Le système leibnizien
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a) Lorsque naît à Leipzig, en 1646, le philosophe de l'harmonie préétablie et du meilleur des mondes possibles, la guerre de Trente Ans n'est pas finie et l'Allemagne se trouve dans une situation désastreuse dont les ravages de nos guerres modernes eux-mêmes ne peuvent nous donner aucune idée. La misère effroyable, les maladies ont fait tomber la population de ce pays de 15 à 5 millions d'habitants. Il n'y a presque plus d'animaux de ferme. La famine règne. b) Leibniz, il est vrai, est élevé dans des conditions privilégiées. Fils d'un professeur de droit de l'Université de Leipzig, il reçoit une excellente éducation. A 12 ans il a le droit de séjourner dans la bibliothèque paternelle, il lit pêle-mêle anciens et modernes. De là date peut-être son goût très vif de l'éclectisme et de la réconciliation des auteurs les plus divers. c) A quinze ans Leibniz entre à l'Université de Leipzig, il y présente en mai 1663 un mémoire intitulé de Principio individui. Le problème de l'individualité l'a donc occupé dès sa prime jeunesse. d) Leibniz devait cependant mener une vie extrêmement active, occuper des charges importantes et faire' de nombreux voyages. Il sera conseiller à la Haute Cour de justice de l'électeur de Mayence ; à partir de 1672, chargé de diverses missions diplomatiques. En 1676, il fut nommé conservateur de la bibliothèque de Hanovre et conserva ce poste jusqu'à sa mort. Conseiller très écouté des ducs de Hanovre, Leibniz qui eut toujours un tempérament de diplomate et de conciliateur rêva d'unifier les Églises catholique et protestante, osa solliciter Louis XIV et Pierre le Grand pour l'édification d'un État européen.
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1.
VIE ET ŒUVRES.
a) Lorsque naît à Leipzig, en 1646, le philosophe de l'harmonie préétablie et du meilleur des mondes possibles, la
guerre de Trente Ans n'est pas finie et l'Allemagne se trouve dans une situation désastreuse dont les ravages de
nos guerres modernes eux-mêmes ne peuvent nous donner aucune idée.
La misère effroyable, les maladies ont fait
tomber la population de ce pays de 15 à 5 millions d'habitants.
Il n'y a presque plus d'animaux de ferme.
La famine
règne.
b) Leibniz, il est vrai, est élevé dans des conditions privilégiées.
Fils d'un professeur de droit de l'Université de
Leipzig, il reçoit une excellente éducation.
A 12 ans il a le droit de séjourner dans la bibliothèque paternelle, il lit
pêle-mêle anciens et modernes.
De là date peut-être son goût très vif de l'éclectisme et de la réconciliation des
auteurs les plus divers.
c) A quinze ans Leibniz entre à l'Université de Leipzig, il y présente en mai 1663 un mémoire intitulé de Principio
individui.
Le problème de l'individualité l'a donc occupé dès sa prime jeunesse.
d) Leibniz devait cependant mener une vie extrêmement active, occuper des charges importantes et faire' de
nombreux voyages.
Il sera conseiller à la Haute Cour de justice de l'électeur de Mayence ; à partir de 1672, chargé
de diverses missions diplomatiques.
En 1676, il fut nommé conservateur de la bibliothèque de Hanovre et conserva
ce poste jusqu'à sa mort.
Conseiller très écouté des ducs de Hanovre, Leibniz qui eut toujours un tempérament de
diplomate et de conciliateur rêva d'unifier les Églises catholique et protestante, osa solliciter Louis XIV et Pierre le
Grand pour l'édification d'un État européen.
e) Homme d'action, Leibniz est en même temps un grand intellectuel, aussi doué pour les sciences que pour les
lettres.
Il fonda l'Académie de Berlin, fut en relation avec tous les savants européens.
Lui-même découvrit en 1676,
en même temps que Newton le calcul infinitésimal, proposa en physique la théorie de la force vive.
Cela ne
l'empêchait pas d'être préoccupé d'occultisme : il occupa de hautes fonctions dans la société secrète des RoseCroix.
f) Leibniz a écrit deux grands traités en langue française : Les Nouveaux Essais sur l'Entendement Humain, où il
s'efforce de réfuter l'empirisme de Locke, et la Théodicée : dans le procès intenté au Créateur à partir du problème
du mal, il se fait l'avocat de Dieu et tente de montrer que le monde ne pouvait être meilleur qu'il n'est.
