Le temps est-il en nous ou hors de nous ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
TEMPS: Milieu indéfini et homogène, analogue à l'espace, dans lequel se déroulent les événements.
Temps objectif: Mouvement continu et irréversible (« flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé.
Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu'elle est vécue par le sujet (synonyme : durée).
La question de la temporalité (le temps) est posée ici dans son rapport avec l'intériorité et la subjectivité (en
nous) et l'extériorité et l'objectivité (hors de nous).
Plus largement, quel statut donner au temps, et, ce statut une
fois défini, quel rapport entretenons-nous avec le temps ?
Le temps, vu comme un espace-réceptacle.
Dans la vision de l'antiquité grecque, le temps est « imitation mobile de
l'éternité » (Platon, Timée).
Il est comme logé dans l'éternité (immobile).
L'homme lui-même, comme être corporel,
est logé dans le temps, mais en tant qu'âme, il participe aussi à l'éternité.
Le temps comme « forme du sens interne ».
Kant prend position contre Newton qui faisait du temps (et de l'espace)
un être réel, existant indépendamment de tout contenu.
Mais il prend également position contre Leibniz, qui fait du
temps quelque chose de purement relatif (le temps, pour Leibniz, est un simple ordre des successions).
Pour Kant, le
temps (comme l'espace) dépend uniquement de la forme de notre intuition, de la constitution subjective de notre
esprit.
1.
Pour Kant, la notion du temps n'est pas un concept qui dérive de l'expérience puisque l'expérience (interne)
suppose la représentation du temps.
2.
Tout se passe dans le temps, mais le temps lui-même ne passe pas : le temps est une donnée a priori.
Le temps
est une intuition pure (comme l'espace) et la condition de toute étude du devenir (les sciences comme la Mécanique
et la Physique reposent sur cette intuition a priori de l'espace).
Pour Kant, il n'est pas davantage possible de considérer l'espace et le
temps comme des réalités absolues.
Car je me heurterais alors à des
contradictions insolubles qui sont exposées dans la « Première
antinomie ».
Par exemple, supposons que le monde a un commencement
dans le temps et des limites dans l'espace.
Cette hypothèse paraît d'abord
raisonnable : par exemple, je ne puis, semble-t-il, admettre que le moment
actuel ait été précédé par une infinité d'instants et de phénomènes.
Si le
monde n'a pas eu de commencement, peut-on dire, la série des
phénomènes n'aboutira jamais au moment actuel.
Comme disaient les
scolastiques : « L'infini en arrière est impossible.
» D'autre part, si le
monde a eu un commencement, je ne puis m'empêcher de me demander :
et avant, que se passait-il ? De même, si l'espace a des limites, je me
poserai tout de même la question : et au-delà, n'existe-t-il pas quelque
chose ? A la réflexion, il apparaît aussi inconcevable que l'espace et le
temps soient finis et qu'ils soient infinis.
La thèse qui affirme les limites de
l'espace et du temps n'est pas plus soutenable que l'antithèse qui les
conteste.
Le seul moyen d'éviter ces difficultés est de cesser de
considérer l'espace et le temps comme des choses en soi.
L'espace et le
temps sont des cadres a priori de notre perception, des conditions
subjectives de ma représentation du monde.
Le fait que nous ne puissions
nous en abstraire, que nous ne puissions nous représenter quoi que ce
soit en dehors d'eux ne montre-t-il pas qu'ils font partie de nous-mêmes ?
L'espace a donc un caractère de nécessité puisque je ne peux rien connaître sans lui.
Il est universel, car les
constructions a priori de la géométrie sont valables universellement.
Le caractère essentiel du cadre spatiotemporel est donc idéalité transcendantale.
Idéalité, puisqu'il n'est qu'une forme subjective de ma perception,
idéalité transcendantale puisqu'il est une condition a priori universelle et nécessaire de toute connaissance
(transcendantal veut dire, condition a priori de toute connaissance).
Kant précise d'ailleurs que l'espace est la
forme du sens externe (nous percevons selon lui le monde extérieur à la fois selon la forme de l'espace et celle
de la succession temporelle) tandis que le temps est la forme du sens interne (je perçois ma vie intérieure
comme succession de moments et d'états).
Mais l'espace et le temps, à côté de leur caractère d'idéalité
transcendantale, présentent un aspect de réalité empirique.
Ce sont à la fois des formes de connaissance et des
données empiriques.
L'espace n'est pas un concept par exemple, car un concept est un symbole abstrait qui
résume après coup des réalités concrètes (le concept de « chien » symbolise les chiens existants).
Au contraire,
l'unité de l'espace est une donnée première, antérieure à toute composition, objet d'une pure intuition.
Ce sont
au contraire les parties de l'espace qui sont obtenues après coup par division.
Et ces parties ne sont pas
dissemblables entre elles comme le sont les individus que réunit un concept.
Au contraire, elles sont homogènes.
L'espace est donc selon Kant une intuition pure de ma sensibilité et non un concept abstrait construit par
l'entendement.
Au demeurant, les propriétés de l'espace kantien (homogène, à trois dimensions) sont celles de
l'espace euclidien et de l'espace newtonien.
Kant n'a fait que transporter dans l'esprit de l'homme l'espace et le
temps absolus de Newton.
Le « sensorium dei » est devenu un « sensorium hominis »..
»
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