Le silence a t il un sens ?
Publié le 13/01/2023
Extrait du document
«
Le silence a t il un sens ?
Amorce :
En musique, les silences incarnent ces espaces durant lesquels les instruments, les voix
cessent leur mélodie.
Si on peut d’abord penser que ces silences n’ont pas vraiment de sens, exclus
de la musique elle-même, on se rend pourtant compte que sans eux, c’est la musique qui n’aurait
pas de sens.
C’est pourquoi on peut aussi affirmer que la vraie musique se trouve entre les notes et
qu’il arrive, mystérieusement, qu’une mélodie demeure une fois qu’elle s’est tue : « Ô privilège du
génie, dit Guitry, quand on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est
encore de lui.
»
Le Silence (silere = se taire) est au sens originel le fait de ne pas parler, de s’en abstenir.
Il se
définit plus largement comme absence de bruit.
Ainsi le théorique silence absolu incarne l’absence
de tout son audible.
Dès lors on peut considérer que le silence naît et vit là où le langage s’achève,
là où il n’est pas.
C’est pourquoi, à première vue insignifiant, le silence semble généralement fui par l’homme,
qui, dans son exigence de communication (et donc d’interlocution) donne l’impression de parler
précisément parce qu’il refuse, ne tolère pas ce silence.
Cela reviendrait alors à dire le silence n’a
pas de sens par définition, tant ce sens semble plutôt être l’apanage des énoncés, des mots…
Mais il convient déjà de définir ce qu’on entend par « sens ».
En effet si on peut ici comprendre « le
sens du silence » par sa raison d’être, sa finalité ou ce qui justifie que le silence existe, le « sens »
désigne avant toute chose la signification, élément fondateur de la philosophie du langage, qui
l’étudie.
C’est alors l’idée associée au silence, la représentation à laquelle il nous renvoie.
Par ailleurs, il arrive de parler d’un silence lourd de sens, expression qui paraît
immédiatement paradoxale.
Tout comme dans le cas d’une mélodie, le silence pourrait parfois
contenir un sens, c’est à dire que sous derrière lui, il y aurait un discours parallèle, contracté, qui
aurait une signification, et qui donnerait sens au silence.
Par exemple, on voit très bien qu’une
minute de silence peut avoir un sens par l’hommage qu’elle rend, là où les mots ne sont parfois pas
suffisants.
Mais puisque le sens est, on l’a dit, une propriété des lois syntaxiques et sémantiques
associant des signes, le silence semble n’avoir aucune place dans son élaboration.
Cette perspective contradictoire nous amène à envisager un postulat intéressant : si on prend
le silence comme signe, il devient dès lors également signifiant… Mais de quoi ? Nous renvoie-t-il
à son propre vide apparent, à rien, ou au contraire véhicule-t-il une réalité autre que celle d’une
langue où il n’a pas sa place ?
Voyons ainsi ce qu’il advient à tous les niveaux de sens quand on dit qu’un ange passe,
qu'un silence pesant s'est soudain établi au milieu d'une conversation animée.
Pbtque : Ici, tout l’enjeu résidera dans l’espace entre Être et Néant, c’est à dire qu’on se demandera
ici comment quelque chose qui par définition est absence, Néant de signe, pourrait produire
de l’Être, à savoir une idée intelligible pour celui qui chercherait un sens à ce silence.
Annonce plan :
I-Le silence ne peut pas avoir de sens : absence de signe, il est donc en dehors du langage de la
pensée
II-Le silence peut produire du sens et combler un discours articulé qui ne permet pas de tout dire
III-Le silence
Passer sous silence = éluder de parler d’un sujet.
Majorité silencieuse.
Euripide, le silence est un aveu.
Nietzsche Il est difficile de vivre avec des humains parce qu’il est difficile de se taire.
Sartre : Chaque parole a une conséquence, chaque silence aussi.
« C’est du silence que sont extraits les mots, écrit Henry Miller, et c’est au silence qu’ils retournent
si on en fait bon usage.
» Contre la tentation de remplir le vide, l’exercice musical de la philosophie
consiste, en d’autres termes, à garder le silence, c’est-à-dire à justifier le monde sans lui chercher
un sens
I-Le silence ne peut pas avoir de sens : il est absence de signe, donc en dehors du langage de la
pensée
a) C’est par la parole qui produit du sens
Prenons la notion de logos, c’est à dire de parole, et la raison au sens où elle est « discours
intérieur ».
On peut se demander justement quelle place occupe le silence en son sein.
Hegel nous dit par exemple qu’il n’y a pas de « vouloir dire » qui soit indépendant de la parole,
même la parole intérieure ie logos.
C’est à dire qu’il n’y a pas de sens objectif sans parole.
Pour dire
une vérité à propos du monde, il faut donc avoir recours à des signes linguistiques.
On peut d’ailleurs l’expliquer par le fait que la nature d’animal politique et social de l’homme lui
vaut une construction de sens qui passe par le dialogue, par la confrontation de la parole,
confrontation rhétorique porteuse de sens nous dit Aristote.
De plus Saussure explique que c’est bien la valeur différentielle des signes linguistiques et
leur arrangement qui fait sens.
En dehors de celui-ci, il n’y a pas de sens possible.
Ce sont donc
parce que les mots incarnent singulièrement cette abstraction productrice d’idées, d’intelligibilité.
b) Silence = justement un outil pour supprimer le sens
Réduire au silence = priver sens, censure
Refuser à quelqu’un qu’il puisse utiliser le langage, c’est nier son humanité quelque part.
Cf punition avec l’exil, silence associé à solitude ...
Censure
c) L’humain ne conçoit pas le silence → principe même de silence = insensé pr l’homme
Le silence est insensé car il met l’homme face à ses propres contradictions « Le silence éternel de
ces espaces infinis m’effraie » Pascal, dans ce fragment 206 des Pensées, fait part d’un silence des
espaces cosmiques, qui rompt avec l’idée qu’on peut avoir d’un univers ordonné selon l’harmonie
musicale des sphères et impose une solitude tragique.
Tout à la fois, cet effroi à l’égard d’un silence
semble justifiée s’il met l’homme face à sa propre solitude.
En ce cas, le silence a-t-il vraiment un
sens ?
Hegel explique par ailleurs qu’essayer de ne penser à rien, de faire silence en soi nous mènerait vers
la folie
en accord avec la citation platonicienne « la pensée est un dialogue de l’âme avec elle-même »,
Transition : Parfois on ne parvient pas à signifier, même à l’aide des mots « le mot m’échappe » →
il n’y a pas de mot pour dire cela.
Signifie que dans tt discours, il y a une insuffisance propre au
langage articulé.
Peut-on le suppléer grâce au silence ?
II-Le silence peut produire du sens et combler un discours articulé qui ne permet pas de tout
dire
a) On peut signifier silencieusement
Tropismes Sarraute, silence
(Descartes muets + art avec MP) langages silencieux existe et est porteur de sens
❕ Parfois le sens que je veux produire n’est pas linguistique dit....
»
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