Pour trouver
un exposé d'ensemble du système de Leibniz, on se reportera au Discours de Métaphysique et à un exposé très
condensé de son système, son oeuvre la plus célèbre, écrite en 1714 à la demande du Prince Eugène de Savoie, la
Monadologie.
g) Une des clés du système de Leibniz, est le désir de concilier les deux adversaires : Aristote et Descartes.
A
Descartes il emprunte l'idée du mécanisme rationnel, de l'explication mathématique de l'univers.
Toute sa vie Leibniz
rêva d'une combinatoire universelle, d'une sorte de calcul philosophique qui à partir de symboles élémentaires
rigoureusement définis, permettrait, par leurs combinaisons, de trouver toute vérité (comme toutes les fluctuations
d'une courbe sont exprimées par une formule unique, la dérivée).
Cependant, Leibniz ne veut pas renoncer pour
expliquer le monde à l'idée aristotélicienne de finalité.
Il va réintégrer dans sa vision du monde les notions de force,
de dynamisme, d'individualité.
h) Il faut dire un mot de la correspondance de Leibniz qui est d'une grande richesse : Lettres à Arnauld, à des
Bosses, au newtonien Clarke (sur l'espace et le temps).
Malgré ses hautes amitiés, sa célébrité européenne, Leibniz
est très mal vu du clergé.
On voit dans son esprit de tolérance un manque de foi.
En chaire, les pasteurs le traitent
de mécréant.
L'homme de la réconciliation universelle mourra seul en 1716.
Personne ( à l'exception de son
secrétaire), n'ira à son enterrement.
2.
LA THÉORIE DE LA CONNAISSANCE.
a) A certains égards, la théorie leibnizienne est un panlogisme.
Le principe de contradiction suffit à rendre compte
de toutes les propriétés d'une essence.
C'est ainsi qu'on peut déduire, par la seule force de la logique, toutes les
propriétés de la sphère, du triangle, à partir de leur définition initiale.
b) Cependant Leibniz n'est pas spinoziste.
Pour Leibniz tout ce qui n'est pas contradictoire, est possible, mais tout
ce qui est possible n'est pas réel.
Pour expliquer l'existence réelle des choses, les réalités individuelles et concrètes,
il faut ajouter le principe de raison suffisante.
Dieu, pour porter les choses à l'existence n'obéit pas seulement à des
lois logiques mais aussi à des considérations morales.
Avec le principe du meilleur, Leibniz réintroduit la finalité dans
l'explication du monde.
Éclairons ceci sur un exemple.
Prenons l'essence, la notion de Jules César.
On ne saurait, par
les seules lois logiques déduire de cette essence tous les événements de la vie de César : le franchissement du
Rubicon, la victoire de Pharsale, etc.
Bref, un César qui n'aurait pas franchi le Rubicon reste logiquement possible.
Cependant le César qui a réellement existé a franchi le Rubicon.
Dieu, pour créer ce César-là, avait des raisons
suffisantes, tirées du principe du meilleur.
Le monde est, tout compte fait, plus beau avec ce César-là qu'il l'eût été
avec un autre.
c) Aux deux principes fondamentaux, principe de contradiction, principe de raison suffisante, il faut en ajouter deux
autres.
Leibniz inventeur du calcul infinitésimal, usager du microscope, est très sensible aux variations continues.
Natura non facit saltus.
La nature ne fait pas de saut.
Il n'y a pas plus de vide dans la hiérarchie des êtres qu'il n'y
en a dans l'espace.
Tous les degrés de perfection se rencontrent dans la hiérarchie des créatures.
Tel est le
principe de continuité.
Le principe des Indiscernables est lié au principe de raison suffisante : Il n'y a pas dans toute
la nature deux êtres identiques.
Car s'il y en avait, pourquoi Dieu aurait-il placé l'un ou l'autre ici plutôt que là ?
d) Les principes de la connaissance sont innés dans notre esprit, mais virtuellement.
Dans les Nouveaux Essais
Leibniz rejette la théorie empiriste selon laquelle l'expérience sensible serait la source de toutes nos idées (l'esprit
n'est pas une tabula rasa).
Cependant l'expérience fournit à notre esprit l'occasion de prendre conscience des
principes qui sont en lui.
Il ne faut point « s'imaginer qu'on puisse lire dans l'âme ces éternelles lois de la raison à.
»
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