité.
Ainsi, nous pouvons établir une définition du
temps ; c’est « le mouvement qui va de l’avenir au présent et du présent
au passé, mouvement transformateur, passage qui change, qui modifie le
Réel dans lequel nous évoluons.
» (André Comte-Sponville) Si bien donc
le passage du temps est parfois dramatique, voire tragique, c’est en
raison de son caractère essentiel, c’est-à-dire de son irréversibilité.
Comme
l’écrit
l’irréversibilité
Ferdinand
des
Alquié :
changements :
« Le
il
temps
est
le
se
manifeste
caractère
qu’ont
dans
les
changements d’être irréversibles.
» C’est aussi toute la différence entre
l’espace et le temps : je peux me déplacer d’un point A à un point B et
revenir de B à A, mais dans le temps, je ne peux pas revenir en arrière.
L’irréversibilité est l’essence même du temps et fait la tragédie des
tragédies.
Ce véritable ennemi peut être retrouvé dans Phèdre où le décès
d’Hyppolite étant irréversible mènera alors aussi à celui de Phèdre et
d’Œnone.
C’est ainsi que le temps se manifeste en tant qu’ennemi de
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l’homme dans son irréversibilité.
Le temps peut aussi être considéré comme un ennemi de l’homme
étant donné son impact sur notre existence.
« Le problème du temps est
le problème fondamental de l’existence.
» (Nicolas Berdiaev, Cinq
Méditations sur l’Existence).
De ce fait, réfléchir sur le temps, c’est en
conséquence réfléchir sur la condition humaine qui est au cœur de la
philosophie.
Dès lors, c’est bien parce que « je suis un être qui n’est pas
ce qu’il est mais qui a à être ce qu’il est », comme le dit Sartre, que le
temps importe tant.
Car c’est le temps qui nous permet de devenir ce que
nous sommes.
Sans le temps, il n’y a pas d’évolution, de transformation,
de changement ou de devenir.
Pour illustrer cela, nous pouvons prendre
comme exemple le récit de la création du livre de la Genèse.
Celle-ci fut
séparée en jours ce qui fut un moyen pour l’homme de séparer
l’évènement en périodes définies lui permettant alors de temporaliser
cette évolution.
C’est ainsi que nous aboutissons peut-être ici à une
deuxième manière de le définir : comme ce qui permet le devenir.
Le
devenir n’est pas possible sans le temps, sans le passage du temps, sans
vieillissement.
Il ne semble donc pas que l’homme puisse faire autrement que de vivre
dans le temps ; à tel point d’ailleurs que l’existence et la temporalité se
confondent.
Exister en effet, pour l’homme, c’est subir le temps,
infailliblement ;
c’est
faire
l’expérience
du
temps.
Comme
l’écrit
justement François Stern : « La temporalité est une des propriétés
importantes de l’existence » sans oublier que « Le temps accomplit […]
d’une certaine manière le travail de la mort.
» De ce fait, le temps est
considéré tel un de nos plus grands ennemis étant donné notre fatalité
qu’il nous rappelle constamment.
Poussé à l’extrême, une telle attitude à
l’égard de la mort peut nous rendre angoissé.
En effet, un rappel constant
du temps qui passe peut nous faire perdre intérêt à notre propre vie.
C’est pourquoi le temps est un sujet qui nous concerne tous, quels que
soient notre culture, notre religion, notre nationalité ou notre langue.
Nous sommes donc soumis au temps étant donné son vaste pouvoir qu’il
détient sur notre existence.
Comme l’écrit justement Jules Lagneau :
« L’étendue est la marque de ma puissance.
Le temps est la marque de
mon impuissance.
» (Cours sur la perception).
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Ainsi, le temps et l’existence semblent ne faire qu’un.
Si le temps par
son irréversibilité est bien l’ennemi de l’homme, c’est un ennemi
profondément imbriqué dans la nature même de celui-ci.
*
*
*
Mais il serait réducteur de voir le temps comme un simple ennemi de
l’homme, tant parce que cette perception d’ami ou d’ennemi est
profondément liée à l’évolution, à ce que le temps permet, que parce que
les sciences de la Terre nous enseignent que le temps est au-delà de
l’homme, un élément essentiel de la nature qui nous entoure.
Tout d’abord, le temps n’est pas considéré comme un ennemi étant
donné les modifications qu’il apporte au monde.
Comme le temps est
l’objet d’une perception, cela nous amène à examiner le rapport entre
temps et changement.
L’expérience du temps qui passe c’est l’expérience
d’un certain mouvement du temps, d’un certain passage du temps.
D’où
la question de savoir si le temps existe indépendamment de nous ; s’il est
une réalité absolue et indépendante du sujet pensant et percevant.
D’une
part, ce que nous percevons lorsque nous disons que le temps passe,
c’est un changement ou une série de changements, une modification de
l’espace environnement.
D’autre part, c’est seulement dans un monde
absolument stable, absolument immuable, c’est-à-dire un monde où il ne
se passerait absolument rien, qu’on pourrait dire que le temps est absent.
C’est bien ce que décrit Aristote dans la Physique : « …le temps n’existe
pas sans le changement ; en effet, quand nous ne subissons pas de
changements (dans notre pensée ou que nous ne les apercevons pas), il
ne nous semble pas qu’il se soit passé du temps.
» Dans cette
modification de ce qui nous entoure, le temps permet l’apport du nouveau
et la réalisation de nos actions.
C’est aussi à travers le temps que nous
grandissons en tant que personnes, que nous devenons capables
d’interagir avec le monde.
Sous ce nouvel aspect que nous venons
d’étudier, le temps est un ami car il permet une multitude de
modifications du monde sans lesquelles nous ne pouvons vivre.
Ainsi, le
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temps ne serait plus un temps que nous subissons implacablement, il ne
serait plus notre ennemi puisqu’il permettrait l’évolution du monde qui
nous entoure.
Après avoir étudié la relation entre le temps et la perception du temps,
on peut se demander si le temps n’existe pas indépendamment de notre
perception.
Parler d’un temps absolu, c’est parler d’un temps qui n’est
relatif à rien, alors que dans la question, on suggère que la temporalité
serait relative, reliée à l’homme puisque l’on se demande si le temps est
notre ennemi.
C’est l’idée avancée par Platon dans le Timée lorsqu’il
évoque la présence de Chronos à l’origine de toute la création.
S’il est vrai
que dans certains espaces naturels comme les déserts peuvent donner le
sentiment que le temps est absent, on peut dire néanmoins que la
temporalité....
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