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Le sens que je donne à ma vie dépend-il de l'histoire ?

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« VOCABULAIRE: VIE: Du latin vita, «vie», «existence».

1.

Vie : en biologie, ensemble des phénomènes propres à tous les organismes (animaux et végétaux), parmi lesquels l'assimilation, la croissance et la reproduction.

2.

Durée s'écoulant de la naissance à la mort.

3.

Élan vital : chez Bergson, courant de vie qui se déploie à travers la matière en créant perpétuellement de nouvelles formes. HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). Qu'est-ce qui s'oppose ici ? "Ma vie" et l'histoire, en un mot l'individu dans ce qu'il a d'individuel et l'individu en tant qu'il fait partie d'une collectivité traversant des événements dits historiques.

Se distinguent donc la petite histoire (mon destin individuel) et la grande histoire (le destin des "peuples").

La question porte sur le croisement de ces deux types d'histoire, et sur leurs effets réciproques.

Qu'est-ce qui compte le plus pour moi : mon individualité ou mon appartenance collective ? Et puis-je volontairement, consciemment, diriger ma vie selon un sens historique ? N'est-ce pas ancrer la vie dans le passé, sans reconnaissance du présent ? La conscience d'une historicité du présent est-elle possible ? Quelle est l'importance du passé pour la conduite au présent ? Le devoir de mémoire, par exemple, ne constitue-t-il pas des devoirs dans la vie au présent ? La dépendance, effective, ou idéalisée, ne fait-il pas de ma vie un déterminisme, un fatalisme ? Quelle doit être la part de la liberté dans le sens que "je" donne à ma vie ? Est-ce l'histoire qui donne un sens, ou ce "je" ? [Il n'y aurait évidemment pas d'histoire sans hommes qui agissent en poursuivant des buts conscients. Ce qui veut dire que le sens de l'histoire et le sens de la vie individuelle sont liés à un point tel que de l'un dépend nécessairement l'autre.] L'engagement donne un sens à ma vie Ce sont les hommes qui font l'histoire.

Si cette histoire qu'ils écrivent par leurs actions individuelles n'avait pas de sens, leur existence serait absurde.

Si je veux que ma vie ait un sens, je dois postuler que l'histoire dans laquelle elle s'inscrit en a un.

Si l'on peut toujours mettre en question le sens découvert par une philosophie, il faut néanmoins reconnaître qu'il est impossible d'éluder la question du sens de l'histoire, sinon l'engagement humain perd toute signification. Il faut que l'histoire ait un sens Ce n'est que dans ce cas que les hommes désireront prendre en main leur propre histoire.

Penser que l'histoire a un sens et qu'elle peut être le lieu d'un progrès présente ce que Emmanuel Kant appellerait un «intérêt pratique»: il s'agit de refuser de voir notre propre histoire nous échapper, et d'oeuvrer en vue d'un état futur et meilleur de l'humanité. Ma vie est liée à l'histoire Aucun fait humain n'est par lui-même un fait historique, il ne le devient que si on lui attribue un sens. L'historien est un homme, et l'histoire qu'il écrit sera d'autant plus réelle qu'il sera lui-même plus véritablement un homme, incarné dans la vie de son temps, aux prises avec les grands problèmes qui sont ceux de son temps. [L'histoire universelle n'est que l'ensemble des destins d'individus libres qui décident eux-mêmes de leurs actions. Chaque acteur ne poursuit que son intérêt et par là donne un sens à sa vie sans se préoccuper de savoir si l'histoire en a un.]. »

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