LE SUJET PEUT-IL SE DELIVRER PAR LUI-MEME DES APPARENCES ?
Extrait du document
?
Sujet
Synonyme de substance ; être réel qui sert de support aux attributs.
• Le sujet désigne, en logique, le terme au sujet duquel on affirme ou on nie quelque chose.
• « Le sujet, c'est ce dont tout le reste s'affirme et qui n'est plus lui-même affirmé d'une autre chose » (Aristote).
• La philosophie définit par sujet l'esprit connaissant par opposition à l'objet connu.
• C'est à partir du cogito, c'est-à-dire du sujet réfléchissant sur son propre acte de pensée, que Descartes fonde la connaissance.
«
Intro: Quels sont les voies possibles d'une connaissance autonome?
Tout passe par la question de l'évidence.
Peut-on fonder l'évidence de manière autonome? Peut-on accepter les
évidences comme vérité autrement que par un acte de foi?
Å La raison au secours de l'évidence
Descartes prend en main ce problème.
L'enjeu en est la constitution d'un connaissance autonome.
Lisons un extrait de
son célèbre Discours de la Méthode.
a) Nécessité et difficulté de la métaphysique
Je ne sais si je dois vous entretenir des premières méditations que j'y ai faites;
car elles sont si métaphysiques et si peu communes, qu'elles ne seront peut-être pas au
goût de tout le monde.
Et, toutefois, afin que qu'on puisse juger si les fondements que j'ai
pris sont assez fermes, je me trouve en quelque façon contraint d'en parler.
Le « Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité des sciences » est le préface à un
traité scientifique en trois volets: la dioptrique (où sont données les fameuses lois de Descartes), les météores (où il tente
d'expliquer les phénomènes du ciel) et enfin la géométrie (où il développe l'idée d'une géométrie analytique).
« Je ne sais si je dois vous entretenir des premières méditations que j'y ai faites; car elles sont si métaphysiques et
si peu communes, qu'elles ne seront peut-être pas au goût de tout le monde.
» En effet, pourquoi s'embarrasser de questions
aussi abstraites que celle de « l'Etre en tant qu'être » (Aristote).
Au 17e s.
comme aujourd'hui, les questions fondamentales ne
sont pas « au goût de tout le monde ».
Tout d'abord, elles ne sont pas populaires: futilités (car inutiles, elles n'apportent pas à manger), orgueilleuses (car non
accessible à la foule) de l'intellectuel.
Une telle abstraction est sans valeur pour qui délimite sa vie par la réponse au besoin
biologique et au plaisir physique.
A quoi bon ces questions qui ne donnent pas de pain? Rappelons que le « Discours » est écrit
en langue vulgaire, c'est à dire en français.
Il est destiné à un large public, non latiniste.[1]
De plus, elles reçoivent aussi des critiques savantes.
Ce qui est principalement attaqué, c'est la validité scientifique de
l'abstraction.
C'est un débat très ancien qui reproche à la métaphysique de manipuler des concepts qui ne désignent aucune
réalité.
L'argument central est le suivant: un concept abstrait désigne une classe d'objets individuels.
Seuls les objets individuels
sont réels, la classe n'étant qu'un produit de l'esprit, un regroupement arbitraire.
On connaît la remarque d'Aristène (élève de
Socrate) « Platon, je vois bien un cheval, mais je ne vois pas la chevalinité ».
Cette position est appelée le
nominalisme.[2] Les idées générales ne seraient que des mots et non des réalités.
Seules les choses empiriques et individuelles
auraient une réalité.
D'où l'absurdité à étudier une généralité aussi abstraite que l'être.
On ne peut que si perdre en bavardage et
en querelles de mots.[3]
Descartes n'entreprend pas de polémiques.
Il engage son lecteur à le suivre et à constater comme lui que son sujet est
réalisable.
En effet, rien ne justifie absolument le nominalisme.
Qu'est-ce qui nous permet de nous détacher de l'expérience empirique des choses singulières?
b) la méthode du doute
J'avais dès longtemps remarqué que, pour les moeurs, il est besoin quelquefois de suivre
des opinions qu'on sait être fort incertaines, tout de même que si elles étaient
indubitables, ainsi qu'il a été dit ci-dessus; mais pour ce qu'alors je désirais vaquer
seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu'il fallait que je fisse tout le contraire, et
que je rejetassse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre
doute, afin de voir s'il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance qui fût
entièrement indubitable.
Ce qui nous pousse à rechercher un fondement pour la connaissance, c'est le doute.
Si nous ne doutions pas, la question
d'une science fondée ne se poserait pas.
Descartes va donc pratiquer un doute à l'égard de toute connaissance, à la recherche de quelque chose qui résisterait à
un tel doute: une connaissance « indubitable ».
Il prend donc au départ le même chemin que les sceptiques, mais il précise son
attitude: « Non que j'imitasse pour cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter et affectent d'être toujours
irrésolus, car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'à m'assurer et à rejeter la terre mouvante et le sable pour
trouver le roc ou l'argile.
» (discours de la méthode, 3ème partie)
Pour le distinguer du doute systématique des sceptiques, on dit que Descartes pratique un doute méthodique.[4]
Appliquons cette méthode: qu'est-ce qui est douteux?.
»
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